Enseignement
de la médecine vétérinaire
C’est la rentrée universitaire. L’enseignement de la médecine vétérinaire
cherche ses marques pour cette nouvelle année universitaire marquée par un accroissement
du nombre d’étudiantes et un faible nombre de « résidents ».
Le monde est en évolution constante. Cette évolution est la résultante des
progrès des sciences et des techniques dont les effets se manifestent avec
rapidité sur toutes les composantes de la société, entrainant des
bouleversements importants dans notre mode de vie et dans nos comportements, nous
obligeant à une adaptation accélérée et continue que les générations
précédentes n’avaient pas connues. Les sciences vétérinaires n’échappent pas à
cette évolution, à ces bouleversements et à cette nécessaire adaptation qui
va de la mise en place des structures vétérinaires de l’État au développement
des productions animales, des premiers programmes de prophylaxies collectives à
ceux de la promotion de l’aviculture industrielle et de l’élevage laitier.
La médecine vétérinaire a beaucoup évolué durant les dernières décennies.
De nombreuses écoles et facultés vétérinaires ont vu le jour, dans des pays qui
en étaient dépourvus, pour former des médecins vétérinaires dont l’action se
mesure à l’aune du développement des productions animales en quantité et
qualité, de la protection du patrimoine et des ressources animales, de la
sécurité alimentaire des populations et de la protection de ces populations
contre les maladies transmissibles de l’animal à l’homme. Les changements qui sont en train de s’opérer
dans la société ouvrent de réelles perspectives d’activités nouvelles
auxquelles peuvent prétendre les vétérinaires et plus précisément dans le cadre
de l’initiative « Un Monde, Une Santé/one health »
Les problèmes rencontrés sont importants pour l’avenir de la profession
vétérinaire autant que pour la santé animale et plus généralement pour la santé
publique et l’économie nationale. L’économie avec une contribution au PIB
agricole allant parfois jusqu’à 40% alors que le secteur est confronté à
d’énormes difficultés : les investisseurs se font rares, peu
d’infrastructures adéquates et des animaux frappés par les maladies
transfrontalières ou TADs favorisées par les insectes vecteurs de pathogènes du
fait du changement climatique. L’élevage est pratiqué par plus de 70% des
exploitants agricoles ; il contribue pour près de 4% au PIB national.
Enseignement vétérinaire et formation
Les évaluations PVS ont mis en lumière des disparités importantes et
inquiétantes dans la qualité des vétérinaires dans le monde. L’enseignement
vétérinaire occupe une bonne place dans le secteur de l’élevage et de la santé,
tant il est vrai que c’est de la qualité de la formation que dépendent l’avenir
de la profession et la qualité des services qu’elle est appelée à rendre à la
société.
Toutefois, des contraintes entravent l’exercice de la profession vétérinaire tel l’exercice de la pharmacie vétérinaire non encore reconnue, la situation administrative des vétérinaires salariés de l’État ainsi que la féminisation de la profession, constituent des points critiques et des sujets de préoccupation de la profession.
Le cursus des études est long et dense ; il devait se dérouler sur
cinq années dont une année préparatoire consacrée à l’étude des sciences
fondamentales et quatre années d’études spécifiquement vétérinaires dont les
deux dernières seraient consacrées à la pathologie et à la clinique. Des stages
pratiques annuels, de quinze jours sur le terrain, devaient être programmés.
Ces cinq années d’études sont sanctionnées par un diplôme de fin d’études
vétérinaires, délivré aux étudiants qui auraient passé leurs examens avec
succès. Pour obtenir le titre de Docteur en médecine vétérinaire, la
préparation d’une thèse, nécessitant une année au moins, est nécessaire
Il avait été convenu, lors de la création de l’école de médecine
vétérinaire de Sidi Thabet de se limiter dans une première phase à 10 chaires
d’enseignement dont 5 seraient dédoublées ultérieurement pour atteindre la
norme des 15 chaires, adoptée par la Communauté Économique Européenne. Ces 10
chaires sont celles consacrées 1.à la Pharmacie/Toxicologie/Biochimie et
Physique Médicale, Anatomie 2. Anatomie Pathologique / Histologie/ embryologie,
3. Physiologie et Thérapeutique, 4. Hygiène publique et contrôle des denrées
alimentaires, 5. Parasitologie et Maladies Parasitaires, 6. Pathologie médicale
et législation, 7. Pathologie chirurgicale et radiologie, 8. Pathologie du bétail, Pathologie de la
reproduction et Obstétrique, 9. Pathologie générale/ Microbiologie et
Immunologie/ maladies contagieuses et zoonoses, 10. Zootechnie et Alimentation/
Economie Rurale et Agronomie. Le dédoublement a concerné les chaires, 1, 3, 8,
9 et 10
La formation des vétérinaires, durant leurs études ou après la fin de
celles-ci, représente un domaine
essentiel pour l’exercice futur de la profession. Le médecin vétérinaire
n’apporte pas seulement les soins aux animaux malades ; il doit,
également, être en mesure de conseiller les éleveurs et les propriétaires
d’animaux sur l’alimentation, la reproduction, la sélection et l’hygiène de
leurs animaux, tout en tenant compte des seuils économiques à ne pas franchir.
