La circulation :
Un cauchemar au quotidien
L’été tire à sa fin, les estivants retournent de leur
congé annuel et préparent la rentrée scolaire de leurs enfants. L’activité
reprend dans tous les domaines et, jour après jour, la circulation automobile devient
plus dense. Les conducteurs de véhicules se préparent à affronter les
encombrements et les bouchons dans la chaleur étouffante de ce mois de
septembre.
Dans la capitale et dans les grandes villes du pays, se
rendre à son travail, accompagner ses enfants à l’école ou aller faire ses
courses, relève du parcours du combattant. C’est une épreuve quotidienne pour
un grand nombre de nos concitoyens. Tout le monde est affecté par ce mal
récurrent auquel nos responsables n’ont pas encore trouvé de remède, ceux qui
ont des véhicules particuliers comme les usagers des transports en commun. Les
plages horaires des rushs ne font que s’étendre pour se rejoindre certains
jours et il n’y a pas d’heure d’accalmie, obligeant les conducteurs à passer
trois à quatre fois plus de temps sur le parcours.
Il n’est pas de carrefour, pas de rond-point qui ne se
transforme en bouchon aux heures de pointes et souvent bien au-delà de ces
heures. Le nombre d’agents de la circulation, leurs gesticulations désordonnées
et la cacophonie de leurs coups de sifflet mêlés aux avertisseurs des
véhicules, ne font pas grand-chose pour débloquer la circulation.
Les innombrables manquements au civisme et au code de la
route de conducteurs indisciplinés et mal éduqués, de plus en plus nombreux, ne
font que compliquer les choses et créer des situations dangereuses. La priorité
n’est plus respectée et les passages au rouge sont devenus monnaie courante.
Les stationnements en double et parfois triple file devant les établissements
scolaires et devant certains commerces, sont à l’origine de multiples goulots
d’étranglement qui ralentissent considérablement le flot des véhicules.
Cette situation occasionne une grande perte de temps qui
se répercute sur les activités de la population et sur l’activité économique du
pays, doublée d’un stress important aux premières heures de la matinée qui
compromet le rendement de l’activité pour le reste de la journée. Les retours
aux foyers ne sont pas moins stressants avec la fatigue d’une journée de
travail en plus.
Les risques d’accidents et de conflits entre conducteurs
sont nombreux. Les multiples accrochages et tôles froissées, se traduisent en
pertes d’argent pour les propriétaires des vehicules, en augmentation des
primes d’assurance, et en importation, en plus grand nombre, de coûteuses pièces
de rechanges. Les accidents mortels en pleine ville ne sont plus rares et les
arrêts de travail et les soins aux accidentés coûtent chers aux victimes et au
pays. La consommation de carburant de tous ces véhicules bloqués parfois
pendant des heures, en pure perte, grève le pouvoir d’achat des consommateurs
et accentue notre déficit et notre dépendance énergétique. De nombreux agents
de la circulation sont mobilisés pendant des heures pour essayer de fluidifier
la circulation et limiter les dégâts. Cela a aussi un coût !
L’Etat est obligé d’entreprendre d’importants travaux :
échangeurs, rondpoints, élargissement de voies, ponts et autres travaux d’intérêt
public pour faire face a l’augmentation constante de la population urbaine et
des vehicules automobiles qui l’accompagne. Ces travaux coûtent cher à l’Etat
donc au contribuable. Ces grands travaux sur les périphériques, soulagent
certes la pression mais ils ne font souvent que déplacer le problème.
Y-a-t-il une solution ?
Il n’y a pas de miracle mais un certain nombre de mesures
pourraient être prises comme l’étalement des heures d’ouverture des bureaux des
secteurs privé et étatique pour permettre une meilleure fluidité de la
circulation et soulager les personnes éloignées de leurs lieux de travail.
Les parents d’élèves réclament la mise en service de bus
scolaires pour les écoles, lycées, collèges ou facultés, afin de décharger les
parents des corvées d’accompagnement qui les obligent à faire tout un circuit
pour déposer leurs enfants puis rejoindre leurs lieux de travail et cela
plusieurs fois par jour. Nombre d’entre eux, soulagés de cette contrainte,
prendraient plus rarement leurs voitures et utiliseraient les transports en
commun.
D’autres éléments de solution consisteraient à mettre
plus de bus en circulation durant les plages horaires des rushs, qu’il n’en est
mis actuellement, et à autoriser la circulation en ville de taxis collectifs ;
à recycler les agents de la circulation car la régulation de la circulation obéit
à des normes, des techniques et une gestuelle particulière qui associent autorité
et efficacité ; ce n’est donc pas le nombre d’agents de la circulation qui
est important mais la qualité de leur formation et leur professionnalisme ;
à encourager l’installation près des
établissements scolaires, de garderies par des dégrèvements d’impôts et des
subventions. Ces garderies rendent des services inestimables aux parents et
plus leur nombre augmente moins il y a de circulation autour des établissements
scolaires. La sensibilisation du public pourrait accompagner ces mesures et inclure
dans les programmes scolaires dès le primaire, le code de la route et les
notions de base du civisme et de la morale.
Une autre partie de la solution consisterait à soumettre
toute autorisation à bâtir des nouvelles constructions, immeubles d’habitation,
locaux commerciaux, habitations particulières et autres, à prévoir des garages
et des places de parking, en nombre suffisant, selon les normes pratiquées dans
les pays industrialisés. Le garage de voitures le long des trottoirs des rues
déjà étroites, ralentit et souvent entrave la circulation ; la
construction de parkings à étages dans les centres villes accompagnée de
l’interdiction de stationner le long des trottoirs permettrait également
d’alléger la pression et de fluidifier la circulation.
Dans de nombreux pays confrontés au même problème, la
solution adoptés a été chirurgicale. Elle a consisté à tailler dans le vif de
la ville pour la construction de grandes artères qui la traversent et la
quadrillent. Ces artères comportent souvent plusieurs couloirs dont des
couloirs réservés aux bus et aux taxis, doublés de voies ferrées pour le métro.
Cette solution est coûteuse à court terme ; elle demande aussi du temps
mais elle est nécessaire dans l’immédiat et bénéfique sur le moyen et long
terme.
La question est : le gouvernement a-t-il la volonté de
prendre de telles mesures et les moyens et d’entreprendre de tels
travaux ? confronté à une crise économique aigue, c’est probablement le moindre
de ses soucis.
Dr. Khaled El Hicheri
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