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Lettre à monsieur le ministre de l’agriculture


Lettre à monsieur le ministre de l’agriculture

Cette année, la Journée Mondiale Vétérinaire (JMV) a été célébrée doublement par la profession vétérinaire (UGMVT et MVI) les 20 et 21 avril dernier et par le ministère de l’Agriculture quelques jours plus tard.  Monsieur Samir Ettaïeb, ministre de l’Agriculture, a prononcé, à cette occasion, un long et flatteur discours sur l’importance du rôle des médecins vétérinaires d’une manière générale et des Services Vétérinaires officiels, en particulier. Rappelons toutefois que les activités vétérinaires ne sont pas le fait des services vétérinaires officiels uniquement et que les organisations professionnelles non gouvernementales y contribuent pour une bonne part.
Merci monsieur le ministre pour ce discours flatteur ; il serait peut-être temps de passer à l’action pour s’attaquer aux vrais problèmes qui handicapent l’exercice de la profession vétérinaire. Je profite de l’occasion qui m’est offerte pour porter à votre attention les points suivants qui demandent réflexion et action :
L’activité des organisations professionnelles vétérinaires : les ONG à but non lucratif de la profession, ont à leur actif la création de nombreuses structures associatives et l’organisation de multiples manifestations régionales et internationales dont les congrès vétérinaires maghrébins  (avril 1982), les journées vétérinaires africaines (1987), le 27ème Congrès Mondial Vétérinaire (2002), l’association vétérinaire Euro-Arabe et l’Association Vétérinaire Africaine (2000) toutes deux présidées par des tunisiens, l’élection d’un tunisien à la présidence de l’Association Mondiale Vétérinaire, la proposition tunisienne de célébrer annuellement une JMV, et bien d’autres initiatives. A l’échelle nationale, 4 Conseils régionaux de l’Ordre ont été mis en place en 1999, des sociétés scientifiques ont été créées et l’Association Tunisienne des médecins vétérinaires spécialistes des animaux de compagnie (ATVAC) vit le jour. Plusieurs conventions et protocoles ont été signés dans et hors du pays. De nombreuses manifestations scientifiques et professionnelles ont été organisées sur différents thèmes. Les tableaux de garde et de permanence ont été mis en place, les cahiers de charges pour l’ouverture de cabinets et cliniques vétérinaires ont été élaborés, les listes d’experts ont été dressées, des contrats et des conventions types, entre vétérinaires et sociétés privées, ont été préparés, la médaille du mérite vétérinaire fut instituée en 1996. Des rappels aux départements employeurs dont celui de l’Agriculture, ont été effectués pour l’ouverture de concours de recrutement, de reclassement ou d’avancement dans les grades, pour les vétérinaires du secteur public. Des normes et conditions d’ouverture de laboratoires de biologie vétérinaire ont été élaborées, l’industrie pharmaceutique vétérinaire a été encouragée et assistée pour l’exportation de leurs produits en Irak. La « Maison du Médecin vétérinaire » fut construite, la réforme de la loi 58-38 par la loi 97-47 a été proposée ainsi que différents projets de textes législatifs et réglementaires concernant l’organisation de la profession et l’exercice de la médecine vétérinaire. La loi portant code de déontologie vétérinaire, paru le 14 juillet 2000. Le décret portant statut des médecins vétérinaires sanitaires, celui définissant la carrière de vétérinaire sanitaire, celui relatif à la spécialisation et au statut juridique des résidents en médecine vétérinaire, celui portant code de déontologie, l’arrêté relatif au Mandat Sanitaire (MS), l’arrêté conjoint des ministres de la Santé Publique et de l’Agriculture sur l’exercice de la propharmacie et, un amendement de la loi 73-78 sur la propharmacie vétérinaire, ont été proposés. De 1996 à 2002, le COV s’était imposé auprès de la BIRD comme interlocuteur crédible et partenaire fiable pour la mise en place du MS, dont les titulaires sont passés de 51 en 2008 à plus de 400 actuellement. Le premier accord avec la BIRD a été signé en juillet 2002 à Washington, en présence du président du COV qui ensuite organisa, en novembre 2002, un séminaire animé par un expert de la BIRD sur le sujet.
Comme vous pouvez le constater, monsieur le Ministre, les organisations non gouvernementales ne se sont pas croisés les bras ; leur bilan est plus qu’honorable. Elles ont porté la Tunisie aux sommets des organisations régionales et mondiales et ont très rarement bénéficié de l’appui des ministères de tutelle. 
