L’histoire du caducée, emblème
des corps de santé, remonte loin dans le temps. Il n’est pas une profession de
santé, qui n’arbore un caducée spécifique où se retrouvent : le bâton, le serpent et les ailes. Le caducée vétérinaire n’échappe pas à la règle.
Des caducées
spécifiques à chaque profession ont, au cours des temps, été arborés sur les
enseignes, les panneaux indicateurs, les véhicules des professionnels de santé,
les ordonnances, les papiers à en-tête, les enveloppes, les porte-clés et bien d’autres
objets liés aux activités professionnelles.
Il convient, toutefois
de signaler que le caducée est souvent confondu, à tort, avec l'emblème du corps médical, le bâton d'Asclépios ou bâton d'Esculape, avec la coupe d'Hygie des pharmaciens ou d'autres symboles médicaux ou paramédicaux dérivés
de ces derniers.
L’origine du
caducée se trouverait dans la mythologie grecque ou romaine, faite de légendes
et de fables qui expliqueraient l’origine du caducée comme étant
l'attribut de deux divinités : Hermès (Mercure) et Asclépios (Esculape). Il
existe donc deux légendes différentes et deux caducées différents :
Le caducée de Mercure
Dans la mythologie Grecque, Hermès (Mercure)
fils naturel de Zeus est le dieu du crépuscule, messager
des dieux, principalement de Zeus, donneur de la chance, inventeur des poids et
des mesures, gardien des routes et carrefours, dieu des voyageurs, des
commerçants et des orateurs. Symbole de l'activité il est aussi le dieu de
la pénombre et, par suite, des voleurs qui attendent l'obscurité pour accomplir
leurs mauvaises actions.
La légende
dit qu’un soir, il déroba à Apollon, son demi-frère, un magnifique troupeau de
cinquante génisses en prenant d'ingénieuses précautions pour dissimuler les
traces de son larcin. "Les sabots de devant étaient placés en arrière
et les sabots de derrière en avant, lui-même, comme les génisses, marchait à
reculons". Dévoilé, après l'intervention de Zeus, il donna à Apollon
pour rentrer en grâce, le secret de la lyre qu'il venait d'inventer en
tendant des cordes sous une carapace de tortue. Apollon, flatté dans son
amour propre de Dieu de l'Harmonie et de la Musique, pardonne et remet à
Mercure, pour sceller la paix, le caducée, baguette magique de la richesse et
de la félicité qui, d'après Homère, "lui sert, au gré de ses désirs, à
charmer les dieux et les hommes ou à réveiller ceux que le sommeil a
dompté". Le caducée devient ainsi le principal attribut de Mercure qui
l'utilisera désormais pour conduire les âmes aux enfers.
Le caducée
proviendrait lui-même du devin Tirésias. Celui-ci rendu aveugle par Athéna
(Minerve) qu'il avait surprise toute nue alors qu'elle se baignait avec les
nymphes, aurait reçu de la déesse offensée mais secrètement compatissante,
outre le don de comprendre le langage des oiseaux, "un bâton de cormier
avec lequel il conduisait aussi sûrement que ceux qui voyaient".
Le caducée,
qui était fort simple à l'origine se compliqua de plus en plus par la suite.
D'abord constitué par une simple baguette d'olivier, de sorbier ou de laurier,
on commença à le prolonger par une sorte de couronne circulaire surmontée d'un
croissant, de façon à former un chiffre 8 dont la boucle supérieure était
ouverte vers le haut.
La fable
raconte que Mercure sépara un jour de son bâton magique deux serpents qui se
battaient : les deux reptiles, subitement calmés, s'entrelacèrent autour de la
tige d'olivier et le caducée, ainsi complété, devient le symbole de la paix.
Mais Mercure, messager rapide et infatigable, mit pour aller plus vite, des
ailes à ses sandales, ces mêmes ailes furent ajoutées à son caducée.
Le caducée
dont se réclament plusieurs professions médicales est diversement composé.
Généralement, il est figuré par une tige centrale, terminée en haut, soit par
un bouton ou une flamme, soit encore par un miroir ovale. Autour de cet axe
s'enroulent tantôt un serpent, la tête tournée en haut, tantôt deux serpents
entrelacés dont les têtes dressées se font face de part et d’autre de
l'extrémité supérieure de la tige. Il en est enfin auxquels s'ajoutent deux
ailes d'oiseau déployées transversalement.
Le caducée d’Esculape
La
symbolique : le serpent est symbole du savoir ; en s'insinuant dans
les fissures de la Terre, il était sensé connaître tous les secrets, les vertus
des plantes médicinales et les mystères de la mort. Le serpent serait
lié à l'art de guérir, à la fécondité et à la vie, il symbolisait le médicament
tandis que la baguette symbolisait l'arbre de la vie, la vie que
le médecin essayait de sauver avec les médicaments. Le bâton
représenterait l'axe du monde, l'arbre de vie ou une arme magique. La baguette
et le bâton sont les symboles de l'autorité, de la puissance et de la dignité. Le
bâton d'Esculape aurait été utilisé pour la première fois comme emblème de la
Médecine au VIème siècle
Le caducée
d'Esculape est d'une autre légende : on raconte qu'Esculape avait vu venir
à lui un serpent, la gueule menaçante. D'instinct, il avait tendu en avant le
bâton qu'il tenait à la main, et après que la bête s'y fut enroulée, il en
avait frappé le sol avec violence et du coup étourdi l'animal. Il introduisit
alors certaines herbes dans la bouche du reptile et le ramena ainsi à la vie.
Celui-ci devait à jamais lui rester attaché en signe de reconnaissance. La
science des plantes médicinales d'Esculape se trouvait affirmée et, du même
coup, son empire sur le serpent.
On prit
ainsi l'habitude de faire figurer auprès d'Esculape un serpent enroulé autour
du bâton sur lequel s'appuyait le dieu de la Médecine, ce fut son premier
"caducée".
Le caducée vétérinaire
Le
caducée utilisé dans la profession vétérinaire est fortement inspiré de celui
des médecins : faisceau de baguettes autour duquel s'enroule un serpent et que
surmonte un miroir. L'originalité pour les vétérinaires réside dans le
"V".
Le caducée
d'Esculape conserve le bâton et le serpent, indice du pouvoir de guérir et
troque les ailes, soit pour une coupe (source de bienfaisance), soit pour un
miroir, c'est à dire, selon Littré, un miroir métallique sur lequel sont gravés
légèrement des signes cabalistiques, assez distincts pour être vus sans
troubler les reflets du miroir. Avec ce miroir, on devait apercevoir les choses
éloignées ou dominer l'avenir : le diagnostic et le pronostic. C'est ce
caducée d'Esculape auquel on a ajouté un V qui est devenu l'emblème de la
médecine vétérinaire.
Dr. Khaled El Hicheri
Sources : article rédigé par le DV Jean-Pierre KIEFFER pour la revue n°31 (novembre 2007) de l'Ordre des vétérinaires. Professeur C. Bressou (revue AC, janvier 1964). Dictionnaire Littré. Wikipédia.
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