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Les Leishmanioses



L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère la leishmaniose comme une maladie tropicale négligée affectant les animaux puis transmise à l'homme. Elle parle des leishmanioses car cette maladie regroupe trois familles différentes du point de vue de la localisation et des symptômes. 

Les leishmanioses sont des maladies chroniques à manifestation cutanée et à transmission vectorielle, dues à une vingtaine d'espèces de protozoaires et transmise par la piqûre de certaines espèces de phlébotomes. Les leishmanioses ont été récemment signalées dans les régions du centre de la Tunisie. Les dernières pluies d’été et d’automne, dans plusieurs régions de Tunisie, suivies d’un réchauffement de la température ont créé un climat chaud et humide, propice à la multiplication des phlébotomes vecteurs de leishmania.
Les leishmanioses sont des zoonoses communes au chien et à l'humain ; 350 millions de personnes, de par le monde, vivent dans les zones d’endémie. Dues à plusieurs espèces d’un parasite, le Leishmania, elles sont considérées comme des maladies principalement méditerranéennes. Elles sont présentes dans 88 pays où l’on enregistre 2 millions de nouveaux cas humains par an. Les conditions climatiques compatibles avec le développement des leishmanioses sont très larges et la maladie peut être contractée dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux ainsi que sur le pourtour du Bassin Méditerranéen. 

La maladie, également autrefois nommée Bouton d'Orient, Clou de Biskra, Bouton d'Alep, Kala-azar, fièvre noire, fièvre à phlébotome, n'a été complètement médicalement décrite qu'en 1901. La transmission de L. infantum du chien à l’humain par l'intermédiaire du phlébotome n'a été établie qu'en 1926. Ce protozoaire parasite a été mis en évidence chez l’humain pour la première fois par Charles Nicolle, à l’Institut Pasteur de Tunis en 1908.
Les leishmanioses sont des maladies provoquées par les parasites du genre Leishmania qui comporte de nombreuses espèces ; elles sont transmises par la piqûre de la femelle d'une sorte de petit moustique, le phlébotome ou « mouche des sables » que l’on trouve dans les forêts, les zones rurales et autour des villes. La plupart des formes de cette maladie ne sont transmissibles qu'entre canidés ou d'autres mammifères et certains insectes, mais quelques-unes touchent les humains. L'infection humaine est provoquée par environ 21 des 30 espèces de leishmania qui infectent les mammifères. 

Ces maladies à transmission vectorielle connaissent la même variation saisonnière que celles des populations de phlébotomes et se présentent, chez l’humain, sous différentes formes cliniques selon l’espèce parasitaire en cause :
– La leishmaniose cutanée ou bouton d'Orient : se présente sous forme d’une ou plusieurs lésions ulcérées développées au point de piqûre des phlébotomes. C'est la forme la plus bénigne et guérit souvent de façon spontanée, mais peut laisser des cicatrices disgracieuses. Les réservoirs sont des rongeurs sauvages des cultures. Au Maghreb, on en a répertorié plus de 10 000 cas au cours de la seule année 2008.
– La leishmaniose cutanéo-muqueuse : forme grave qui touche à la fois la peau et les muqueuses, du nez et de la bouche et se caractérise par ses effets destructeurs et mutilants. Cette forme apparaît dans 1 à 3 % des cas après plusieurs mois d'évolution de la L. cutanée mal ou non traitée.
– La leishmaniose viscérale ou Kala-azar : les parasites ont migré dans les viscères. C’est la forme la plus grave, pratiquement toujours mortelle lorsqu’elle n’est pas traitée. Elle est habituellement secondaire à une LC mais peut aussi être primitive d'emblée. La LV est épidémique et représente 90 % des nouveaux cas humains mondiaux annuels. Dans les pays maghrébins, quelques centaines de cas humains sont détectés annuellement.
L'incubation, est très variable selon la forme, de plusieurs semaines à plusieurs mois pour la forme cutanée, de 1 à 6 mois au moins pour la forme viscérale et de quelques mois à plusieurs années pour la forme muqueuse.
 
Pour certains Leishmania (L. donovani et L. tropica), le réservoir naturel est l’homme. Un humain atteint, s’il se fait piquer par un phlébotome vecteur, peut transmettre ainsi le parasite à d’autres personnes. Les personnes séropositives pour le VIH/SIDA constituent d’importants réservoirs de parasites. La transmission humaine directe peut se faire uniquement par le sang, par exemple par échange de seringues chez des toxicomanes.

