Le plan national d'intervention d'urgence
La préparation aux situations d'urgences et leur gestion constituent un des principaux défis que les responsables des Services Vétérinaires dans le monde doivent relever car même les pays développés exempts de la maladie, sont susceptibles d'être atteints par une épizootiede prenant sa source à des milliers de Km.
Les actions de prévention et de contrôle des épizooties reposent sur :
- Un réseau de vétérinaires, étatiques et privés, couvrant tout le territoire
- Le contrôle sanitaire aux frontières des animaux importés, des produits d’origine animale des produits biologiques et des semences animales à partir de pays déclaré indemnes de FA
- La surveillance épidémiologique active par la réalisation d’enquêtes séro-épidémiologiques régulières pour vérifier l’absence de circulation virale dans les populations sensibles.
- La surveillance épidémiologique passive : déclaration de suspicion de cas, enquêtes sur les animaux des élevages suspects et prélèvements pour analyse de laboratoire.
- La Surveillance clinique du cheptel sensible à la FA sur tout le territoire national par la réalisation de prospections sur des animaux sensibles à la maladie au niveau des élevages, des abattoirs, des marchés aux bestiaux et des points de rassemblements d’animaux.
- La sensibilisation des éleveurs et des différents intervenants, tels les vétérinaires libres praticiens, les autorités locales et les acteurs des filières des espèces cibles.
- Le diagnostic de laboratoire par les laboratoires officiels
- Le Système de reportage dans le cadre du Centre national de vigilance zoosanitaire (CNVZ) où les APA sont appelés à transmettre un rapport, lors de chaque suspicion et/ou déclaration de MRLC, au service de l’Épidémiologie de la DGSV qui se charge du traitement et de l’analyse des données.
- La surveillance passive en sensibilisant les éleveurs et les libres praticiens à déclarer toute suspicion de cas et les vétérinaires sanitaires à procéder aux enquêtes et prélèvements requis
- Le diagnostic de laboratoire par l’Institut de la Recherche Vétérinaire en Tunisie (IRVT)
- L’intensification du contrôle aux frontières
- La vaccination générale, obligatoire et gratuite des populations animales sensibles comme recommandé par la stratégie nationale de lutte contre les épizooties.
Les SV ont mis au point un plan national d’intervention d’urgence contre les épizooties. Ce plan constitue le référentiel technique pour la préparation et la gestion des crises sanitaires dues aux maladies épizootiques majeures (FA, PPR, PE, BT, IAHP). Il détaille, entre autres dispositions :
- les procédures de prélèvement et d’analyse,
- les mesures à prendre pour contrôler la maladie,
- la mobilisation de fonds d’urgence,
- les procédures de confirmation de la maîtrise et d’éradication des foyers.
La mise en application de ce plan risque toutefois, d’être handicapée par le système d’identification qui ne concerne qu'une trés faible partie du cheptel cible.
Le plan de contingence repose sur les arrondissement production animale (APA), la désignation d’un laboratoire de référence pour la maladie, la mobilisation de fonds d’urgence, une banque de vaccin , les exercices de simulation et le renforcement des capacités des services vétérinaires et des laboratoires, au niveau de la région, en matière de surveillance de diagnostic et de lutte contre la maladie en cause.
La Tunisie est régulièrement agressée par les TADs dont, plus particulièrement, la souche O du virus de la FA qui affecte aussi bien le bovin que les petits ruminants. Le pays court un risque sérieux d’introduction et de propagation de la souche virale SAT2 et autres souches exotiques du virus aphteux. La population animale sensible, menacée, est d’environ 10 millions de tètes entre bovins, ovins, caprins camélins et autres.
La Tunisie a le statut OIE de pays ayant un programme officiel, validé, de contrôle de la FA avec vaccination. Elle suit une stratégie de vaccination reposant sur l’organisation de campagnes annuelles de vaccination de masse avec les sérotypes suivants :
Bovins : O, A, SAT2
Ovins et caprins : O et SAT2
En cas d’épizootie, le plan d’urgence est mis en œuvre sur tout le territoire national.
Pour entreprendre ces actions les SV comptent sur environ 500 vétérinaires sanitaires et près de 500 agents techniques spécialisés répartis sur tout le territoire et sur plus de 400 vétérinaires libres praticiens, mandatés, couvrant tout le pays.
A titre d'exemple, De 1975 à 1999, six épizooties de FA se sont déclarées dont deux (1989 et 1994) ont concerné les ovins et les bovins. La couverture vaccinale, depuis l’implication des vétérinaires mandatés, dépasse les 85%.
Il n’existe pas de réserve de vaccins contre les agents responsables d'épizooties. Ces vaccins sont acquis sur le marché par appel d’offre international par le biais de la PCT et payés sur le budget du ministère de l’agriculture ou, en cas d’urgence, sur le fonds spécial de catastrophes naturelles. Il faut néanmoins mentionner que le parc de véhicules des services officiels, les équipements de collecte des données, de communication et de reportage sont nettement insuffisants.
Les laboratoires de diagnostic disposent de personnel bien formé et compétent mais souffrent de difficultés à acquérir des réactifs et autres produits biologiques ainsi que du petit matériel de manipulation, du fait des procédures officielles d’acquisition de ces produits.
Le suivi et l’évaluation de la couverture immunitaire, assurée par la vaccination, ne se fait pas de manière systématique.
De par sa proximité avec la Lybie, à la porte du Moyen Orient, et les pays de l’Afrique Centrale et de l’Est, la Tunisie est exposée aux agressions des pathogènes responsables des grandes épizooties et notamment au virus de la FA. Les souches de virus des sérotypes O, A et SAT2 se manifestent en Lybie de manière récurrente. En 2012 toutes les régions de ce pays ont enregistré l’apparition de foyers de FA du sérotype O confirmé par le LMR de Pirbright. L’épizootie a touché principalement les petits ruminants.
Pour le comité exécutif de MVI
Dr. Khaled EL Hicheri
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