Accéder au contenu principal

« One Health – Une Seule Santé” : du concept à l’application


« One Health – Une Seule Santé” : du concept à l’application


Le concept « ONE HEALTH » a déjà fait l’objet de plusieurs manifestations scientifiques et professionnelles dans notre pays. De « concept », il a évolué en « approche » puis en « stratégie mondiale » pour renforcer la collaboration et la communication interdisciplinaires dans tous les aspects de la santé de l’homme, des animaux et de l’environnement.

Cette approche a pour objectif d’atteindre une santé optimale pour la population, les animaux et l’environnement, élargir la base des connaissances scientifiques, améliorer la formation médicale et l'efficacité de la santé humaine et animale, assainir l’environnement et améliorer le bien-être humain et animal et la qualité de la vie.
Ce concept intelligemment appliqué contribuera à protéger et à sauver des millions de vies.

Déjà plusieurs conférences mondiales régionales et nationales ont été organisées dans l’objectif d’une collaboration plus étroite entre les médecins, les médecins vétérinaires et les autres composantes du système de santé qui ont porté, notamment, sur les maladies zoonotiques, la résistance aux antimicrobiens et l’exposition des personnes et des animaux aux risques environnementaux.

Les médecins vétérinaires ont la formation scientifique et médicale, ainsi que les compétences requises et la responsabilité légale de s’engager dans un large éventail de domaines d'activités qui offrent des services satisfaisants au profit de la société et du monde animal. L’impact socio-économique des zoonoses n’est plus à démontrer et la lutte contre ces maladies nécessite la conjugaison des efforts d’un corps médical uni et d’un système de santé cohérent.

A cette occasion, rappelons que près de 75% des maladies émergentes ou ré-émergentes chez les humains sont soit d’origine animale et sont transmissibles à l’homme, soit que l’animal en est le vecteur. Soulignons également le rôle central, primordial et préventif, des médecins vétérinaires dans le système de santé, dans la lutte contre les zoonoses majeures telles que la tuberculose, la rage, la brucellose, l’échinococcose-Hydatidose ou la Leishmaniose ainsi que sur une multitude d’autres maladies transmissibles.

Dans ce cadre et pour favoriser l’application de ce concept et la mise en œuvre de l’approche « One health », plusieurs facteurs sont à prendre en compte tels que la complémentarité de la formation des médecins et des vétérinaires, le contrôle de la qualité nutritionnelle et sanitaire des aliments, l’adaptation de la législation, la bonne gouvernance, l’information et la communication.

Tout dernièrement, aux Etats Unis, et pour souligner l’importance de l’approche « One Health » un communiqué de presse, de la commission One Health, a annoncé que :

Le 19 décembre 2019, le Sénat américain a adopté à l'unanimité une résolution bipartite (résolution 462 du Sénat) présentée par les sénateurs Dianne Feinstein (démocrate-Californie) et Martha McSally (républicaine-Arizona) désignant janvier 2020 comme « le mois national de la sensibilisation à la santé » aux États-Unis pour promouvoir la collaboration entre les scientifiques de la santé publique, animale et environnementale.

« One Health » est une terminologie relativement nouvelle utilisée par les experts en santé - y compris aux Centres de prévention et de lutte contre les maladies (Centers for Diseases Control and Prevention) aux États-Unis et ailleurs - pour mieux se concentrer sur les liens entre la santé humaine, animale et environnementale et la nécessité de développer des solutions complètes. A titre d’exemple, pour lutter contre la résistance aux antibiotiques, des spécialistes de la santé publique travaillent actuellement avec des médecins et des vétérinaires pour diminuer l'utilisation inappropriée d'antibiotiques chez les patients humains et animaux.

« En utilisant l'approche" One Health ", les problèmes de santé mondiaux, y compris la résistance aux antibiotiques et la propagation des maladies infectieuses, peuvent être abordés plus facilement", a déclaré le sénateur Feinstein. « Nous espérons que notre résolution attirera l'attention sur la nécessité d'approches holistiques de la santé humaine qui prennent en compte les changements dans la santé environnementale et animale. Avec la diminution des ressources et une population humaine croissante, la lutte contre les problèmes avec une approche « Une seule santé » doit être plus que jamais encouragée»

« La santé de notre population dépend de l'interconnexion des personnes, des animaux et de l'environnement », a déclaré le sénateur McSally. « J'ai été heureuse de me joindre au sénateur Feinstein pour présenter cette résolution désignant janvier comme le mois national de sensibilisation à la santé pour promouvoir le concept « Une seule santé » et pour sa collaboration croissante afin de faire de notre monde un endroit plus sain. »
Le texte de la résolution adoptée par le Sénat américain est le suivant :

Resolution

Désigner janvier 2020 comme « Mois national de sensibilisation à « Une seule santé '' pour promouvoir la sensibilisation des organisations axées sur la collaboration en matière de santé publique, de santé animale et de santé environnementale aux États-Unis et reconnaître les contributions essentielles de ces organisations à l'avenir des États-Unis.

