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Mosquées de Tunisie : Joindre l’utile au spirituel


Mosquées de Tunisie : Joindre l’utile au spirituel                  
C’est Ramadhan le mois où le Coran a été révélé au prophète Mohammed ; le mois saint ; celui de la méditation, de la réflexion spirituelle et de la prière. C’est aussi le mois où les mosquées sont très animées et où la ferveur religieuse de nos concitoyens s’exprime par une fréquentation assidue de ces lieux de prière.

Dans la tradition musulmane la mosquée, comme son nom en arabe l’indique, est un lieu de rencontre qui rassemble les croyants à l’heure de la prière, sans distinction d’âge, de sexe ou d’appartenance sociale. Nombreuses étaient les mosquées qui abritaient dans leurs annexes des Koutabs où nos jeunes enfants apprenaient en même temps que le Coran, les rudiments de l’écriture et de la lecture, tout en étant soustraits aux méfaits de la rue. Un Hammam jouxtait parfois la mosquée, rendant ainsi un appréciable service à la communauté. L’imam était une personne érudite, choisi par la population pour sa connaissance de l’islam. C’était une personnalité respectée jouissant d’une réputation de probité, d’honnêteté et de sagesse. Aujourd’hui, c’est un fonctionnaire de l’Etat formé pour cette activité et ses serments sont orientés par l’administration qui l’emploie.

En 2014, le nombre de mosquées* en Tunisie, aurait été de 5 470, soit une mosquée pour environ 2200 habitants. Il doit certainement en exister beaucoup plus à l’heure actuelle car de nombreuses mosquées se construisent dans les coins les plus reculés de la République, financées par les dons des particuliers. La construction de ces mosquées se fait parfois, dans des endroits où la population est quasi inexistante, sur des terrains qui sont détournés de leur vocation agricole sous le fallacieux prétexte que le « bienfaiteur », propriétaire du terrain, désire construire une mosquée. Qui oserait lui refuser cela ? En fait, assez souvent ce n’est là qu’un stratagème pour changer la vocation du terrain et vendre les parcelles alentour comme terrain à bâtir à un prix nettement supérieur.

Certaines mosquées restent plusieurs années en construction par manque de fonds, ce qui fournit l’occasion aux quêteurs de continuer à quémander des oboles auprès des braves gens et on les voit très souvent passer d’un commerce à l’autre ou aborder les passants pour leur réclamer une participation financière. La plupart ne refusent pas leur contribution mais des questions se posent à cet effet : qui sont ces quêteurs ? Sont-ils autorisés à collecter de l’argent ? Qui contrôle l’utilisation de cette manne financière ?

Sur un autre plan, au vu de l’implantation des mosquées dans le paysage urbanistique du pays, de leur architecture disparate et de leur nombre, il semble que les normes de densité de la population ou d’espace entre mosquées dans un même quartier, n’ont pas été retenus. Les critères esthétiques, urbanistiques et environnementaux et ceux de facilité d’accès aux moyens de déplacement et de places de parking, sont la plupart du temps ignorés, occasionnant des embouteillages et des parkings sauvages sur les trottoirs et sur la chaussée, notamment lors de la grande prière du vendredi qui draine un nombre important de citoyens vers les mosquées.

En outre, l’esthétique est souvent négligée or une mosquée doit inspirer le respect et l’admiration par sa beauté intérieure et l’élégance de son aspect extérieur ; ce n’est pas simplement un lieu de culte mais c’est également une œuvre d’art architectural, témoin de son temps qui doit aussi s’inscrire dans son environnement et refléter son particularisme. On est alors en droit de se demander comment sont délivrées les autorisations à bâtir ? Les plans d’architecture obéissent-ils à des normes particulières ?  a-t-il été fait appel à un architecte ? La conception et l’esthétique sont-elles prises en considération ? Existe-t-il un cahier des charges ? Les municipalités disposent-elles de plans type ?
Ne serait-il pas plus indiqué d’organiser un concours annuel national d’architecture des mosquées, doté d’un prix attractif, auquel participeraient les architectes et les étudiants en architecture et qui consisterait à présenter des projets d’ensembles socioculturels axés sur les mosquées, répondant aux normes techniques actuelles, s’inspirant de la tradition et respectant les styles architecturaux de chaque région.

Il conviendrait de n’accorder le permis de construire d’une mosquée que lorsque le dossier technique est complet et que le montant de l’investissement est bloqué à la banque. Il serait par ailleurs recommandé de refuser les changements de vocation de terrains à usage agricole, situés loin des agglomérations. Il serait certainement utile de soumettre tout projet de construction d’une mosquée au respect d’un cahier de charge, obéissant aux caractéristiques citées précédemment et obligeant les promoteurs à construire non seulement un lieu de culte mais un ensemble socioculturel gravitant autour de la mosquée et comprenant, selon les cas, un ou plusieurs des éléments suivants : bibliothèque, hammam ou douches publiques, club informatique, bureaux pour les associations caritatives et autres ONG, salle de sport, club de musique, club d’échecs et toute autre unité socioculturelle ou d’utilité publique, jugée opportune et qui ne porte pas atteinte à l’ordre public.

Les investissements sont importants et ils pourraient, en effet, être mieux valorisés si la mosquée assurait en plus de son rôle spirituel, un rôle social au bénéfice de la communauté.
  Ce domaine est un domaine sensible qui demande un minimum d’organisation et de réglementation afin que les investissements consentis pour édifier ces lieux de culte soient plus utiles à la communauté, que nos mosquées soient plus belles et qu’elles puissent jouer un rôle social, d’utilité publique.
 
  Ramadhane kérim we aid moubarek.

                                                                                                          Dr. Khaled El Hicheri

  * source wikipédia, décembre 2015

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