La lutte contre les insectes vecteurs de maladies animales et humaines : Maladies transmises par les moustiques
La lutte contre les
insectes vecteurs de maladies animales et humaines : Maladies transmises par les
moustiques
Les dernières pluies et les inondations qu’elles ont
provoqué ont favorisé la pullulation de moustique aussi bien dans les villes
que dans les campagnes. Ces moustiques sont les vecteurs d’agents pathogènes
dangereux pour notre population et pour nos ressources animales. La question
mérite que l’on s’y attarde pour évaluer les risques et dangers et pour
réfléchir sur les moyens de lutte contre ces insectes vecteurs de maladie
animales et humaines.
Il faut savoir, en effet, que plus de la moitié
de la population mondiale vit dans des zones où les différentes espèces de
moustiques prolifèrent. Plusieurs espèces de ces moustiques sont vecteurs
d’agents pathogènes et donc porteurs de diverses maladies transmissibles à
l’être humain. Ces moustiques contractent la maladie en se nourrissant du sang d’animaux
infectés avant de piquer un être humain. Les maladies transmises par les
moustiques sont répandues dans le monde entier et dans certains cas, sont
responsables de graves maladies, d’anomalies congénitales et de mort.
Cependant, ces maladies peuvent présenter moins de risques pour les populations
animales et humaines si des mesures de prévention et de détection sont prises
en amont. Pour cela, la lutte contre les moustiques et les autres insectes
vecteurs nécessite des moyens et des efforts importants pour éviter des
flambées épidémiques.
Il y a
plusieurs types de moustiques et certains sont capables de transmettre de
nombreuses maladies : paludisme,
fièvre jaune, dengue, fièvre du Nil occidental, Chikungunya, fièvre
catarrhale ovine, encéphalites équines et bien d’autres, nous apportent la
preuve que les moustiques sont de dangereux vecteurs de maladies,
principalement dans les régions tropicales. Mais pas seulement. Ils sont responsables de centaines de milliers voir
de millions de décès par an. Les moustiques font partie des animaux les plus
dangereux par le nombre de décès qu’ils provoquent dans le monde. Leur capacité
à être porteurs de maladies et à les transmettre aux êtres humains et aux
animaux, entraîne de nombreuse mortalités chaque année. Après une rapide
compilation, des maladies transmises par les moustiques et certains autres
insectes vecteurs, nous pouvons citer :
Le paludisme. 40% de la population mondiale sont
exposés au risque de paludisme. Cette maladie tue entre 1 et 2 millions de
personnes par an. L’OMS déclare que 250 millions de cas se déclarent
annuellement dans le monde dont 90% sont observés sur le continent africain. De
nombreux cas commencent à être observés dans des pays jusque-là indemnes. Le
paludisme à Plasmodium falciparum est celui qui est à
l’origine de plus de 1 million de cas mortels enregistrés chaque année dans le
monde.
La dengue est transmise par des moustiques du
genre Aedes infectés par l’un des quatre virus de la Dengue. D’après les
estimations de l’OMS, il y aurait chaque année, 50 millions de cas dans le
monde. Il existe une forme sévère, la « dengue hémorragique »
qui atteint 500 000 personnes par an et dont le taux de léthalité peut dépasser
20% de ces cas. L’incidence de la dengue a été
multipliée par 3 en 30 ans et de plus en plus de pays signalent l’apparition pour la première fois
de cette maladie.
La fièvre jaune : cette maladie virale atteint près de 200 000
personnes par an et 30 000 en meurent chaque année. Elle est transmise par des
moustiques du genre Aedes et Haemagogus. La maladie sévit à
l’état endémique dans de nombreux pays d’Afrique et d’Amérique du Sud. Il
existe toutefois un vaccin.
La fièvre du Nil occidental. Les moustiques de l’espèce culex
sont infectés lors d’un « repas de sang » effectué sur des oiseaux eux-mêmes
porteurs de ce virus. Dans 80% des cas l’infection passe inaperçue. Le reste du
temps elle est évocatrice d’un syndrome grippal, mais des complications
méningées peuvent survenir et entrainer la mort. Une recrudescence de la
circulation du Virus du Nil occidental a été constatée ces dernières années dans
les pays méditerranéens.
Le chikungunya, maladie transmise par les moustiques
de type Aedes a été surtout décrite en Afrique, en Asie du sud-est, en
Inde, au Pakistan et en Indonésie. Elle se manifeste par une forte fièvre, des maux
de tête et de violentes douleurs musculaires et articulaires aux poignets,
chevilles et phalanges. Les douleurs peuvent persister plusieurs semaines,
voire des mois.
Le Virus Zikavéhiculé par un moustique du genre Aedes a été déclaré « urgence de santé publique de portée internationale » en 2016. Des foyers de maladie à virus
Zika ont été
signalés en Afrique, en Amérique du nord et du sud, en Asie et dans le Pacifique. On retrouve ce moustique dans plus de 130 pays..
La
leishmaniose, est une maladie transmise par les phlébotomes).
Suite à des piqures répétées, les phlébotomes inoculent des parasites qui
s'attaquent aux défenses immunitaires du chien. Ils sévissent principalement
dans le Bassin Méditerranéen. Les chiens sont atteints par cette maladie
présentent un taux de léthalité important. Cette maladie affecte la santé des
populations à hauteur de deux millions de cas par an dans le monde.
La
fièvre catarrhale du mouton (FCO),
est provoquée par un virus transmis par un moucheron (culicoïde). Elle peut
causer 60 à 70% de pertes dans certains élevages. Elle est présente sur
plusieurs continents, même dans les pays d'Europe du Nord où les insectes
vecteurs se sont adaptés et résistent aux hivers rigoureux. La vaccination à grande échelle est considérée comme la
meilleure méthode de prévention.
