Le
kyste hydatique : un exemple de collaboration entre médecins et médecins
vétérinaires
La collaboration entre
médecins et médecins vétérinaire dans le domaine de la lutte contre le kyste
hydatique, ne se limite pas à la campagne « AÏD sans kyste ». Elle
englobe plusieurs études et enquêtes épidémiologiques telles que celles initiées
par feu le professeur Brahim El Gharbi ou par le professeur Hassen El Gharbi.
Depuis
l’indépendance du pays en 1956, la première initiative de collaboration Médico-Vétérinaire fut
réalisée par feu le professeur Brahim El Gharbi de l'institut de
pneumologie de l'Ariana. Une équipe médicale composée du Professeur Brahim El Gharbi,
du Professeur Abdellatif Chebou et du Dr. Jeguirim, biologiste, épaulée par une
équipe de médecins vétérinaires de terrain, composée des Dr.Rouabeh (Arrondissement
Production Animale de Kasserine) et Dr.Methnani (Arrondissement Production Animale
de Sliana) réalisa, de 1979 à 1981 une étude épidémiologique sur la prévalence
et l’incidence de l’hydatidose-échinococcose dans les gouvernorats de Kasserine
et de Siliana, afin d’établir le rapport entre infestation animale et humaine.
Les
résultats de cette enquête épidémiologique furent présentés au Congrès Mondiale
d'hydatidologie d'Alger en Mai 1981, et furent publiés sur la revue MAGHREB
MEDICAL N°49 du1er septembre1982.
A partir
de cette date de nombreuses autres enquêtes furent menées par des médecins et
des médecins vétérinaires des facultés de médecines et de l’Ecole Nationale de
Médecine vétérinaire
Il convient
de mentionner également une autre collaboration Médico-Vétérinaire qui fut
établie entre le Dr. Hassen El Gharbi (Radiologue) et moi-même, de
1982-1983, sur le dépistage du Kyste Hydatique par Echographie dans la
région de Kasserine. Ce
dépistage échographique systématique révéla que 40% des ovins de la région étaient
infestés par ce parasite.
Rappelons au lecteur que l’hydatidose,
également désignée sous les noms d’échinococcose hydatique ou d’échinococcose
kystique, est une maladie parasitaire due à la larve d’un ténia du
chien : Echinococcus granulosus. Le chien est l'hôte définitif
de ce ténia car il héberge ses formes adultes. Il s’infecte en mangeant des
abats de mouton infestés (hôte intermédiaire du parasite).
Dans ce cycle, l’homme constitue
une impasse parasitaire et ne peut pas transmettre la maladie. Il se contamine
toujours de façon accidentelle ; il s’infeste en ingérant les œufs du
parasite par voie directe (chien : léchage, caresses), plus rarement par voie
indirecte (eau, fruits, légumes souillés par les œufs du parasite). Dans son
organisme, le parasite cesse de se développer et la
maladie se manifeste par la formation d'un kyste hydatique
La maladie
sévit en Tunisie à l’état endémique et constitue un véritable problème de santé
publique. La seule arme contre la maladie reste la prévention ; or le réservoir canin du parasite ne fait
l’objet d’aucune mesure destinée à réduire son portage parasitaire alors que
seule une action de traitement médical de masse des chiens, est capable de
réduire son incidence sur les populations animales et humaines.
L’hydatidose
fait partie des maladies dites « négligées » dans plusieurs pays du monde y
compris la Tunisie. En effet, bien que le kyste hydatique soit une maladie à déclaration obligatoire dans
notre pays, cette obligation n’est pas respectée et l’on se heurte à un
phénomène important de sous-déclaration, concernant 2 cas sur 3. L’hydatidose
demeure donc un problème de santé publique largement sous-estimé et la
prévention de la maladie chez l’homme repose uniquement sur l’éducation
sanitaire de la population, ce qui n’est pas suffisant pour venir à bout de ce fléau.
Il
est toutefois possible d’éradiquer l’Hydatidose-échinococcose provoquée par
echinicoccus granulosis
quand on peut bénéficier du soutien d’un public sensibilisé et d’une
administration fortement impliquée et efficace car parmi les zoonoses, cette parasitose, dont les chiens et les
ovins sont respectivement les hôtes définitifs et les hôtes intermédiaires,
constitue une cible idéale pour un programme national de lutte d’autant plus
qu’il peut être couplé avec le programme de lutte contre la rage et qu’il
s’inscrit dans l’approche « One Health ». Les vétérinaires, malgré
les risques qu’ils encourent, peuvent contribuer efficacement à la lutte contre
ces deux maladies si les moyens qu’exigent ces programmes sont réunis.
Un contrôle raisonnable de la maladie
animale et une diminution significative des cas humains, sont possibles. La
surveillance active de la maladie, par utilisation de tests, peut être assurée
à peu de frais et il existe des médicaments efficaces qui peuvent être utilisés
pour traiter les parasites au stade adulte chez les chiens ainsi que pour
traiter les cas humains. Un vaccin efficace a aussi été développé pour prévenir
les infestations au stade larvaire chez les hôtes intermédiaires.
D’une manière générale, dans la lutte
contre les zoonoses, les problèmes fondamentaux sont des facteurs culturels et
de mentalités, plutôt que des questions techniques. La réussite des programmes
de prévention et de lutte est intimement liée à la volonté politique, à
l’efficacité de l’administration et à l’éducation du public. Des programmes d’éducation
sanitaire du public doivent donc précéder toute mise en place d’un programme de
lutte ou d’éradication de cette zoonose comme de toute autre zoonose.
Dr. Abdelbaki Rouébah
P.S. en liaison avec le sujet, prière
consulter sur le blog medvetin.blogspot.com les articles suivants déjà
parus :
- Le
kyste hydatique (18.8.2018)
- Les
zoonoses : prévention et lutte (03.12.2018)
-
Contribution des médecins vétérinaires à la sécurité alimentaire (08.7.2019)
-
Inspection des viandes : 05.8.2019)
- Le
médecin vétérinaire inspecteur de la santé publique vétérinaire (06.8.2019)
- La
nécessaire collaboration entre médecins et vétérinaires (07.8.2019)
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