Des vaccins pour les volailles de basse-cour.
LLa plupart des familles rurales et péri-urbaines en Tunisie élèvent des volailles et les nourrissent généralement avec les restes de la cuisine familiale que ces volailles complètent en picorant aux alentours les herbes et les graines et quelques gravillons. Dans la plupart des cas, ces volailles ne sont ni parquées ni abrités des intempéries et des prédateurs. De plus elles sont souvent attaquées par des maladies épizootiques mortelles comme la maladie de Newcastle (NC) qui déciment tout ou partie de la basse-cour.
Les volailles de basse-cour constituent néanmoins un apport non négligeable de protéines animales sous forme de viande blanche et d’oeufs recherchés par certains consommateurs. Elles couvrent une partie des besoins alimentaires des membres de la famille et le produit de leur vente sur le marché et souvent aux bords des routes les plus fréquentées, vient renflouer la trésorerie familiale pour faire face aux dépenses occasionnées par la rentrée scolaire, les trousseaux des jeunes filles à marier, les jours de fêtes, ou les dépenses ramadanesques.
Trop souvent la maladie de Newcastle se répand parmi les
volailles familiales comme un traînée de poudre et provoque une hécatombe,
privant ainsi leurs propriétaires d’une importante source de revenus et souvent
de leur unique apport en protéines animales.
Cette infection virale qui se répand sur tout le territoire du pays constitue également un danger et un risque sérieux pour l’aviculture industrielle. Pour éviter la contamination de leurs élevages, les aviculteurs industriels mettent en place des programmes de prévention en vaccinant leurs troupeaux à plusieurs reprises selon un calendrier établi à l’avance. Ces vaccinations constituent une charge importante pour ces éleveurs. Ces dépenses se révèlent proportionnellement beaucoup plus importantes pour les élevages familiaux car les vaccins contre la NC n’existent pas en conditionnement de 5 ou 10 doses mais en flacons de 500 ou 1.000 doses, ou plus encore, ce qui rend impensable la vaccination. Si l’on arrivait à contrôler la NC parmi les volailles de basse-cour, la production serait bien plus importante et les populations rurales se donneraient plus de peine pour développer l’élevage des volailles dont les coûts de production sont bien plus bas que ceux de l’élevage industriel.
Les vaccins contre la NC sont disponibles et sont largement utilisés dans les élevages commerciaux. Ces vaccins habituels sont rarement utilisés pour les poulets de ferme ou familiaux. D’abord, ces vaccins sont très facilement détruits par l’exposition à la chaleur et ils doivent être gardés au réfrigérateur dès leur fabrication et jusqu’au moment de leur utilisation. L’élevage familial de volaille dans les zones rurales est très dispersé et il n’est souvent pas possible de trouver des moyens de transport rapide et disponible sur le champ ou de stockages réfrigérés chez tous les habitants et les vaccins seraient inactifs au moment de leur emploi. L’autre problème c’est d’attraper les poulets pour leur administrer le vaccin habituel par gouttes oculaires ou nasales. Les volailles qui courent dans tous les sens pour échapper à leurs poursuivants ou qui nichent dans les arbres, sont très difficiles à attraper.
Le Centre de Recherche Internationale Agricole Australien
(ACIAR) a conduit un projet de recherche sur le développement des vaccins
contre la NCD utilisables dans les pays chauds. Des essais en Malaisie rurale
et dans d’autres pays asiatiques ont été effectués.
La première étape consistait à produire un vaccin résistant à la chaleur ne nécessitant pas de stockage à trop basse température. On exposa à des températures élevées, durant des périodes de plus en plus longues, des variantes de la souche V4 australienne du virus de la NC. Le V4 était déjà une souche vaccinale qui protégeait les poulets sans provoquer la maladie. Il était aussi capable de résister à des températures tropicales durant quelques jours. Pour éviter d’avoir à attraper les poulets, le vaccin était mélangé à la nourriture jetée aux poulets. Les poulets qui la mangeaient étaient ainsi vaccinés. Ils devenaient porteurs du virus et le disséminaient, ce qui permettait de vacciner les poulets de la basse-cour
On peut utiliser divers aliments. En Malaisie, on utilise le blé de préférence. La technique de vaccination la plus simple consiste à apporter le vaccin à la basse-cour, où il est mélangé aux aliments juste avant distribution aux volailles. Il est nécessaire de prévoir assez de nourriture pour satisfaire la plupart des volailles de la basse-cour - en général 7-10 grammes par unité. Si l’on en donne moins, seuls les plus gros, les plus dominants seront vaccinés. Il sera nécessaire de préparer le mélange (nourriture/vaccin) sur place. Le transport de grosses quantités de nourriture/vaccin aux villages coûterait trop cher. Des expériences à l’Université de Queensland utilisent maintenant le vaccin incorporé dans des granulés dont un seul suffit à vacciner l’oiseau. Ceci permettrait la préparation du vaccin dans une zone centrale et son transport s’effectuerait alors vers les villages où il serait mélangé à d’autres aliments.
Certains pays ont plus progressé que d’autres dans ce domaine. La Malaisie a choisi d’utiliser le vaccin résistant à la chaleur pour les poulets de village dans tout le pays. D’autres pays en Asie continuent leur expérimentation pilote. Des essais de vaccins oraux sont également à l’étude dans certains pays africains. Ceci devrait donner à réfléchir à nos responsables du domaine.
Pour le comité exécutif de MVI
Dr. Khaled El Hicheri
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