Les attributions des Services Vétérinaires : Dans le cadre de leurs pouvoirs régaliens, les SV officiels agréent, auditent, certifient et accréditent, des structures d’élevage et de transformation de produits d’origine animales et jugent de l’état sanitaire des animaux. Or, à l’heure où on a le plus besoin d’eux, monsieur le ministre, leurs attributions s’amenuisent alors que, des postes frontaliers jusqu’à la distribution, le rôle des vétérinaires est fondamental pour prévenir ou limiter la propagation des maladies et la contamination des animaux et de l’homme. Durant des décennies, les SV ont été l’autorité compétente en hygiène et inspection des denrées alimentaires d’origine animale sur les lieux de production, les marchés, les lieux de collecte, d’abattage, de transformation et de commercialisation. Pour les remercier de leurs bons et loyaux services, ces attributions viennent de lui être retirées au profit de l’ANCSEP.
La situation sanitaire du cheptel en Tunisie malgré certains succès dans la lutte contre les épizooties, n’est pas aussi satisfaisante que vous le dite. L’activité des SV se concentre sur les maladies dites prioritaires dont les zoonoses avec des moyens limités, les documents préparés par les SV pour appuyer leurs demandes de financement, fournissant rarement des informations précises sur le rapport coûts/bénéfice de l’action à entreprendre. Cette carence est révélatrice des lacunes de la formation vétérinaire en économie et en administration des SV.
Ces maladies sont :
La brucellose des petits ruminants par B. Melitensis, longtemps occultée, a été révélée par une flambée de brucellose humaine qui a fait grand bruit en 1991 avec 454 cas déclarés dans le gouvernorat de Gafsa, ce qui a poussé les SV, déjà surchargés, à élaborer un programme de lutte basé sur la vaccination de masse qui s’est poursuivie pendant plus de 20 ans sans résultats tangibles, provoquant par contre l’infection d’un certain nombre de vétérinaires et d’auxiliaires. Des études s’imposent en vue de déterminer l’importance de la couverture immunitaire assurée et les effets sur la santé des animaux et des personnes et, si le programme de lutte devait se poursuivre les SV feraient mieux de procéder à l’abattage/indemnisation des animaux infectés dans les foyers et de vacciner en anneau, autour de ces foyers, tout en adoptant des mesures de prophylaxie sanitaire. Cela serait beaucoup moins onéreux, moins dangereux et moins consommateur de temps et de moyens.
La brucellose bovine avait aussi fait l’objet d’enquêtes épidémiologiques partielles qui ont révélé un taux de prévalence élevé dans les troupeaux de bovins laitiers de race pure, ce qui appelle à mener une enquête épidémiologique portant sur tout le cheptel bovin, afin de déterminer avec précision la prévalence de la maladie et son incidence dans les différents élevages bovins et dans les différentes régions du pays. Un programme d’assainissement a été adopté, basé sur les tests sérologiques. Malheureusement, les animaux présentant une sérologie positive sont prestement dirigés par les éleveurs vers les marchés, plus rémunérateurs que les indemnisations promises en cas d’abattage. De plus, le fait que B. Melitensis ait été diagnostiqué sur des bovins, fait de la brucellose bovine un grave problème de santé publique et plaide pour la reprise urgente du programme d’assainissement.
La rage a toujours constitué, un problème de santé publique. Plus de 99% des cas de rage humaine sont d’origine canine. La lutte contre la rage humaine se réduit principalement à la lutte contre la rage canine. Elle nécessite un suivi épidémiologique sans faute, en vue d’évaluer la couverture immunitaire des chiens vaccinés et l’impact des mesures de limitation des populations canines. Le schéma vaccinal retenu, basé sur une vaccination tous les deux ans, qui ne tenait pas compte du taux de renouvellement et s’était avéré inadapté. Des études ont permis de constater la sous-estimation de la population canine et de son taux de renouvellement très élevé ainsi que le taux élevé de chiens non vaccinables et une mauvaise réponse humorale des chiens. L’effort de vaccination massive, entrepris depuis 1982 n’a pas été suffisant pour éradiquer le fléau car le contrôle de la population canine n’avait pas pu être réalisé. La situation ne s’est guère améliorée depuis. Il convient de rappeler, monsieur le ministre, que la production par l’IRVT, de vaccins sur encéphale d’agneau avait été portée à 500.000 doses/an, couvrant les besoins de la campagne annuelle avant que n’intervienne l’IPT qui prétendait avoir mis au point un vaccin antirabique sur culture cellulaire qui s’avéra infecté de Border Disease, Le résultat final fut que la production de vaccin sur encéphale d’agneau fut arrêtée aussi bien à l’IRVT qu’à l’IPT et la Tunisie finit par importer le vaccin antirabique. Il serait temps de reprendre cette production.
