Epidémiologie et épidémiosurveillance en buiatrie
Les épizooties de Fièvre aphteuse ont frappé périodiquement la Tunisie et les SV procédaient habituellement par des vaccinations en anneaux autour des foyers mais l’épizootie de 1989 s’est caractérisée par sa fulgurance et un taux de mortalité très élevé sur les agneaux à la mamelle. La réaction des services vétérinaires a été très rapide ; 7 000 000 de ruminants avaient été vaccinés en l’espace de 5 semaine
Autre exemple de succès, la Lucilie Bouchère qui fit son apparition en Libye fin 1988. La Tunisie mit immédiatement en place un réseau de surveillance et de dépistage, le long de la frontière tuniso-libyenne et dans les cinq gouvernorats du sud. Les opérations de contrôle et de surveillance ont permis d’examiner prés de 8.000.000 d’animaux en 1990, évitant ainsi l’expansion de cette redoutable myase aux autres pays du Maghreb.
Il est devenu nécessaire de connaitre la distribution, dans l’espace et dans le temps, des maladies animales, leur prévalence et leur incidence et d’améliorer l’efficacité des méthodes de prévention et de lutte pour limiter ou stopper la prolifération des agents pathogènes qui agressent le cheptel.
Le constat
Les déplacements d’animaux se sont accrus et ne se sont pas limités aux mouvements à l’intérieur des frontières mais également à travers les frontières, de manière légale ou illégale.
A l’intérieur du pays les déplacements sur de longues distances, d’animaux non identifiés, ont contribué à l’accroissement du risque sanitaire.
Les vétérinaires acceptaient les maladies endémiques comme une fatalité et n'en rapportaient pas toujours l'existence.
La carte épidémiologique n’est toujours pas effectué.
Le tracé de l’évaluation des actions de prophylaxie, entreprises à grands frais, n’est pas encore effectué.
On ne peut toujours pas se prononcer sur le statut immunitaire du cheptel vis-à-vis des maladies contre lesquelles ils ont été vaccinés.
Tout le pays est exposé à des risques d’agression par des agents pathogènes
Le nouveau contexte épidémiologique international et national, imposait la mise en place de réseaux d'épidémiosurveillance (RES) et de maîtrise des risques.
Le Mandat Sanitaire (MS) n’inclut pas ce type de service; mais par la force des choses, les campagnes de vaccination obligatoires iront en diminuant et l’Administration vétérinaire devra compter plus que jamais sur les libres praticiens ruraux pour assurer les missions du RES.
La gestion des RES rencontre des obstacles de taille dont les plus évidents sont les mutations administratives, les départs à la retraite et autres bouleversements administratifs aux niveaux central et régional.
Les CRDA, n’hésitent pas à détourner les moyens logistiques affectés aux RES vers d’autres activités qu’ils considèrent comme prioritaires.
Les difficultés de fonctionnement des réseaux sont nombreuses :
- - éloignement du centre régional de décision.
- faiblesse des moyens et
- manque de véhicules, d'outils informatiques, de fax et de téléphone parfois
- Les réalisations
Les RES mis en place ont été installés à cet effet, dans de bonnes conditions de préparation. Ces réseaux devraient ainsi permettre de :
contrôler les populations animales réservoirs ou vecteurs de ces agents pathogènes,
- évaluer le niveau de renforcement des facteurs de réduction des risques tels que les laboratoires de diagnostic, les quarantaines ou l’identification des animaux.
- contrôler les mouvements d'animaux.
- modifier la législation en fonction de la modification des facteurs épidémiologiques.
- fournir aux décideurs, les éléments d’appréciation nécessaires à la prise de décision.
Une approche plus pragmatique, basée sur la démarche d'analyse et de gestion du risque est alors adoptée, au titre de l’aide à la prise de décision, afin que l'épidémiologie puisse être utilisée comme support prioritaire, dans l'élaboration des politiques de santé animale et de santé publique vétérinaire, basées par essence sur la prévention.
Les RES actuellement en place l'ont été après une étude qui s'est étendue sur trois années. La pérennité des structures vétérinaires qui gèrent ces réseaux comme la pérennité de leur financement, doivent être garantis.
La présence d'épidémiologistes constitue actuellement un point critique pour le fonctionnement des RES mis en place. C’est ainsi que le programme de surveillance de la rage a montré que le système traditionnel de surveillance passive sous-estime la prévalence de la rage chez les chiens et plus encore chez les animaux de ferme mordus.
Les Arronissements Production Animale (APA) ont un programme d’activité chargé, qui dépasse les moyens matériels et humains dont ils disposent, avec en particulier plusieurs campagnes de vaccination à mener tout au long de l’année selon un calendrier préétabli, caractérisé par sa densité. En conséquence, ils ne peuvent pas affecter à plein temps des animateurs pour les RES.
Pour permettre à l'animateur de gérer efficacement les RES placés sous leur responsabilité, ces derniers doivent acquérir certaines connaissances et compétences épidémiologiques par une formation continue spécifique.
L’éleveur est le premier acteur des réseaux ; il est en mesure de porter l’information la plus fraîche. Il est également le plus concerné par les résultats de la surveillance. En outre, les vétérinaires sanitaires ainsi que les libres praticiens, qu’ils disposent ou pas du MS, sont ceux sur lesquels les animateurs doivent compter pour faire remonter l’information épidémiologique
Pour assurer la pérennité de l’action, la garantie du financement est indispensable. Les ressources financières peuvent provenir de la rémunération totale ou partielle des actions sanitaires et de contrôle vétérinaires qui sont en mesure de générer d’importantes recettes. Ces recettes, versées dans un fonds de concours, pourraient financer toutes ou parties de ces actions.
Les RES constituent néanmoins une arme essentielle, en menant des enquêtes épidémiologiques dans chaque foyer déclaré. Ce réseau a permis de mener des enquêtes d’efficacité vaccinale, sur le taux de couverture vaccinale et sur le niveau et la durée de l’immunité conférée par le vaccin utilisé ainsi que des enquêtes éco-pathologiques .
La DGSV, seule autorité compétente en la matière, reste le décideur, les autres structures, aussi bien l’IRVT que le CNVZ et parfois l’ENMV, étant sollicitées chaque fois que nécessaire pour lui fournir les outils d’aide à la décision.
L’Organisation Mondiale de la Santé Animale, a implanté en Tunisie une antenne sous-régionale pour assurer un meilleur suivi de la situation zoo-sanitaire des pays de la région.
Dr. Khaled El Hicheri
Commentaires
Enregistrer un commentaire