Bref aperçu sur la Rage
Pour lutter contre la rage les départements concernés (Agriculture, Santé Publique et Intérieur) ont mis au point et appliquent annuellement un Programme National de lutte contre la Rage (PNLR). Dans le cadre de ce programme, les Services Vétérinaire du Ministère de l’Agriculture, vaccinent en moyenne 400.000 chiens par an soit 57% de la population canine du pays, ce qui ne suffit pas à provoquer une immunité de groupe suffisante pour venir à bout de la maladie.
La campagne de vaccination massive, généralisée et gratuite est normalement organisée par les Services Vétérinaire dans les trois mois de printemps dans le cadre du PNLR. A cette occasion, il est rappelé aux propriétaires de carnivores domestiques qu’ils doivent veiller à les vacciner contre la rage et à ne pas les laisser divaguer dans la nature et dans les espaces publics des agglomérations. Il est également rappelé à la population d’éviter les contacts avec les chiens inconnus (chiens errants) et de tenir leurs chiens en laisses.
La rage est une zoonose virale qui se caractérise par une encéphalite inéluctablement léthale une fois les signes cliniques déclarés. Elle est présente de manière enzootique dans plus de 100 pays (dont le nôtre) où elle est responsable de 70.000 décès par an dans le monde ; 99 % de ces décès surviennent en Asie et en Afrique et plus de 98 % sont liés à la rage canine.
Les cas de rage humaine résultent dans la grande majorité des cas, de morsures, griffures, léchages sur une peau lésée ou sur une muqueuse, par un animal enragé en phase d’excrétion salivaire. C’est une zoonose d’inoculation qui se transmet par contact direct. Tous les mammifères peuvent être atteints, mais les carnivores terrestres et les chauves-souris constituent les réservoirs du virus. Dans les pays chauds, dont la Tunisie, le chien est le principal réservoir.
La rage est causée par un virus à ARN de la famille des Rhabdovirus. L’espèce RABV responsable de la rage canine est la principale responsable de la rage humaine. Ce virus est fragile dans le milieu extérieur ; il est rapidement inactivé par dessiccation et exposition aux rayons ultraviolets et à certains désinfectants. Ce virus est neurotrope ; après inoculation, il rejoint le système nerveux et les neurones périphériques innervant la zone d’inoculation. Il remonte ensuite jusqu’à la moelle épinière d’où il se propage au système nerveux central où il se multiplie massivement. A ce stade le virus se dissémine à tout l’organisme ; il peut être retrouvé au niveau de la salive, de la cornée ou du liquide céphalorachidien et toute vaccination devient inefficace.
La période d’incubation dure normalement de 3 semaines à 3 mois avec des extrêmes allant de 4 jours à 7 ans. Dans 90 % des cas elle dure moins de 6 mois ; elle est d’autant plus courte que l’inoculum est important et que les morsures sont profondes, multiples, proches de la face, ou directement au niveau du système nerveux central. Les deux formes cliniques classiques de rage : encéphalitique dite « rage furieuse » et paralytique, sont fatales en moins de 15 jours. La rage est mortelle chez l’homme une fois les signes cliniques déclarés.
Il n’existe pas de test permettant de mettre en
évidence une infection en phase d’incubation. Des techniques de diagnostic intra-vitam
et post-mortem existent cependant.
Pour le diagnostic intra-vitam plusieurs
méthodes sont utilisées :
· La détection des ARN viraux par RT-PCR à partir de
salive, d’urine, de liquide céphalo-rachidien ou de prélèvement de peau au
niveau des follicules pileux de la nuque.
· La détection d’anticorps antirabiques à partir de
sérum. Les deux méthodes de référence approuvées par l’OMS sont l’épreuve de
réduction des foyers de fluorescence (RFFIT), et l’épreuve de neutralisation
virale par anticorps fluorescents (test FAVN).
· La technique ELISA est de réalisation plus simple,
plus rapide et moins coûteuse.
La sérologie antirabique ne présente pas d’intérêt pour le diagnostic clinique car la séroconversion apparait en principe plus d’une semaine après le début des signes cliniques. Elle est surtout utile pour le suivi de l’efficacité vaccinale.
La vaccination est efficace. L’OMS estime qu’une première vaccination entrainera une réponse immunitaire secondaire 5 à 20 ans plus tard par un simple rappel. Les rappels de vaccination antirabique ne sont pas nécessaires pour les personnes vivant dans les pays infectés (cas de la Tunisie) qui ont reçu une série primaire complète d’injections prophylactiques d’un vaccin antirabique obtenu sur culture cellulaire, avant ou après l’exposition. En ce qui concerne les professionnels à risque (cas du personnel opérationnel du programme) l’OMS conseille de subordonner d’éventuels rappels aux résultats d’un suivi sérologique tous les 6 à 24 mois, selon le risque d’exposition du professionnel au virus rabique.
Dr.
Khaled El Hicheri
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