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La pluie : don du ciel ou calamité naturelle

Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville

Ces deux premiers vers du court poème de Paul Verlaine, poète français de la fin du 19ème siècle, s’appliquent bien à l’ondée de l’après-midi de mardi dernier sur la région de Tunis mais il n’est question ni de langueur, ni d’ennui mais d’écoeurement et de trahison.
Comme tout tunisien devrait le savoir, les pluies du début de l’automne, conditionnent souvent l‘avenir de l’année agricole qui s’annonce. Ces pluies sont bénéfiques à plus 
d‘un titre ; la terre craquelée par la chaleur de l’été absorbe cette eau avec avidité ;
les arbres, toutes les autres plantes et les animaux qui souffraient du manque d’eau 
tout au long de l’été, étanchent leur soif ; les réserves d’eau des nappes phréatiques se reconstituent et les retenues d’eau des barrages et des lacs collinaires retrouvent
progressivement leurs niveaux antérieurs ; l’herbe va pousser garantissant une bonne soudure automnale.
Il faut se rappeler que la Tunisie est l’un des pays les moins bien nantis en ressources hydriques renouvelables ; que la pluviométrie y est irrégulière dans l’espace et dans 
le temps et que la pénurie d’eau guette le pays malgrès  un système hydraulique performant.

Ces précipitations quand elles ont lieux sur les villes sont également bénéfiques car elles entrainent avec elles les poussières en suspension dans l’atmosphère qui rendent l’air irrespirable. L’eau de ces pluies lessive les façades des immeubles et nettoie les rues des déchets de toutes sortes que les services municipaux ont négligé d’enlever. Toute cette eau descendue du ciel, chargée de tous les éléments polluants qu’elle a pu ramasser sur sa route, va trouver son chemin vers les caniveaux et se précipiter vers les bouches d’égoûts pour être évacuée par le réseau de canalisation des eaux usées et des eaux de pluies.
S’il pleut sur la ville, ce n’est donc pas une si mauvaise chose, pourvu qu’il pleuve encore plus dans nos campagnes. Mais là où cela fait mal au cœur, c’est lorsque l’on constate les dégâts que la négligence des hommes et non la pluie, occasionne. Nous avons besoin de ces pluies aussi bien sur les villes que sur les campagnes ; l’eau est devenue si rare que nous ne devons pas prier pour que les pluies cessent et ne viennent pas déranger notre confort de citadins, inonder nos rues, transformer nos carrefours en lacs, bloquer la circulation et nous obliger parfois à enlever nos chaussures et à retrousser nos pantalons.
Si tous ces désagréments surviennent dès que quelques millimètres d’eau tombent du ciel, ce n’est pas la pluie qu’il faut incriminer mais les hommes et femmes pour lesquels nous avons voté et que nous avons hissé au pouvoir au niveau local et national et qui ont failli à leurs missions. Ceux-là sont les responsables car une fois au pouvoir il ne pensent qu’à une chose, s’y maintenir à tout prix et le plus longtemps possible et quid des promesses électorales et des problèmes de la vie quotidienne que rencontrent leurs électeurs : l’érosion du pouvoir d’achat, le chômage des jeunes et pas seulement des jeunes diplômés, la fuite des compétences et des jeunes sans formation vers l’étranger, la scolarisation des enfants, le système de santé publique défaillant, le manque de médicaments et bien d’autres problèmes qu’il serait fastidieux d’énumérer, tant la liste est longue.
Pour en revenir à la pluie il faut nous poser la question : pourquoi tous ces problèmes à la moindre goutte d’eau ? la réponse est simple ; notre réseau d’évacuation des eaux usées et des eaux de pluies doit être revu de A à Z ; il date du déluge, les diamètres des tuyaux ne sont plus conformes au débit des eaux à évacuer, ils sont encrassés et leur lumière se rétrécis d’année en année ; au fait a-t-on des plans de ce réseau ? De plus, les canalisations en aval qui recueillent les eaux de l’amont ont des diamètres plus réduits qu’à l’amont, ce qui aurait dû être le contraire. De nombreux tronçons de ce réseau archaïque sont bouchés, d’autres ont cédé à la pression des eaux qui, devant ces obstacles, a fait sauter les lourds couvercles en fonte de nombreuses bouches d’égout, exposant automobilistes et piétons à de graves dangers.
Il y a bien eu, au pied des collines entourant la ville, des travaux de retenue des eaux dans des bassins de rétention pour réduire la pression sur les canalisation et permettre un écoulement plus lent et moins dommageable mais cela n’est pas suffisant. C’est tout le réseau qu’il faut revoir car la ville s’agrandit à vue d’œil et le problème grandit avec elle.
Nos édiles municipaux fraîchement élus et euphoriques sont, semble-t-il, en « rodage » ; ils s’exercent à la pratique de la politique politicienne qui est devenu le sport favori d’une 
classe politique irresponsable, sans se préoccuper des déboires de leurs concitoyens 
trahis. Allons-nous attendre une grande catastrophe pour qu’ils prennent conscience 
de leur responsabilité ?

Dr. Khaled El Hicheri

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