La fièvre aphteuse s’était attaquée en 1989 aux ovins et avait provoqué d’importantes pertes. Malgré plusieurs campagnes de vaccination de masse, le cheptel n’est toujours pas à l’abri d’une nouvelle épizootie car rien ne le protège contre d’autres souches virales. La surveillance épidémiologique devrait permettrait de suivre l’évolution de la variation antigénique des souches virales qui se manifestent au Moyen-Orient et en Afrique et contre lesquelles le cheptel tunisien n’est pas immunisé, en vue d’utiliser le vaccin le plus approprié. Elle permettrait également d’évaluer l’immunité post-vaccinale, afin de pouvoir évaluer le programme de vaccination adopté et de le modifier si nécessaire. Une approche régionale (UMA) est recommandée.     
La clavelée sévit de manière endémique depuis de très nombreuses années en Tunisie. Les SV semblent se satisfaire d’une incidence de la maladie à un niveau tolérable. Son impact économique devient négligeable et il suffirait de vacciner dans et autour des foyers et de mettre en place des mesures de police sanitaire tout en menant des enquêtes épidémiologiques pour déterminer la prévalence de la maladie, déclarer indemnes certaines régions et modifier le programme de lutte qui se base encore sur la vaccination de masse.
Les salmonelloses aviaires touchent 10% des élevages contrôlés. Des salmonelles appartenant aux sérovars entéritidis et typhimurium sont régulièrement isolées sur des produits avicoles. Des enquêtes épidémiologiques sont menées sur les élevages de reproducteurs mais, considérant le danger des salmonelloses, il conviendrait d’étendre ces enquêtes aux élevages de production, couvoirs, abattoirs, usines d’aliments du bétail, unités de traitement, de transformation, de conditionnement, de stockage et de conservation ainsi qu’au commerce de détail.

Il n’y a pas que les maladies dites « prioritaires » qui doivent faire l’objet d’une surveillance et d’un suivi épidémiologique. Ce suivi devrait concerner certaines maladies de « production » dont les effets économiques sont désastreux. Il s’agit notamment de :
Les avortements épizootiques qui groupent en fait tous les avortements d’étiologie inconnue ou ceux qui sont attribués à la Chlamydiose. Les agents pathogènes en cause ne sont pas tous identifiés, ce qui justifierait des enquêtes épidémiologiques comme celles préconisées pour les brucelloses des ruminants.
Les pathologies de la reproduction dont on ne connait avec précision ni la prévalence ni l’incidence, figurent parmi les plus importantes pathologies des bovins et ovins tunisiens dont elles affectent la productivité. Des études épidémiologiques permettraient d’identifier ces infections et d’établir des programmes de prévention et de lutte.
La pathologie de la mamelle entraine la réforme de nombreuses vaches laitières. L’impact économique est important et les traitements aveugles aux antibiotiques, effectués par les éleveurs, développent des résistances se répercutant sur l’industrie fromagère ainsi que sur la santé des consommateurs. Des études épidémiologiques pour identifier les germes en cause et évaluer la prévalence des différents types de mammites, sont nécessaires.

Les activités vétérinaires sont multiples et diversifiées ; il s’agit notamment de :
Santé publique vétérinaire : constitue, une des activités vétérinaires les plus importantes. Du fait de sa position charnière entre le milieu, l’animal et l’homme, le vétérinaire exerce une activité bénéfique dans plusieurs domaines de la santé publique. Spécialiste de l’hygiène des denrées alimentaires d’origine animale et donc de la sécurité alimentaire du consommateur, il intervient de manière décisive dans la maîtrise des maladies transmissibles à l’homme et dans le contrôle sanitaire des produits alimentaires d’origine animale. Les domaines de priorité classiques de la SPV sont les risques et maladies associés aux animaux vivants et à leurs produits, la sécurité sanitaire des aliments, la prévention et le contrôle des toxi-infections alimentaires, l'inspection des viandes, des volailles et des poissons. Ces domaines concernent aussi les études environnementales portant sur l'eau, les vecteurs, la faune sauvage et le contrôle des populations animales ou des nuisibles, pouvant constituer des réservoirs de pathogènes pour les humains.
Hygiène publique vétérinaire : Les contaminations par les micro-organismes responsables peuvent se produire tout au long de la chaine alimentaire pendant la production, la conservation, la transformation ou la vente des produits alimentaires d’origine animale ou lors de la préparation des aliments. Les sources de contamination sont en premier lieu l’exploitation, puis l’abattoir pour les viandes, les centres de collectes pour le lait, les frigorifiques pour toutes les denrées, le personnel qui les manipule où le matériel et les équipements utilisés pour leur transformation et leur conditionnent. C’est à ces niveaux, considérés comme des points critiques que le vétérinaire peut intervenir pour saisir les denrées impropres à la consommation et les détruire.
