Nos
forêts vont- elles partir en fumée ?
Le domaine forestier en
Tunisie couvre environ 1,2 millions d’hectares, soit 6% de la superficie du
territoire national. Il en couvrait environ 4 millions avant le protectorat et
0,4 millions à l’indépendance soit un effort de reforestation de 0,8 millions
d’hectares de l’indépendance à nos jours. Une population de plus de 1 million
d’habitants vivent directement ou indirectement de la forêt, soit plus de 8% de
la population tunisienne. Le domaine forestier offre à cette population, des
opportunités d’emplois non négligeables, estimées à 7 millions de journées et
génère des revenus estimés à 220 Million de dinars. Indépendamment de ces
atouts socio-économiques, la forêt représente une valeur écologique
inestimable.
Ce patrimoine écologique,
cette diversité biologique, cette source d’emplois et de revenus, courent un
grave danger du fait de l’anarchie qui règne dans le pays, des zones de
non-droit et des comportements irresponsables et criminels de toute une gamme
de profiteurs et de pêcheurs en eaux troubles auxquels la dégradation de la
forêt profite. Les incendiaires, quelles que soient leurs motivations sont les
plus grands ennemis de la forêt, de ses habitants et de ses usagers ; ils
sont responsables de 60% de ces incendies, les 40% restant étant attribués à
des actes de négligence criminelle tels que les jets de mégots de cigarettes ou
à des causes plus naturelles.
Quels sont ces
incendiaires ?
Il s’agit le plus souvent
d’usagers des forêts ou de riverains du domaine forestier qui se livrent à ces
pratiques criminelles pour s’accaparer illégalement des terrains et des
pâturages ou de spéculateurs fonciers et d’anciens propriétaires, s’estimant dépossédés
par l’Etat, qui profitent de la faiblesse du pouvoir pour provoquer la
déforestation et générer le chaos afin de s’emparer de terres publiques et
accéder ainsi à des ressources foncières inaccessibles par les moyens légaux.
Il s’agit aussi d’agitateurs
qui, par ce moyen, essayent de semer la confusion et de détourner l’attention
des services de sécurité qui les traquent dans les zones urbaines ou de
terroristes réfugiés dans les montagnes boisées qui provoquent des incendies
afin de gêner la progression des militaires qui les pourchassent et qui seront
ainsi appelés à aider la protection civile dans leur lutte contre le feu. Il
s’agit aussi de contrebandiers qui, pour les mêmes raisons que les terroristes,
tentent d’affaiblir la pression qu’exercent sur eux les services de
sécurité.
Le risque d’anéantissement des
efforts de reboisement et de protection du domaine forestier, déployés par
l’Etat depuis des décades, est sérieux. Il a été établi par les services des
forêts que sur 30 ans, en moyenne, 150 incendies affectant 1500 ha de forêts
sont enregistrés annuellement avec des pointes catastrophiques de plus de 350
foyers d’incendies sur 3500 ha environ. La « saison » des incendies
de cette année 2017 n’est pas encore terminée mais les statistiques établies
jusque-là nous indiquent une progression beaucoup plus importante que durant
l’année record de 2013. La catastrophe écologique a été évitée de justesse,,
grâce aux efforts conjugués de la protection civile et des citoyens que l’armée
nationale est venue épauler mais les dégâts sont considérables.
Les incendiaires ne sont pas
les seuls ennemis des forêts ; l’immobilisme de l’administration, le
relâchement des contrôles et la corruption qui touche certains membres du corps
des gardes forestiers contribuent à la dégradation des forêts. Des coupes
illégales et excessives sont pratiquées avec la complicités de certains gardes.
Du charbon de bois est produit illégalement et des habitations sont construites
tout aussi illégalement. La chasse est pratiquée toute l’année par des
privilégiés nantis, mettant en danger des espèces rares et souvent
« protégées ». Des procès-verbaux établis à l’encontre de
contrevenants n’ont jamais de suite ou bien les amendes sont dérisoires et
certainement pas dissuasives.