Attendu que la mission de « One Health » est d'établir des interactions professionnelles, des collaborations et des opportunités de formation plus étroites entre les différentes professions médicales, vétérinaires et de santé environnementale et leurs professions scientifiques connexes afin d'améliorer simultanément la santé publique, la santé animale et la santé environnementale;

Alors que les menaces croissantes représentées par les maladies émergentes, partagées entre les animaux et les personnes, les maladies d'origine alimentaire, vectorielle et hydrique, et d'autres facteurs environnementaux, peuvent soutenir la nécessité d'un effort intégré de professionnels de plusieurs disciplines, y compris la santé, la science, la technologie et l’ingénerie   ;

Considérant que, selon les Centres de prévention et de lutte contre les maladies, jusqu'à 75% des maladies infectieuses nouvelles ou émergentes chez l'homme sont transmises par des animaux;

Attendu que, chaque année, la Journée internationale de la santé est le 3 novembre; et

Considérant qu'une seule santé est essentielle pour combattre et renforcer la surveillance des maladies émergentes et ré-émergentes:

Qu’il soit donc maintenant résolu que le Sénat désigne janvier 2020 « Mois national de sensibilisation à la santé » pour ...
1.     promouvoir la sensibilisation des organisations qui se concentrent sur les efforts d'une seule santé pour améliorer la qualité de vie des personnes et des animaux ;
2.     reconnaître les efforts déployés par ces organisations afin d’utiliser l’ approche « Une seule santé » pour prévenir les épidémies ; et,
3.     reconnaître l'importance de l'utilisation de l'approche « One Health » pour protéger simultanément la santé des personnes, des animaux, des plantes et de l'environnement, aux États-Unis.

Cette résolution fait suite à l'introduction en juin et juillet 2019 au Sénat américain et à la Chambre des représentants des projets de lois One Health Bills S.1903 et HR.3771 identiques, « Advancing Emergency Preparedness Through One Health Act of 2019 » par les sénateurs Tina Smith et Todd Young et des Représentants de la Chambre, Kurt Schrader et Ted Yoho. Les co-sponsors des One Health Bills de 2019, qui sont distincts de la résolution ci-dessus, sont activement recherchés. Les citoyens américains peuvent souhaiter contacter leurs congressistes fédéraux pour les sensibiliser à ces projets de loi « One Health » et à cette résolution du Sénat et les exhorter à les coparrainer.

Un appel à l'éducation pour la santé
L'adoption de cette résolution et la présentation de ces projets de loi du Congrès américain n'ont pas été faciles pour ceux qui se trouvaient en première ligne. La communauté One Health partage largement les nouvelles et c'est merveilleux ; mais à quoi bon de simplement en parler dans nos propres cercles ? Il est maintenant temps d'EDUQUER le public et les législateurs.

J’ai cité cette nouvelle qui nous vient des USA où des projets de lois et de résolution (One Health Bills S.1903 et HR.3771 « Advancing Emergency Preparedness Through One Health Act of 2019 et  « resolutin 462 ») pour attirer l’attention de nos décideurs et de notre public sur l’importance que prend la conception d’un système de santé uni sinon unitaire, dans une approche multidisciplinaire et multisectorielle, loin des conceptions séparatistes ou chacun se réfugie dans sa tour d’ivoire et s’entoure d’un arsenal de textes juridiques et réglementaires pour dénier à tout autre d’intervenir dans un domaine qu’il veut « réserver » à ses seules prérogatives.

Dr. Khaled El Hicheri

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

L’élevage caprin en Tunisie

L’élevage caprin en Tunisie L’espèce caprine est présente partout dans le pays. Son élevage est pratiqué depuis des siècles, suivant des systèmes liés aux conditions du milieu. La chèvre a toujours joué un rôle essentiel dans les régions marginales tunisiennes ; son élevage est de type extensif et son alimentation est basée sur l'utilisation quasi exclusive des ressources fourragères des parcours. Sa productivité est faible et ses productions contribuent essentiellement à la consommation familiale et comme source de trésorerie mobilisable. Les races locales prédominantes sont de type mixte, d'aptitude laitière généralement médiocres. Son lait est utilisé pour la consommation familiale et les chevreaux qui ne sont pas sacrifiés lors des fêtes et des évènements familiaux, sont vendus sur les marchés hebdomadaires à un âge assez tardif. Les performances zootechniques des caprins tunisiens sont faibles, ils sont par contre parfaitement aptes à valoriser les fourrages ligneux de

Histoire du caducée vétérinaire

L’histoire du caducée, emblème des corps de santé, remonte loin dans le temps. Il n’est pas une profession de santé, qui n’arbore un caducée spécifique où se retrouvent : le bâton, le serpent et les ailes. Le caducée vétérinaire n’échappe pas à la règle. Des caducées spécifiques à chaque profession ont, au cours des temps, été arborés sur les enseignes, les panneaux indicateurs, les véhicules des professionnels de santé, les ordonnances, les papiers à en-tête, les enveloppes, les porte-clés et bien d’autres objets liés aux activités professionnelles. Il convient, toutefois de signaler que le caducée est souvent confondu, à tort, avec l ' emblème  du  corps médical , le  bâton d'Asclépios ou bâton d'Esculape , avec la  coupe d'Hygie  des  pharmaciens   ou d'autres symboles médicaux ou paramédicaux dérivés de ces derniers. L’origine du caducée se trouverait dans la mythologie grecque ou romaine, faite de légendes et de fables qui expliqueraient l’origine du c

Les maladies infectieuses du dromadaire

  Les maladies infectieuses du dromadaire Comme toute autre espèce animale, les dromadaires souffrent de nombreuses pathologies qui compromettent leur potentiel productif. Ces animaux qui peuplent et animent les grandes étendues désertiques dans le monde ont, pendant des siècles, joué un rôle primordial dans les échanges commerciaux et culturels. La mécanisation puis la technologie ont réduit ce rôle et le dromadaire n’a dû sa survie qu’a sa capacité de vivre dans les pires des conditions climatiques et de milieu. Ses capacités de résistance et sa physiologie particulière ne le mettent malheureusement pas à l’abri des maladies ; des pathologies auxquelles les chercheurs se sont très peu intéressés. L'effectif actuel des dromadaires dans le monde est estimé à 15.370.000 têtes dont 80 % environ en Afrique et 20 % en Asie. Cette espèce animale, très peu représentée en Tunisie (80.000 unités femelles ou 170.000 têtes), est bien adaptées aux conditions sévères de l'environnement