Les LV des autres mammifères que l’humain, sont plus rares et sporadiques principalement sur tout le pourtour du bassin méditerranéen. Elles sont dues à L. infantum, un parasite opportuniste particulièrement pathogène pour le chien qui en est le réservoir.
Leishmania killicki, responsable de LC zoonotiques plus chroniques, à évolution sporadique et à distribution rurale ou péri-urbaine, a été identifié en Tunisie, en Libye et en Algérie. Le réservoir est un rongeur, le gondi. Elle est endémique avec des poussées épidémiques saisonnières estivoautomnales.

Les réservoirs naturels de leishmanies sont principalement les mammifères domestiques et sauvages principalement les chiens, les rongeurs, et accessoirement l’homme. La transmission du chien à l'humain se fait par une sorte de moustique, le phlébotome ou mouche des sables. Seule la femelle phlébotome se nourrit du sang des individus qu'elle pique au crépuscule et qui, si elle est infectée, leur transmet ainsi le parasite qui va envahir leur sang.

La maladie peut être grave chez le chien mais certaines lignées vivant en zone d'endémicité ont développé une tolérance à la maladie et sont des porteurs sains (ils hébergent le parasite sans être malades pour autant) ; Ils constituent alors un réservoir de Leishmania.

L'incidence mondiale est de l'ordre de 500 000 nouveaux cas annuels. Elles sont plus fréquentes dans les pays du pourtour méditerranéen, Les réservoirs de L. infantum sont les canidés. L'humain est le réservoir unique de L. donovani. La transmission est essentiellement effectuée par la piqûre de phlébotomes infectés.
Les symptômes de la maladie sont un amaigrissement progressif, des lésions cutanées : alopécie, dermatite, principalement au niveau de la truffe (narines), des oreilles et des coussinets et des griffes anormalement longues, le gonflement des ganglions, des troubles oculaires, des épistaxis répétées, une propension à boire beaucoup et à uriner exagérément.
Le diagnostic clinique se fait par l’observation de fièvre capricieuse, de pâleur cireuse traduisant l’anémie et de splénomégalie (hypertrophie de la rate). Le diagnostic biologique classique se fait par la mise en évidence du parasite par microscopie de la moelle osseuse ou dans le sang. Des techniques modernes de biologie moléculaire (PCR) très sensibles, appliquées à la moelle osseuse ou au sang sont aujourd’hui fréquemment utilisées.
Le diagnostic de la LV, outre les signes cliniques, peut être réalisé par un examen direct de la moelle osseuse (myélogramme), d'un ganglion, d’un prélèvement de sang ou d'autres fluides pour rechercher le parasite. La sérologie permet de rechercher les anticorps dans le sang. Enfin, une analyse sanguine peut montrer des signes indirects de l'infection : syndrome inflammatoire intense (vitesse de sédimentation élevée), ou baisse des taux de globules rouges, des globules blancs et des plaquettes. Signalons également l'existence d'un test rapide de recherche d'une leishmaniose à l'aide d'une bandelette réactive comportant un antigène de leishmania. Par ailleurs, pour la forme muqueuse tout comme la forme cutanée, il est possible de retrouver le parasite dans les lésions buccales.
Le pronostic est toujours réservé car le traitement est long, parfois mal supporté par le chien et pas toujours efficace. Le traitement le plus couramment utilisé est l’association d’une injection quotidienne de Glucantime par voie intramusculaire pendant un mois associé à l'allopurinol en comprimés, donnés tous les jours durant toute la vie.
La LV est traitée par les sels d’antimoine (Glucantime, Pentostam) en injection intramusculaire, tout autour de la lésion, pendant 28 jours ; elles n'empêchent cependant pas la constitution, plusieurs semaines, mois ou années plus tard, d'une LV. Si la lésion est profonde, ces injections sont parfois renouvelées. Il convient de signaler que dans certaines régions du globe, le parasite est devenu résistant à l'antimoine ; on utilise alors l’AmbiSome en perfusion durant 5 à 6 jours ou l’Impavido per os, en remplacement des antimoniés. Des approches sont actuellement en cours pour identifier de nouveaux traitements actifs et plusieurs vaccins potentiels sont en cours de développement, à la demande de l’OMS.
Les colliers à base de deltaméthrine portés sont efficaces. Le phlébotome étant le plus actif du crépuscule à l'aube, garder un chien à l'intérieur la nuit permettra de minimiser l'exposition.
Enfin, un vaccin contre la leishmaniose canine, le Leshmune, a été produit au Brésil en 2003. Un chien vacciné a 4 fois moins de risque de développer la maladie qu'un chien non vacciné.

Dr. Khaled El Hicheri

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