Le virus
de Schmallenberg atteint les élevages ovins et bovins, causant des malformations et des
avortements. En Europe, les cas sont de plus en plus nombreux.
La fièvre
de la Vallée du Rift, présente
en Afrique est une maladie animale transmissible aux humains.
L’encéphalite équine de
l’ouest
Le virus de (EEO) est transmis par le moustique
Culex. La maladie est très répandue dans les Amériques et dans les Caraïbes
mais elle reste cependant une maladie rare. Le taux de mortalité est très
faible et celle-ci menace surtout les personnes âgées. La plupart des personnes
infectées développent des symptômes grippaux tels que nausées, vomissements,
maux de tête et douleurs musculaires. Il n’existe malheureusement de vaccin que pour les
chevaux.
La
filariose lymphatique est
l’une des maladies transmises par les moustiques les moins connues, mais l’une
des plus dangereuses. L’infection est causée par un ver parasite transmis par
de très nombreuses espèces de moustiques, sévissant en Afrique, en Amérique du
Sud et dans le Pacifique . Le parasite peut provoquer une enflure extrême
des bras, des jambes ou des parties génitales. Les malades peuvent aussi
souffrir d’éléphantiasis. Le citrate de diéthylcarbamazine (DEC) administré
pendant 12 jours en continu, peut mettre fin à l’infection et tuer le parasite.
Le Virus de La Crosse nous est transmis par des moustiques des genres Anopheles, Ochlerotatus) et Culex. Il est présent dans le monde entier. La symptomatologie est variée : absence de symptômes ou légère fièvre et symptômes grippaux, ou encéphalite mortelle. Il est particulièrement dangereux pour les enfants de moins de 16 ans ; même dans sa forme légère, le virus peut causer des convulsions. Dans des cas extrêmement rares il y a paralysie, incapacité à long terme, et parfois mort. Il n’existe ni vaccin ni traitement contre ce virus.
Le Virus de l’encéphalite équine de l’est. Le moustique Culiseta melanura est le vecteur de ce virus. L’EEE est l’une des plus graves maladies transmises par les moustiques aux USA ; près du tiers des personnes infectées meurent et beaucoup de ceux qui survivent gardent des séquelles neurologiques. Les infections surviennent surtout au printemps et sont associées aux mouvements migratoires des oiseaux. Les symptômes sont de type grippaux ou d’ordre encéphalique avec vomissements, convulsion et coma. Il n’existe ni vaccin ni traitement.
L’Encéphalite équine vénézuélienne transmise par les moustiques, l’EEV est une proche parente de L’EEE. Les symptômes ressemblent beaucoup à ceux de l’EEE, mais ils représentent en plus des risques aggravés pour les fœtus et les femmes enceintes. Un apaisement des symptômes est généralement observé après 5 jours, mais, dans certains cas, le virus peut être fatal.
La liste est encore plus longue aussi, la recrudescence des maladies transmises à l'homme et à l'animal doit-elle solliciter la vigilance des pouvoirs publics car ces dernières années ont été marquées par l'extension rapide, dans l’espace, de plusieurs maladies humaines et animales transmises par des insectes vecteurs comme les moustiques, les moucherons ou les tiques. Les alertes sur l'apparition d'épidémies causées par les agents pathogènes véhiculés par ces insectes sont nombreuses et sont la cause de problèmes de santé publique difficiles à anticiper et à prévenir. L'implantation des moustiques vecteurs et leur potentiel de transmission expliquent la forte incidence des maladies qu’ils transmettent. Les personnes et les animaux infectés par les virus véhiculés par les moustiques se comptent par centaines de millions. Le réchauffement climatique favorise l’extension de l’aire géographique de l’infection à des régions tempérées, jusque-là indemnes. Le cas du paludisme illustre la gravité de ces maladies et la nécessité impérieuse de lutter contre les vecteurs des agents pathogènes. La situation est préoccupante car les parasites résistent aux traitements, les moustiques résistent aux insecticides et pour la plupart de ces maladies aucun vaccin n'est aujourd'hui disponible.
La « lutte
antivectorielle » a pour objectif de minimiser les risques épidémiques et d’endémicité
de ces maladies, et de diminuer la transmission d'agents pathogènes par les
insectes vecteurs. Ces vecteurs ne connaissent pas de frontières et les défis à
relever sont impactés par les changements observés au niveau du climat
(réchauffement), de l’environnement et du milieu ainsi que du mode de vie des
populations (urbanisation) et de la modification de leurs habitudes et
comportements sociaux. Ces changements influencent considérablement les modes
de transmission des maladies et favorisent la colonisation de vastes
territoires, voir des continents, par certaines espèces de moustique.
Face au risque de
propagation des maladies transmises par les insectes, la lutte antivectorielle
ne peut se baser que sur des stratégies de prévention et d'organisation. Ces
stratégies diffèrent peu selon que les maladies soient humaines ou animales. En
milieu urbain comme en milieu rural, la stratégie vise prioritairement le
contrôle des gîtes larvaires, l’identification des espèces à cibler,
l’appréciation de l'étendue des zones à traiter et le choix du meilleur insecticide
dont l’impacts sur l'environnement serait le plus réduit possible.
Un centre national
d'expertise et de lutte contre ces vecteurs pourrait coordonner et mutualiser
les connaissances et les informations, améliorer la communication et la
formation, évaluer les interventions et soutenir la recherche fondamentale.
Pour ce faire, un cadre juridique doit être défini dès à présent, impliquant
les collectivités locales.
Dr. Khaled El Hicheri
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