La santé des animaux nous interpelle
La protection de notre santé, l’alimentation de la population mondiale en croissance continue – On estime que la population mondiale passera de 7 milliards d’individus actuellement, à 9 milliards en 2050 - et l’amélioration des conditions de vie de cette population nous interpellent car les maladies qui affectent les animaux nous affectent également. Prévenir ces maladies et lutter contre elles tant qu’elles sont chez les animaux, protège non seulement notre santé mais elles sont plus faciles à combattre chez les animaux et cette lutte est plus effective et moins onéreuse. La prévention et le contrôle des maladies animales entrainent, en effet des économies importantes, renforcent les communautés locales et améliorent la santé des populations vulnérables. Qu’il s’agisse d’un animal ou d’une personne, les professionnels de la santé cherchent toujours à prévenir la maladie plutôt que de faire face à une épizootie ou à une épidémie ; cela est plus simple, plus facile et plus rentable.
Les vaccins qui améliorent l'immunité contre une maladie, ont été la base de la prévention de la maladie depuis que les premières vaccinations ont été développées à la fin des années 1800. La vaccination a éliminé la variole chez les personnes, la peste bovine chez les animaux et peut contrôler d'autres maladies contre lesquelles aucun autre traitement n'existe, comme la fièvre aphteuse, la maladie de Carré et la Rage canines et maintenant la Covid-19.
Les organisations
internationales spécialisées ont adopté le principe « mieux vaut prévenir
que guérir » et ont mis en place des programmes de prévention basés sur la
vaccination. C’est ainsi que la variole humaine a été déclarée officiellement éradiquée en 1989 par l’OMS. La variole a été ainsi la
première maladie humaine jamais éliminée après avoir été combattue au niveau
mondial. Près d’une personne sur trois qui avaient contracté la maladie mourait.
La coopération mondiale grâce à des campagnes de vaccination, des mesures de
surveillance et de prévention a éliminé la variole et a montré que
l'éradication de la maladie était réalisable, ouvrant ainsi la porte à d’autres
programmes mondiaux de lutte contre plusieurs maladies meurtrières, en vue de
leur éradication.
Dans le domaine de la santé animale, la peste bovine a été déclarée officiellement éradiquée en 2011. La maladie était dévastatrice pour les sources d’aliments constitués par le bétail, tuant souvent des troupeaux entiers. Une grave épizootie survenue en 1910 avait conduit à la création de l'Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE), qui a ensuite coordonné des campagnes de vaccination qui, un siècle plus tard, ont permis l'élimination de la maladie à l’échelle mondiale.
L'OIE a annoncé que la peste bovine était la première maladie animale jamais éradiquée. Ces succès en santé humaine et en santé animale ont clairement démontré que plusieurs maladies parmi les plus meurtrières et les plus débilitantes peuvent être effacées de la surface de la planète.
Le succès de l'éradication de la Peste bovine a incité la communauté vétérinaire mondiale à rechercher à éradiquer d'autres maladies et à accorder la priorité aux trois maladies suivantes : la Rage humaine à médiation chien, la Fièvre aphteuse et la Peste des petits ruminants (PPR). Pour démontrer les avantages économiques de l’éradication de cette dernière maladie, les épidémiologistes estiment que l'éradication de la PPR devrait coûter plus de 2 milliards de USD sur une durée de 15 ans, et permettrait de générer des gains de plus de 76 milliards de USD.
La profession vétérinaire s’adresse au monde animal autant qu’au monde des humains ; une de ses principales activités est le contrôle et l‘éradication des maladies infectieuses - parmi lesquelles les zoonoses, ces maladies transmises des animaux aux humains – qui s’imposent comme des préalables indispensables à la qualité de vie des populations humaines. En outre, le caractère libéral de la profession vétérinaire la lie intimement, aux intérêts des éleveurs, à la situation économique du pays autant qu’à la situation sanitaire de sa population et la rend, par conséquent, très vulnérable aux crises qui secouent aussi bien le monde rural - particulièrement sensible aux périodes de sécheresse et à la fluctuation des prix - que la population urbaine encore plus sensible à l’érosion de son pouvoir d'achat et de sa couverture sociale.
« La santé étant une », les
efforts déployés ces dernières années par les médecins et les médecins vétérinaires
dans le cadre de la prévention, de la gestion de crise et de la lutte contre
certaines zoonoses, telles que l’ESB, l’influenza aviaire ou la rage, ont démontré
s’il le faut les liens d’interdépendance entre la santé animale et la santé
humaine. Dans ce cadre, les médecins vétérinaires devraient jouer un rôle plus
important dans l'élaboration de la politique de l’élevage et de la santé
animale et humaine et dans l'amélioration des pratiques vétérinaires mondiales,
aussi bien dans les pays développés que dans les pays en voie de développement,
pour le bien des êtres humains et des animaux.
Par ailleurs, au cours des dernières décennies, l'efficacité de la production animale s'est considérablement améliorée grâce à des moyens modernes comme une meilleure nutrition, des programmes de vaccinations et une amélioration des techniques de l'élevage, ce qui nous incite à investir davantage dans la recherche et le développement de meilleurs moyens de prévention et de traitements plus efficaces non seulement contre les maladies des animaux de rente mais aussi contre les maladies des animaux de compagnie. Des millions de chiens et de chats et d’autres animaux de compagnie fournissent à leurs propriétaires un soutien affectif, améliorant ainsi leur santé, leur bien-être et leur qualité de vie. Une tendance à « l'humanisation » des animaux de compagnie se développe dans les pays qui ont accédé à un niveau de vie appréciable, car les propriétaires prennent de plus en plus soin de leurs animaux qu’ils considèrent comme des membres de leur famille.
Enfin, l'augmentation des échanges commerciaux d’aliments d’origine animale à l’échelle internationale exige des normes alimentaires mondiales rigoureuses et harmonisées pour assurer la libre circulation des échanges et prévenir les maladies. Ceci nécessite l’installation et le maintien d’un système de défense sanitaire basé sur un contrôle strict aux frontières, un diagnostic de laboratoire rapide, une réactivité immédiate, un réseau de surveillance épidémiologique fiable, un bon système d’information et de communication et des plans d’urgence, permettant la mobilisation rapide des ressources.
L’augmentation des échanges exige également la levée de certaines contraintes qui handicapent les activités spécifiquement vétérinaires ; des activités parasitées par d'autres catégories professionnelles : ingénieurs, pharmaciens, hygiénistes, inséminateurs ou techniciens de l'élevage.
Dr. Khaled El Hicheri
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