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Le danger des résidus dans les denrées alimentaires d'origine animale (DAOA)

Le danger des résidus dans les denrées alimentaires d'origine animale (DAOA)

Les besoins alimentaires de la population mondiale ne cessent de croître et la Tunisie n’échappe pas à cette réalité. La satisfaction de ces besoins pose problèmes car pour être en mesure de fournir les quantités de Denrées Alimentaires d’Origine Animales (DAOA) nécessaires à la population, les éleveurs doivent intensifier leurs productions et recourent de plus en plus aux additifs alimentaires qui améliorent la vitesse de croissance et aux médicaments qui protègent les animaux de production contre les maladies. L’usage de ces produits, tels que les antibiotiques, les antiparasitaires externes et internes ou les médicaments à action générale n’est pas sans dangers pour le consommateur ; ils génèrent des résidus.
L'emploi de médicaments pour le traitement curatif ou préventif des animaux et comme promoteurs de croissance, est de pratique courante dans de nombreux pays ; elle est hélas anarchique et sans contrôle dans notre pays. Ces médicaments, mal utilisés, entrainent l’accumulation de résidus dans les DAOA qui mettent en danger la santé des consommateurs. Leur emploi doit être sévèrement contrôlé. Le risque réside dans la présence de résidus médicamenteux dans les tissus des animaux traités juste avant l'abattage. Un contrôle de ces résidus dans les DAOA est donc une nécessité sanitaire et économique. Dans de nombreux pays, ils font l’objet de programmes de dépistage en vue de protéger la santé du consommateur et de répondre aux critères de qualité exigés par lui. Or, pour pouvoir définir les taux de résidus acceptables et les délais d'attente correspondant aux médicaments destinés aux animaux de production, il est nécessaire de recueillir un maximum de données sur les résidus et sur leur innocuité. De même, il est important de contrôler les animaux au moment de l'abattage pour rechercher d'éventuels résidus dangereux. En effet, l'immense majorité des résidus décelés dans les DAOA sont consécutifs à des traitements récents des animaux avec des produits antiparasitaires ou des antibiotiques et au manque de respect du délai d'attente approprié à la suite de ces traitements. Certains résidus proviennent toutefois d'une contamination fortuite du sol ou des locaux par des produits chimiques rémanents utilisés au cours des années antérieures, tels que les pesticides, les herbicides et les fertilisants agricoles. 
Logiquement, le risque d'exposition est plus important et la probabilité de résidus plus élevée dans les secteurs où l'élevage est plus intensif et où ces produits sont d'emploi plus courant. Il est donc prévisible que les animaux élevés en unités laitières ou d'engraissement seront plus vulnérables que ceux élevés sur les parcours, que les volailles le seront plus que les ovins et les bovins, et que les bovins laitiers le seront plus que les bovins de boucherie.
Les résidus de médicaments vétérinaires dans les aliments constituent un sujet de préoccupation important pour la santé publique vétérinaire et pour les consommateurs et posent également des problèmes au niveau du commerce international. Il convient néanmoins de signaler que : les connaissances et les technologies nouvelles dans le domaine de la production et du contrôle des animaux dont les productions sont destinées à l'alimentation humaine sont en constante progression ; que les progrès technologiques permettent de déceler des quantités de plus en plus faibles de résidus et que les activités des médias et des groupements de consommateurs portent à la connaissance de la population les informations relatives à ces risques, ce qui réduit le danger pour la santé humaine.
Pour le médecin vétérinaire chargé de l’hygiène et de l'inspection des denrées alimentaires d’origine animale (HIDAOA), tout animal malade ou qui présente les signes d'une maladie récente et dirigé vers l’abattoir, doit être considéré comme suspect car cet animal a vraisemblablement subi récemment un traitement médicamenteux mais dans la grande majorité des cas, les analyses de laboratoire sur les prélèvements adéquats seront les seuls moyens d’identifier ces résidus.
Soucieux de protéger aussi bien l’animal que le consommateur, les médecins vétérinaires recommandent de prendre les dispositions suivantes :
  • Instaurer un contrôle réglementaire rigoureux des pesticides et médicaments vétérinaires pour garantir que ces produits ne laisseront pas de résidus dangereux dans les aliments pour l'homme et pour les animaux 
  • Protéger l'environnement des animaux, de sorte que la contamination par les herbicides et les pesticides, soit minimale car il n'y a pas de moyen de lutte contre la contamination consécutive à l'utilisation antérieure de pesticides organochlorés rémanents.
  • Limiter l'utilisation des médicaments et des produits chimiques agricoles aux seules substances indispensables à la production et contrôler l'accès à ces substances.
  • Fixer les doses résiduelles maximales (DRM) pour que les résidus fassent l'objet d'un contrôle légal. Les services vétérinaires devront décider de la durée du délai d'attente garantissant que la DRM n'est pas dépassée et considérer comme frauduleuse, la vente de tout aliment ou médicament dans lequel ces doses seraient dépassées, sachant que La dose journalière acceptable (DJA), qui sert de base pour les DRM, constitue la quantité qui serait sans effet observable si elle était ingérée chaque jour pendant toute une vie.
  • Surveiller la présence de résidus dans les denrées agricoles en récoltant des informations sur les résidus dans l'alimentation quotidienne moyenne de la population
  • Prélever les échantillons pour analyse, à l'abattoir dans le cas de la viande.
  • Rechercher dans les troupeaux, les différentes substances qui peuvent produire des résidus.
  • Soumettre à des analyses de routine selon les critères préétablis, les DAOA importées.  
  • Veiller à ce que les médicaments soient administrés à des fins thérapeutiques aux animaux, sur prescription vétérinaire, par voie parentérale ou avec les aliments, ou avec des aliments contenant des additifs agréés comme facteurs de croissance.
  • Veiller à ce que tous les animaux soient soumis à une inspection ante et post mortem par un vétérinaire qui, en cas de maladie, procèdera à une saisie partielle ou totale de la carcasse et aux prélèvements nécessaires.
  • Demander aux fabricants d'apporter la preuve que le médicament pour lequel ils demandent une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) est efficace et sans danger et de fournir aux organismes de contrôle une méthode de dosage fiable pour détecter les résidus de médicaments chez les animaux abattus.
  • Reconnaître que le contrôle des médicaments vétérinaires doit faire partie intégrante des programmes de santé animale.
Dans les élevages industriels, l’usage des médicaments vétérinaires à des posologies se situant au-dessous des doses thérapeutiques pour favoriser la croissance et prévenir les maladies, est d’usage courant. Le danger pour le consommateur réside dans l’usage abusif, massif et incontrôlable de ces « médicaments » et autres produits chimiques, souvent acquis sur le marché parallèle sans AMM et sans prescription vétérinaire. Le fait que les éleveurs ne respectent aucun délai d’attente permettant à l'animal d'excréter les résidus avant son abattage, accentue le danger. 

Dr. Khaled El Hicheri

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