Evaluation et maitrise des risques : les maladies à haut risque sont connues ; il s’agit notamment de la Fièvre aphteuse, la Peste bovine, la Variole ovine, les Brucelloses des petits ruminants et des bovins, la Péripneumonie Contagieuse Bovine, la Peste équine, la Peste des petits ruminant, la Dermatose nodulaire contagieuse, la Maladie de New Castle, la Maladie de Gumboro, la Rage, l’Echinococcose, la Fièvre de la vallée du Rift, la Blue Tongue, l’Influenza aviaire, la Maladie virale hémorragique du lapin, la West Nile Disease. Il convient de classer ces maladies selon les critères de potentiel de nuisance économique, de potentiel de diffusion, d’impact social et de santé publique.
Pour maitriser ces risques plusieurs mesures peuvent être prises dont notamment :
-    Contrôle strict aux frontières + tests sérologiques + abattage/destruction des animaux réagissant positivement (cas de la PPCB).
-    Suivi de l'évolution et de la diffusion du virus (fièvre aphteuse).
-     Surveillance basé sur les animaux sentinelles + enquêtes sérologiques, + contrôle des vecteurs + formation du personnel vétérinaire + éducation du public (Fièvre de la vallée du Rift)
-    Vaccination autour des foyers + contrôle mouvements d’animaux des zones infectées (clavelée).
-    Vaccination avec souche atténuée des sérotypes en cause + lutte contre vecteur (Blue Tongue).
-      Vaccination avec souche vaccinale inactivée (maladie de New Castle ou maladie virale hémorragique du lapin) 
-      Eradication par les mêmes méthodes utilisées pour l’éradication de la peste bovine (PPR).
-      L’abattage des animaux infectés + vaccination (brucellose des petits ruminants).
-      Limitation de la population de chiens errants + destruction des animaux morts, des saisies d’abattoir et des ordures ménagères + éducation sanitaire du public (Échinococcose)
Cette évaluation du risque est indispensable pour assurer la crédibilité des informations épidémiologiques que les SV sont appelés à diffuser et notamment pour déclarer le statut indemne de la Tunisie, vis-à-vis d’une maladie animale donnée.
La surveillance épidémiologique : elle se révèle plus que nécessaire mais ne doit pas être de la seule responsabilité des SV officiels et ne doit donc pas reposer uniquement sur l’activité de ces services. Les acteurs principaux sont les éleveurs eux-mêmes puis les libres praticiens. En outre, les SV ne pouvant continuer à utiliser la seule prophylaxie médicale pour prévenir certaines maladies, doivent renforcer les moyens de prévention par la mise en place de réseaux de surveillance épidémiologique. Toute insuffisance budgétaire, se traduirait par une réaction très lente à la présence d’une maladie d’introduction nouvelle et ne permettrait pas de déclencher, à temps, la mobilisation des moyens de lutte pour éviter les catastrophes.
La surveillance épidémiologique ne doit pas concerner les seules maladies classées prioritaires ou encore à déclaration obligatoire ; elle doit également concerner les maladies non réglementées.
Les laboratoires de biologie vétérinaire privés contribuent à la sécurité sanitaire des élevages et de leurs produits, et il serait équitable que des agréments leur soient accordés pour des tâches de contrôle officiel et qu’ils soient mandatés pour effectuer certaines analyses ou diagnostics. Or, un arrêté du ministre de l’Agriculture a dressé une liste des laboratoires habilités à pratiquer les analyses exigées lors de l’exportation et de l’importation de produits alimentaires. Cette liste ne comprend que les laboratoires du secteur étatique y compris ceux qui n’avaient rien de vétérinaire or, les laboratoires régionaux du ministère de la santé publique qui figurent sur cette liste, sont souvent dirigés par des techniciens et non des biologistes et que de nombreux laboratoires utilisent des techniques obsolètes. Cette liste devrait inclure les laboratoires privés agréés d’autant plus que des sociétés anonymes et d’élevage installent des laboratoires pour l’autocontrôle mais facturent les services à leurs clients, en contravention avec la loi. Qui des jeunes vétérinaires, qui terminent leur résidanat en biologie, voudrait encore s’engager dans cette voie semée d’embûches.
Les laboratoires de biologie vétérinaire du ministère de l’agriculture : il est devenu impératif de procéder au diagnostic des maladies par les techniques les plus rapides et les plus précises afin de permettre la réaction rapide et appropriée, face à l'agression or, L’IRVT, laboratoire central vétérinaire tunisien, ne dispose toujours pas d’un laboratoire P3 qui lui aurait permis de diagnostiquer sans risques, les maladies virales exogènes d’introduction nouvelle et, il ne dispose toujours pas d’une animalerie qui lui permettrait d’effectuer les tests, essais et contrôles requis pour certains types de diagnostic. D’autre part, le problème de l’approvisionnement en réactifs et antigènes continue à se poser du fait des modalités contraignantes d’acquisition de ces produits sur AO international. Les quantités demandées sont si faibles que les fournisseurs étrangers ne répondent même pas à ces AO qui sont renouvelés plusieurs fois avant que l’IRVT ne soit autorisée à procéder par consultation directe. Ces lourdeurs handicapent sérieusement l’activité des laboratoires qui sont souvent à cours d’antigènes et de réactifs.
