De
la gestion de la santé et du bien-être des bovins laitiers
Il ne se
passe pas une semaine sans que les médias et les réseaux sociaux ne soulèvent
des problèmes de disponibilités ou de qualité des denrées alimentaire d’origine
animale. La pénurie de lait qui dure, les viandes de volailles et les viandes
rouges objet de saisies car impropres à la consommation et mettant en danger la
santé des consommateurs et l’abattage clandestin hors de tout contrôle de
qualité, en sont les exemples les plus connus par le grand public. Les
pathogènes qui infectent ces denrées alimentaires d’origine animale et qui sont
transmissibles à l’homme contribuent à alimenter l’inquiétude des
consommateurs.
Cette
inquiétude est amplement justifiée. Les aliments sont, en effet, une des
principales sources de contamination de l’homme et leurs qualités hygiénique,
sanitaire et nutritionnelle est une condition essentielle du maintien en bonne
santé de la population. Aussi, pour pouvoir produire des aliments d’origine
animale de haute qualité sanitaire et nutritionnelle (lait, viande, œufs et
autres …), il est essentiel de garder les animaux qui les produisent en bonne
santé et de préserver leur bien-être. Pour cela, Il faut tenir compte du fait
que toutes les maladies contagieuses du bétail sont le résultat de
l’interaction entre la capacité des défenses immunitaires de l’animal,
l’agressivité de l’agent pathogène qui l’infecte ou l’infeste et la qualité de
son environnement.
Ainsi, pour
ce qui concerne le lait dont la consommation est très importante, notamment par
les enfants et les personnes âgées, les affections comme les mammites des
vaches, des brebis et des chèvres laitières influent directement sur la
quantité de lait produite et sur la qualité de ce lait. Les agents pathogènes
infectieux peuvent contaminer le lait directement. Pour d’autres maladies, les
effets peuvent être moins directs ; par exemple, les animaux atteints d’une
maladie infectieuse grave comme la salmonellose, la tuberculose bovine ou la
diarrhée virale des bovins, courent le risque de développer une mammite
environnementale. De plus, outre la contamination par des agents infectieux,
toute maladie nécessitant un traitement médicamenteux accroît le risque de
contamination du lait et de la viande par des résidus de médicaments.
Pour
protéger les animaux, des programmes de prévention sont élaborés. A titre
d’exemple, les programmes préventifs des troupeaux laitiers comportent deux
volets importants : la vaccination et la biosécurité. Un bon programme de
vaccination augmente considérablement la couverture immunitaire de l’animal
vis-à-vis des maladies contre lesquelles il a été vacciné. Le programme de
biosécurité, quant à lui, réduit le risque d’introduction de maladies
contagieuses dans le troupeau ou de propagation des maladies si des animaux
sont déjà infectées. A titre d’exemple nous pouvons citer :
La mammite streptococcique qui se propage par contact avec du lait infecté,
habituellement au moment de la traite.
La diarrhée virale des bovins (DVB) qui se propage par contact direct avec
du bétail infecté ou avec leurs fluides biologiques.
Le virus de l’IBR, qui se propage par l’air ambiant ou par contact avec du
bétail infecté.
Escherichia coli, les rotavirus et les coronavirus, qui se propagent par
contact avec les déjections de bétail infecté.
La salmonellose, se propage par contact avec les déjections de bétail
infecté.
La leptospirose, se propage par contact avec le colostrum, le lait ou les
déjections de bétail infecté.
La sécurité, la santé et le bien-être des
animaux sont, de nos jours, des préoccupations majeures partout dans le monde. Certaines maladies peuvent compromettre la
santé des animaux, occasionner des pertes économiques importants aux éleveurs
et avoir des répercussions sur la santé humaine.
La
vaccination permet au système immunitaire de l’animal de réagir rapidement à
une infection déclenchée par des microbes spécifiques (virus et bactéries). La
réaction immunitaire plus rapide du bétail vacciné empêchera souvent la maladie
de se manifester et si la maladie se manifeste quand même, sa gravité serait
moindre. La vaccination dépend principalement de la réaction du système
immunitaire de l’animal et permet de réduire la propagation de microbes
pathogènes et donc la prévalence et l’incidence de la maladie mais son
efficacité dépend de la bonne conservation et du transport du vaccin ainsi que
de son administration.