Il est aussi appelé à assurer le contrôle hygiénique et sanitaire des
structures d’élevage, d’abattage et de transformation et de contrôle qualitatif
des denrées alimentaires d’origine animale. Pour être en mesure de réaliser
toutes ces tâches, une formation sérieuse est requise. Il conviendrait toutefois
d’éviter que les programmes des cours ne soient chargés et qu’ils restent
figés durant de longues années, alors que de nouvelles pathologies agressent le
cheptel et que les changements socio-économiques du pays sont considérables.
Des changements périodiques doivent être introduits dans les programmes pour
leur donner un caractère plus national, plus régional et plus actualisé. Car on
assiste à l’échelle de la planète à des bouleversements importants qui touchent
aux méthodes d’élevage, aux moyens de contrôle, aux techniques de laboratoire,
à la réglementation et à bien d’autres aspects des activités vétérinaires.
L'objectif initial de l'enseignement vétérinaire en Tunisie a été de former
les cadres nécessaires aux services du ministère de l'Agriculture et de santé
publique, pour l'encadrement de l'élevage et pour l'application des programmes.
de santé animale et de santé publique vétérinaires. C’est dans cette optique
que la majorité des diplômés en provenance d’écoles et de facultés étrangères,
ont été recrutés par l'Administration, que ce soit pour une activité sur le
terrain, dans l'enseignement ou dans la recherche.
L'enseignement prodigué à l’ENMVT est, le plus souvent, de type classique,
composé de cours et de conférences, de travaux pratiques, sous forme de travaux
dirigés et parfois de colloques et de séminaires. Dans de très nombreux pays,
les écoles et facultés vétérinaires sont les initiatrices et les organisatrices
de très nombreuses manifestations scientifiques, sous forme de congrès,
colloques, séminaires, tables rondes, symposiums ou journées scientifiques ce
qui n’est pas toujours le cas de l’ENMVT. Cet ebseignement est assuré, sous
forme de clinique intra-muros et de clinique ambulante, d’autopsies, de
consultations et de présentation de cas cliniques, d’opérations chirurgicales
et de soins aux animaux hospitalisés. La qualité de cet enseignement, pêche par
son manque d’adaptation aux nouvelles réalités de l’élevage, aux progrès de la
médecine vétérinaire dans le monde et aux nouvelles contraintes sanitaires
créées par la libération du commerce international et par l’intensification des
échanges commerciaux. D’une manière générale, cet enseignement est jugé trop
statique et trop médical et n’est pas suffisamment adapté aux réalités
économiques et à l’évolution de l’élevage et du marché. C’est ainsi que cet
enseignement forme toujours des pathologistes de l’individu alors que la
tendance actuelle, d’industrialisation de larges secteurs de l’élevage, est à
la pathologie collective.
Enseignement
postuniversitaire et formation continue
Des cycles de formation postuniversitaire spécialisés, en nombre suffisant,
doivent être organisés pour ne pas handicaper l’action des Services
Vétérinaires car l’administration et le secteur privé, ont de plus en plus
besoin de vétérinaires spécialistes. La formation continue est également à
prendre en compte. Cette formation est aussi importante que la formation de
base.
Les progrès des sciences et des techniques et les exigences de la société,
imposent en effet aux vétérinaires comme a toutes les autres professions de
progresser au même rythme afin qu’ils puissent mener à bien les différentes
activités qui leur sont accessibles et auxquelles ils aspirent.
Le code de déontologie de la
profession stipule que le médecin vétérinaire est tenu de compléter et
d'étendre ses connaissances en fonction du développement de la science, ce qui
implique qu’il a le devoir de maintenir à jour ses connaissances scientifiques et
de poursuivre sa formation par des études postuniversitaires ou dans le cadre
de programmes de recyclage et de formation continue.