Le contrôle aux frontières et les quarantaines : Les SV frontaliers sont une composante essentielle de l'autorité vétérinaire du pays. De leur efficacité dépend en grande partie le sort du cheptel national. Ils sont la clé de voûte de tout le système de prévention de l’introduction d’agents pathogènes et il n’est que de voir l’intérêt qui leur est accordé par les pays les plus soucieux de leur statut sanitaire, tels que les USA et les pays de l’UE, pour en évaluer l’importance. 
La Tunisie qui ne dispose pas de lazarets aux postes frontaliers a mis en place un système de quarantaines particulier qui ne présente pas de garantie fiable. 
La circulation des animaux et de leurs produits : de nombreux produits agricoles ne peuvent être transportés qu’accompagnés de certificats et d’autorisations de transport. Les certificats sanitaires vétérinaires pour leur part, ne sont délivrés qu’aux propriétaires d’animaux destinés à l’abattage (femelles bovines impropres à la reproduction et animaux réagissant à la tuberculose bovine ou à la brucellose bovine) ou aux exportateurs d’animaux et produits d’origine animale. En dehors de ces cas, aucun certificat autorisant le transport d’animaux ou le déplacement de troupeaux n’est exigé même en situation d’épizootie ou lors des campagnes de vaccination.
L’identification des bovins, en particulier, est un élément indispensable à la réalisation des programmes de santé et de production animales et à l'application des mesures réglementaires de circulation et de contrôle sanitaire des animaux. Un système d’identification des bovins, destiné autant à faciliter la réalisation des programmes de lutte contre la tuberculose bovine et la brucellose bovine que des programmes d’amélioration génétique, avait été conçu. Ce système n'a pas atteint ses objectifs malgré la distribution aux CRDA de 600.000 boucles.
Le mandat sanitaire : l’Administration a mis plus de 25 ans pour mettre en place le MS, limité pour l’instant aux seules activités de prophylaxie médicale. Elle n’envisage pas, dans l’immédiat, d’étendre le champ des activités confiées aux libres praticiens dans ce cadre. Ce Mandat pourrait être élargi à d’autres actions comme l’épidémiosurveillance, l’hygiène publique vétérinaire, la certification des élevages ou des structures de traitement des productions animales
Les besoins en compétences vétérinaires : La Tunisie a besoin de vétérinaires bien formés pour assurer la pratique sur le terrain et de spécialistes hautement qualifiés pour rassurer les partenaires commerciaux et la population. Elle doit former de nouvelles compétences vétérinaires adaptées aux besoins présents et futurs car le nombre d’étudiants qui intègrent le résidanat, depuis 2005, est nettement insuffisant pour combler le déficit accumulé durant plus de 30 ans.
La formation de base : l’émergence de nouvelles maladies animales, les maladies transfrontières, le changement climatique, la globalisation, les nouvelles exigences sociétales en sécurité et salubrité alimentaire, santé publique vétérinaire et bien-être animal, nous imposent d’améliorer la qualité de la formation de nos étudiants. Pour cela, un budget en adéquation avec les objectifs, des enseignants en phase avec l’avancement des sciences, un enseignement adapté aux conditions du moment et une évaluation des cours et des enseignants, sont nécessaires.
La formation continue est aussi importante que la formation de base or Il n'existe actuellement pas de formation continue institutionnalisée. Cette carence affecte, en premier lieu, les SV officiels qui sont évalués sur des critères de compétence. Elle pourrait devenir obligatoire pour la mise à niveau des connaissances, débuter dès la fin des études, se poursuivre durant l'activité professionnelle et tout vétérinaire devrait y consacrer au moins deux semaines dans l’année.
Les enseignants : leur préparation se fait actuellement par le système, apparenté à l’ancien système français. En France ce système a été remplacé par un système de type PhD qui prépare aussi bien à la recherche qu'à l'enseignement. La Tunisie pourrait en faire autant.
Les critères d’évaluation : l’évaluation et plus particulièrement l’autoévaluation ne fait pas encore partie de nos mœurs ni de nos règles de gestion. Ces critères doivent être établis pour évaluer la qualité des différents stades d’enseignement, pour l’évaluation des enseignants et pour l’évaluation des structures vétérinaires.
La langue d’enseignement : avec le déclin du français dans les enseignements primaire et secondaire, deux options se présentent : soit continuer à enseigner en français et alors il faudrait introduire des cours de français en année de préparation pour améliorer le niveau des étudiants en cette langue, soit opter pour l’arabe, ce qui imposerait aux enseignants d’arabiser leurs cours. C’est un choix difficile qui s’imposera à plus ou moins longue échéance et incite à la réflexion.