Pour la
plupart des troupeaux bovins laitiers, il convient de prévoir la vaccination
des vaches reproductrices et des génisses contre les maladies virales comme
l’IBR dans le but de les protéger contre les avortements et les autres
problèmes d’infertilité attribuables à ces virus. Compte tenu des besoins
particuliers du troupeau et des maladies qui se manifestent dans la région, il
est recommandé de vacciner contre d’autres maladies telles que la
pasteurellose, la fièvre aphteuse, E. coli, le rotavirus, le
coronavirus, la mammite à coliformes, la leptospirose ou le charbon bactérien.
BIOSECURITE
La
vaccination ne protège le troupeau que contre une partie des microbes à
l’origine des maladies infectieuses du bétail laitier. Le bétail doit être
protégé contre les autres maladies infectieuses graves par un bon programme de
biosécurité qui permette de réduire le risque d’introduction de maladies
infectieuses dans le troupeau. La
pratique la plus efficace consiste à isoler complétement le troupeau. Au cas oû
de nouveaux animaux doivent être introduits dans le troupeau, il conviendrait
de s’assurer des antécédents médicaux de chaque animal qui sera introduit
(antécédents d’avortement ou d’infertilité, antécédents de vaccination, de
traitement, les tests de dépistage réalisés (tuberculose, brucellose, …). Les
jeunes de plus de six mois d’âge ou moins qui n’ont pas encore été vaccinés,
doivent l’être même si on doit les revacciner à l’âge de six mois.
Par
ailleurs, le bétail acheté peut être exposé à des maladies infectieuses durant
le transport. Afin de réduire ce risque, il convient de transporter le bétail
acheté dans des camions appartenant à la ferme ou s’assurer que les
transporteurs retenus aient, dès le départ, un camion ou une remorque propre et
limiter l’accès du personnel du transporteur au bétail de votre ferme. Les animaux
nouvellement acquis doivent être isolés à leur arrivée, mis en quarantaine,
vaccinés et soumis à des tests afin de prévenir l’introduction de maladies
inexistantes dans le troupeau. Des mesures d’hygiène appropriées lors de la
traite devront être prises pour prévenir la propagation possible de mammite streptococcique.
Les maladies
infectieuses du bétail ne sont pas toutes transmises par le bétail nouvellement
acquis et introduit dans le troupeau. Certaines de ces maladies peuvent être
transmises par d’autres animaux (notamment des insectes, des rongeurs et des
oiseaux) ou par des personnes et objets contaminés. Pour réduire ces risques il
est recommandé de : limiter l’accès
des personnes étrangères à l’étable, contrôler la circulation sur la ferme,
prévenir l’accès des autres animaux, la contamination des aliments du bétail
par les excréments animaux (entreposer les aliments composés dans des
conteneurs inaccessibles), et appliquer les mesures de lutte contre les
insectes.
La santé et le bien-être des animaux sont une
responsabilité collective. L'amélioration de la santé et du bien-être des
animaux concerne de nombreux partenaires unis dans le cadre de la concertation,
mais aussi de la prévention et de la détection des maladies animales. Cette amélioration
ne concerne pas uniquement les animaux d’élevage ; elle vise aussi les
animaux de compagnie et de loisirs. Les animaux sauvages ne doivent pas être
oubliés car leurs interactions avec les humains et avec les animaux domestiques
sont susceptibles d’affecter leur santé.
Une stratégie de
sécurité, de santé, et de bien-être des animaux devrait être élaborée et
reposer sur un cadre juridique adéquat, une meilleure compréhension de la santé
et du bien-être des animaux, une meilleure gestion de la prévention des
maladies animales, et des méthodes d’élevage qui ont pour objectif d’améliorer
de façon durable, la santé et le bien-être des animaux. En réduisant les possibilités d’infection et
leurs répercussions sur la santé de l’animal, on préserve sa productivité et la
qualité de ses productions tout en réduisant les frais médicamenteux.
Dr. Khaled El Hicheri
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