Les vétérinaires diplômés ne se dirigent pas tous vers l’exercice de la
libre pratique. Un très grand nombre se destine à des carrières dans
l’administration, les laboratoires, la recherche, l’industrie agroalimentaire
ou pharmaceutique ou à d’autres carrières. Pour ceux là, et dans une moindre
mesure pour ceux qui se destinent à la libre pratique, des connaissances plus
poussées dans certaines matières, sont nécessaires pour l’acquisition d’une
spécialité. Ces connaissances doivent être acquises dans le cadre d’un
enseignement postuniversitaire ou dans celui d’un programme de formation
continue.
Les études vétérinaires peuvent être poursuivies par un troisième cycle qui
doit en principe préparer les étudiants à la recherche ou à l’accès à des
activités professionnelles spécialisées et ce, en préparant une spécialisation,
un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) ou un diplôme d’études
approfondies (DEA, devenu Master). Mais à ce jour, la préparation à la
recherche se fait encore pour la majeure partie, à l’étranger (PhD).
Durant de nombreuses années, l’école vétérinaire n’a pas pu développer des
cycles de formation postuniversitaire spécialisés. Rares sont donc,
actuellement, les vétérinaires des laboratoires de diagnostic, et encore moins
des services centraux et régionaux, qui sont spécialistes matières. Un très
petit nombre de gestionnaires vétérinaires est spécialisé dans l’activité liée
à la fonction qu’il occupe.
La possibilité de poursuivre une formation postuniversitaire, sanctionnée
par un diplôme permettant d'obtenir un titre de spécialiste et attestant de la
capacité ou de l'aptitude à exercer une activité professionnelle vétérinaire
spécialisée, reste encore limitée. Les besoins en formation postuniversitaire
sont importants. Ils sont exprimés par les employeurs du secteur public comme
par ceux du secteur privé et par nombre de libres praticiens désireux de se
spécialiser. Ces besoins concernent notamment :
- Des masters en médicament et pharmacie
vétérinaire pour faciliter l’accès des diplômés vétérinaires à des postes de
responsabilités dans l'industrie du médicament vétérinaire et de sa
distribution pour permettre l'insertion des vétérinaires en entreprise dans les
domaines de la recherche et du développement pharmaceutique, l’enregistrement
des médicaments, la pharmacovigilance, la distribution du médicament
vétérinaire et le marketing des produits et des services de santé.
- Des masters en sciences biologiques et
médicales dans les spécialités de la biologie de la biotechnologie et de la
recherche thérapeutique afin de permettre aux vétérinaires, de créer des
laboratoires de biologie médicale vétérinaire et de travailler, dans le cadre
de laboratoires de biologie, dans la recherche ou dans l’agro-alimentaire.
- Des spécialités sur la biosécurité et les
risques chimiques et biologiques dans les laboratoires et au sein des
entreprises pharmaceutiques et agroalimentaires.
- Des spécialités dans les domaines de
l’aquaculture, la pathologie des animaux marins d’élevage et d’une manière plus
générale les sciences halieutiques ou la profession n’est pas suffisamment
représentée et dans lesquelles des postes d’emplois de spécialistes sont à
pourvoir.
Il ne faut pas perdre de vue les possibilités de formation à distance,
développées par certains organismes de formation et de
recherche étrangers, auxquels ces Services Vétérinaires pourraient, dans
un premier temps faire appel en attendant de pouvoir développer leur propre
système de formation à distance.
Etablissement d’enseignement vétérinaire
En Afrique du Nord, depuis 2012, les universités offrant une formation
vétérinaire font partie d'un réseau méditerranéen dénommé le Réseau
d’Etablissements d’Enseignement Vétérinaire en Méditerranée (REEV-Med),
qui est également soutenu par l’OIE. Le groupe comprend, entre autres, les EEV
de l'Algérie, l'Egypte, la France, la Grèce, l'Italie, le Maroc et la
Tunisie.
En général, à travers l'Afrique, l'OIE encourage activement le jumelage des EEV comme un moyen de renforcer la conformité de ces établissements avec par exemple les lignes directrices sur les compétences minimales attendue des jeunes diplômés en médecine vétérinaire, telles que développées par l'OIE.
P. Le Comité exécutif de MVI
Dr. Khaled El Hicheri
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