Les SV centraux : en 1988, l’organigramme de la Direction Générale de la Production Animale prévoyait 29 postes fonctionnels dont seuls 11 avaient fait l’objet de décrets de nomination ; plus de 30 ans après, de nombreux postes fonctionnels prévus par l’organigramme de la DGSV, ne sont toujours pas pourvus, barrant l’accès de la plupart des vétérinaires de cette Direction Générale, à des postes fonctionnels auxquels ils peuvent prétendre. Même l’accès aux grades, prévus par les statuts, a été touché par les atermoiements de l’administration du Ministère de l’Agriculture. Ces retards ont bloqué les plans de carrière de la plupart d’entre eux. Les concours prévus pour l’accès aux grades de médecins vétérinaires inspecteurs généraux, divisionnaires et i régionaux, les concours d’accès aux grades de médecins vétérinaires principaux et de médecins vétérinaires spécialistes, les reclassements de vétérinaires principaux dans la carrière technico-administrative, accusent de gros retards et, dans le cadre du statut technico-administratif, rares sont ceux qui partent à la retraite avec le grade de Médecin Vétérinaire Inspecteur Général. Ou qui peuvent prétendre un jour devenir CRDA.
Les services vétérinaires régionaux : le gel de carrière est également ressenti au niveau des CRDA où les vétérinaires se retrouvent au bas de l’échelle des postes fonctionnels, dans des positions subalternes. L’anomalie la plus évidente est que les APA dépendent techniquement de deux directions générales centrales : celle de la production animale et celle de DGSV. Ils subissent un blocage qui ne permet aucun espoir d’accès aux postes fonctionnels de directeur et surtout pas à celui de directeur général. Le personnel vétérinaire se retrouve ainsi sans aucune prise sur les moyens qui lui permettraient de mener à bien ses activités. Sur le plan fonctionnel, le chef d’APA n’est qu’un chef de service et dans le meilleur des cas un sous-directeur d’administration, chapeauté par un chef de division, sous-directeur ou directeur d’administration, relevant lui-même du CRDA. Alors que partout dans le monde, les directeurs des services vétérinaires régionaux ont un accès direct à l’autorité administrative supérieure au niveau de la province, en Tunisie l’accès direct au gouverneur est devenu impossible, le responsable vétérinaire régional doit gravir deux échelons administratifs qui n’ajoutent aucune plus-value à son activité et qui, au contraire, ralentissent considérablement son action, surtout lorsqu’il faut prendre des mesures d’urgence.
Les effets de la réduction des effectifs et des moyens : s’est traduite sur le terrain par une surcharge de travail ; il est devenu impossible même avec l’aide des mandatés, de mener à bien des tâches aussi nombreuses avec l’effectif et les moyens actuels. Le résultat était prévisible : les campagnes de prophylaxie arrivent difficilement à couvrir 50% des animaux ciblés, et les autres activités ne se font que partiellement avec de gros retard par rapport à leur programmation.
Exercice de la libre pratique : le coût, pour l’éleveur, du service rendu par le vétérinaire, ajouté au coût du médicament, est élevé et la définition des droits et obligations des vétérinaires de libre pratique, n’ont pas encore été clarifiée par les textes. Cette absence de cadre juridique a fait que le service public est resté prédominant malgré le nombre élevé de libres praticiens.
La loi 58-38 de 1958, qui a créé l'ordre des médecins vétérinaires de Tunisie, n’avait pas été suivie de décrets d’application spécifiques à la libre pratique et dans la loi 80-85 du 31 12 1980, organisant les carrières vétérinaires, la carrière privée est mentionnée mais aucun décret d’application ou texte réglementaire n’avait été promulgué pour l’organiser. L’exercice de la libre pratique reste régi par le COV et encadré par la chambre syndicale des libres praticiens. Les libres praticiens, impliqués dans l’application des programmes de santé, doivent être associés à leur mise au point et aux modalités de leur application.
L’insémination artificielle : L'insémination artificielle est une activité pour lesquelles les médecins vétérinaires sont les mieux préparés. Il s'agit d'un service qui s'intègre parfaitement dans l'activité normale et quotidienne du vétérinaire en pratique rurale et qui permet d'offrir à l'éleveur une gamme plus complète des services qu'il réclame. Dans plusieurs pays, en Belgique en exemple, l'insémination artificielle est considérée comme une activité strictement vétérinaire car l’acte d’inséminer est considéré comme un acte médical par le lien étroit existant entre cette intervention et la pathologie de la reproduction.