La pression humaine est forte
et continue ; le nombre d’usagers des forêts ne cessent d’augmenter et
leurs besoins en bois, en pâturages et autres produits de la forêt également.
Cette pression est à son comble les années de sécheresse lorsque l’Etat ouvre les
« parcours forestiers » aux troupeaux des riverains et des
transhumants.
Comment lutter contre ce
phénomène ?
Dans la plupart des pays, le
statut des forêts est un statut particulier et les forestiers sont assimilés à
un corps d’armée. La loi qui s’y applique est issue de codes forestiers qui
différent peu et qui condamnent sévèrement les contrevenants. En Tunisie, le
code forestier commence à dater ; sa révision est inévitable à court
terme. La réglementation actuelle ne répond plus aux contraintes socio-économiques
du moment. La mise en place d’une
politique avant-gardiste de gestion et de protection de la forêt semble
s’imposer comme une nécessité absolue.
Ma qualité de vétérinaire ne
me permet pas d’émettre un avis d’expert forestier mais mon statut de citoyen
m’autorise à exprimer ma vision sur la meilleure façon de sauver notre
patrimoine forestier national, de protéger les usagers des forêts, de lutter
contre les incendiaires et contre la corruption tout en accélérant l’effort de
reforestation et ce, en adoptant la démarche suivante :
1-
Placer le domaine forestier sous l’autorité de
l’armée nationale. La forêt sert de refuge aux groupes terroristes, aux
contrebandiers et aux criminels de toutes sortes ; l’armée y est déjà
implantée et pourrait ainsi lutter efficacement contre ces criminels et mettre
en œuvre un programme de développement comme cela a déjà été le cas au sud des
chotts.
2-
Placer le corps des gardes forestiers sous les
ordres de l’armée. Ce corps déjà organisé comme un corps militaire serait mieux
encadré et les errements de certains de ses membres seraient sévèrement
sanctionnés par la justice militaire.
3-
Résoudre le problème de la propriété et de
l’exploitation de la forêt en allotissant le domaine forestier selon des
critères de rentabilité et de perspectives de développement. Ces lots seraient
confiés aux familles vivant sur ce domaine et aux riverains, sous forme de
concessions, de moyenne et longue durée, selon les résultats d’études qui
seraient menées dans ce sens.
4-
Toutes les activités forestières (nouvelles
plantations, abattage, élagage, débroussaillage, entretien des pares-feux,
plantations de plante aromatiques et médicinales et autres ….. ) seraient
contractées avec les bénéficiaires des lots qui seraient rémunérées selon les
dispositions d’un cahier de charge. Dans ce cadre, ces bénéficiaires seraient
autorisées à élever quelques animaux de ferme, à posséder des ruches et à
assurer la cueillette de produits de la forêt tels que liège, alfa, pignons,
champignons, escargots, plantes aromatiques et médicinales et autres. Ces
produits collectés seraient rétrocédés à une coopérative de service qui en
assurerait la commercialisation et qui rétrocéderait à l’armée une partie des
recettes.
Ces
usagers des forêts joueraient également le rôle de sentinelles et de vigies qui
surveilleraient la forêt, lutteraient contre les incendies et dénonceraient les
incendiaires.
Ces populations seraient ainsi
sécurisées, leur niveau de vie serait amélioré, ils deviendraient des
protecteurs de la forêt, de sa flore, de sa faune, de sa diversité biologique
et de ses ressources naturelles, après avoir été une des causes principales de
sa dégradation.
Beaucoup d'idées innovantes;qui pourraient engager une réflexion de fonds .Une réflexion qu'on peut qualifier de stratégique.Nos forets sont des réserves écologiques capitales pour le pays et les populations qui y vivent ;en plus de la faune et la flore.Malheureusement ce patrimoine est délaissé et constamment agressé.Les derniers incendies ont fait des ravages irréversibles pour des décennies.On attend l'évaluation et les nouvelles mesures à prendre;si mesures il y a.La foret est considérée au mème titre que le secteur agricole.UN secteur ignoré ,réservé pour les naifs et les pauvres qui ne trouvent pas d'autres sources de revenus!!!!!
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