Les éleveurs sont un élément essentiel dans le système de santé et constituent le premier maillon de la chaine de santé. La lutte contre les maladies animales nécessite une étroite collaboration entre éleveurs et vétérinaires mais ce n’est qu’une fois regroupés, dans des associations à caractère économique et technique, capables de dialoguer avec les services officiels, qu’ils pourront être audibles, crédibles et efficaces. Ils doivent être formés aux bonnes pratiques d’élevage et à la nécessité de déclarer les cas de suspicion, collaborer aux programmes de dépistage, de prévention et d’éradication des maladies animales et participer aux frais de ces programmes. Certaines activités, assurées par les services de l’État (SV ou OEP) pourraient être confiées à ces structures professionnelles non gouvernementales.
La législation : Il est urgent de publier les textes d'application de la loi de 1958, relatifs à l'exercice à titre privé de la médecine, de la chirurgie et de la pharmacie vétérinaires dans un objectif de protection des intérêts de l'État, du libre praticien et de l'éleveur. Ces textes devraient comporter la liste des opérations de prophylaxie médicale et autres missions qui pourraient être confiées aux vétérinaires privés dans le cadre du MS. Il est toutefois conseillé d’associer les libres praticiens à l’élaboration de ces textes car ils sont confrontés quotidiennement aux difficultés d’application de la législation dont les dispositions ont une incidence parfois négative sur leurs activités. Il reste par ailleurs que la législation en matière d'hygiène et de salubrité des aliments est archaïque et source de conflits de compétences. Sa révision est nécessaire. De plus, plusieurs maladies animales ne sont pas concernées par la législation tunisienne. Cette lacune pourrait avoir de graves conséquences sur le commerce international et sur la protection de la population animale.
La pharmacie vétérinaire : La question de la pharmacie vétérinaire est une des questions les plus sensibles auxquelles est confronté le corps des vétérinaires et envenime les relations entre deux professions de santé, en principe complémentaires. La pharmacie vétérinaire constitue un instrument de travail et non une source de profit et le médicament vétérinaire constitue un élément essentiel de l’activité de libre pratique or en Tunisie, les pharmaciens commercialisent les médicaments vétérinaires, souvent sans prescription, encourageant l’automédication et l’exercice illégal de la médecine vétérinaire et entrainant des conséquences désastreuses pour la santé publique. Par ailleurs plus le coût est élevé moins les éleveurs consultent le vétérinaire et l’action conjuguée d’un retrait de la propharmacie et de la vente sans ordonnance équivalent à condamner à une mort certaine la médecine vétérinaire de libre pratique. D’autre part, le coût des médicaments pour l’éleveur représente une composante importante des coûts de production et influe sur la rentabilité de l’élevage. L’éleveur paie le médicament vétérinaire deux fois son prix C&F et c’est ainsi que le traitement d’une mammite de vache laitière peut atteindre l’équivalent de 200 litres de lait, soit 6 fois plus qu’en Europe.
Le vétérinaire est un partenaire indissociable de l’éleveur et la médecine vétérinaire est une médecine économique ; aussi lorsque l’élevage est en crise, l’éleveur se débarrasse de ses animaux de rente, et le vétérinaire est l’un de ceux qui en pâti le plus.
L’État ne fait rien pour faire reconnaître le droit à la pharmacie vétérinaire des libres praticiens comme cela est le cas dans les autres pays de l’UMA cette activité constitue une partie importante des activités et des ressources du libre praticien. Alors que la loi organisant les professions pharmaceutiques lève toute équivoque (article 33) quant à l’habilitation des vétérinaires, sans exclusive, à exercer la pharmacie vétérinaire, la possibilité de s'adonner à la production, à l'importation et à la distribution des produits vétérinaires comme cela est le cas dans les autres pays de l’UMA ne leur est pas encore accordée.
Il existe par ailleurs, un vrai problème de moralisation des circuits de distribution et de l'usage de ces médicaments et il serait temps d’arrêter les pratiques illégales, dans la distribution au détail du médicament vétérinaire et de sa vente illicite car les importations illégales échappent à tout contrôle de qualité et constituent un danger permanent pour le cheptel et pour la santé de la population. Pour lutter contre ces abus, la profession avait proposé l’exonération des droits de douanes, la levée du monopole d’importation de la PCT, l’exercice sans de la pharmacie vétérinaire et la création d’une mutuelle de distribution.
L'industrie agroalimentaire est l'industrie nationale par excellence ; elle se caractérise par un grand taux d'intégration et une importante valeur ajoutée pour les produits de l'agriculture de l’élevage et de la pêche. Elle est par contre fragile. Sa pérennité réside dans la qualité de ses produits. Cette qualité est liée à la santé du consommateur et le marché exige une constance des caractéristiques qualitatives des produits, la salubrité dépendant de l’hygiène au niveau de la production et de la transformation ainsi que de la lutte efficace contre les maladies animales.
Si les textes, encore en application, donnent pleins pouvoirs au vétérinaire en matière d’inspection sanitaire des viandes dans les abattoirs, ils sont inapplicables dans la quasi-totalité des abattoirs qui ne répondent pas aux normes minimales d’hygiène. Un plan directeur des abattoirs a bien été conçu mais Il n’a jamais été appliqué et Il est curieux de constater qu’au moment où les pays développés optaient pour la concentration des abattages pour un meilleur contrôle, la Tunisie adoptait la position contraire.
Activités vétérinaires publiques et privées : médecins vétérinaires officiels ou praticiens privés dotés du MS effectuent des opérations de prophylaxie médicale et contribuent à la prévention et à la maîtrise des maladies réglementées à déclaration obligatoire qui peuvent avoir une incidence sur la santé humaine (rage, tuberculose, brucellose) ou sur la santé animale (fièvre aphteuse). Ils participent également au dépistage des maladies émergentes (influenza aviaire, blue tongue, peste de petits ruminants). Le maillage du territoire devenant de plus en plus dense, les postes de pratique privée en milieu rural tendent à se raréfier et les jeunes qui s’installent éprouvent des difficultés à survivre, d’où des changements de poste fréquents ou le repli sur les villes pour l’exercice de la petite clientèle, ce qui est le cas pour les vétérinaires femmes.
Les SV et le commerce international : de nos jours, il ne suffit pas de déclarer que le pays est indemne de telle ou telle maladie, il faut le prouver de manière scientifique et selon un protocole de plus en plus strict, au risque de paraitre « suspect ». La Tunisie a beaucoup souffert de ces situations ; elle a affronté des épizooties désastreuses dont l’origine se situe à des milliers de kilomètres de ses frontières. Les conséquences économiques négatives ont été importantes. Les barrières non tarifaires que pouvaient dresser les pays pauvres pour se protéger, face à l’appétit des pays riches, ont été abattues mais ces derniers ont tôt fait de mettre en place de nouvelles barrières, à leur seul profit, représentées par des exigences structurelles et des normes qualitatives, hors de portée des pays pauvres, obligés d’ouvrir les portes de leurs services vétérinaires et de leurs laboratoires aux évaluateurs des pays riches, qui peuvent à tout moment, arguer de faiblesses structurelles et normatives pour bloquer les exportations vers leurs marchés et protéger leurs producteurs.

L’avenir des SV et leur nécessaire restructuration : la situation des SV en Tunisie est préoccupante à plus d’un titre. Alors que les missions qui leurs sont confiées se multiplient et se diversifient, du fait des pressions extérieures, les moyens qui leurs sont alloués, ne répondent pas aux besoins générés par ces nouvelles missions au moment même où on leur demandait de démontrer leur capacité à répondre aux critères de qualité des pays développés. Devant ces exigences, les SV sont dans l’obligation de remonter plus en amont des filières de production et d’inspecter les élevages pour contrôler leurs conditions d’hygiène et s’assurer que les produits vétérinaires employés sur le troupeau et les locaux dans lesquels ils vivent, ne nuisent pas au bien-être des animaux ni à la qualité de leurs productions. La modernisation des SV tunisiens est étroitement liée au développement du commerce mondial et aux exigences des autorités sanitaires des autres pays avec lesquels nous échangeons. Nous devons mettre à niveau nos SV et leurs structures de soutien, mieux les équiper et mieux former nos cadres. Les SV doivent pour cela disposer de ressources suffisantes, de meilleurs équipements de diagnostic et de contrôle, et d’une législation plus adaptée.
L’épidémiologie doit occuper une place primordiale dans les activités vétérinaires. Tout programme de prévention et de lutte contre les maladies animales doit être précédé par une enquête épidémiologique sérieuse pour ne pas avoir à refaire certaines actions comme l’assainissement des étables de maladies telles que la tuberculose et la brucellose bovines ou le programme d’identification, actions qui ont coûté trop cher et qui coûteront encore plus cher lorsqu’il faudra repartir de zéro.
L’avenir de nos SV est aussi une question d’organisation et de gestion administrative et financière qui ne saurait se concevoir sans une restructuration indispensable et l’unification des structures vétérinaires. La logique voudrait qu’une structure unique réunisse les prérogatives régaliennes des SV et les missions de développement et de promotion de l’élevage et d’amélioration de la qualité de ses produits. Sur le terrain, le vétérinaire est un facteur de développement qui doit être considéré comme un promoteur et non comme un simple prestataire de service. L’État devrait engager une politique volontariste d’incitation fiscale pour faciliter l’implantation des jeunes vétérinaires, ce qui permettrait d’aller plus loin dans la couverture des zones rurales les plus excentrées.

Comme vous pouvez le constater, monsieur le Ministre, il y a beaucoup à faire mais pas que des discours. Donnez les moyens aux Services Vétérinaires et à la profession ; ils le rendront bien au pays.

Dr. Khaled El Hicheri




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