L'absence d'une politique réélle de santé et de production animales
En matière de politique pour ce secteur, la direction de la production animale et la direction générale des services vétérinaires du ministère de l’agriculture nous ont habitué, à l’élaboration de stratégies, sensées tout au plus contribuer à assurer l’autosuffisance alimentaire du pays et la protection du cheptel, sans tenir grand compte de l’impact des maladies animales et des maladies liées à la consommation d’aliments d’origine animale, sur la santé publique. Cette absence de politique réelle a abouti aux résultats suivants :
Au niveau des productions animales
les besoins en viandes sont couverts à plus de 55%, par les viandes blanches, entrainant une dépendance de plus en plus grande du marché international.
Les apports de viandes rouges sont insuffisants par absence d’une production bouchère nationale et le recours à l’importation est la règle.
La couverture des besoins en lait et produits laitiers est assurée grâce aux importations continues de génisses pleines.
Le programme d’amélioration génétique des bovins n’existe plus que sur le papier.
La contrebande de vaches laitières vers des pays voisins s’amplifie.
Le programme de mise à niveau des abattoirs est un échec retentissant.
L’abattage clandestin a gagné en anarchie et en prospérité.
L’alimentation du cheptel repose plus sur les ressources extérieures que sur les ressources nationales. Les matières premières pour la fabrication des aliments composés sont importées massivement.
Les programmes de production fourragère et d’amélioration des parcours ont englouti des sommes considérables sans résultats.
Sur le plan de la santé du cheptel
les programmes d’éradication des maladies transmissibles de l’animal à l’homme (zoonoses) telles que la tuberculose bovine et la brucellose ont été un fiasco.
Les campagnes de vaccination des maladies animales classées prioritaires, n’ont jamais pu atteindre un taux de couverture vaccinale suffisant pour assurer la couverture immunitaire requise contre ces maladies.
Les libres praticiens ont été maintenus, pendant des décennies, hors du circuit de prévention et de lutte contre les maladies animales.
Un nombre très important de cas de maladies contagieuses ne sont pas déclarées. Des milliers d’animaux meurent chaque année de ces maladies et beaucoup enregistrent des pertes de production importantes et gardent de graves séquelles qui compromettent leur productivité future.
Sur le plan économique
pertes considérables sont enregistrées du fait de l’impact des grandes épizooties, des zoonoses majeures et des principales maladies animales. Cet impact est ressenti aussi bien au niveau de la santé des animaux qu’à celui de la santé des personnes. Les pertes directes par mortalité et par morbidité et la mobilisation des moyens matériels pour prévenir, contrôler et lutter contre les maladies animales, représentent des sommes considérables et ne reflètent, en réalité, que les pertes déclarées et visibles. La partie non visible des pertes est représentée par les chutes de production, le manque à gagner, les arrêts de travail et les frais d’hospitalisation. Le coût de toutes ces pertes, indirectes et non quantifiées, est de très loin supérieur aux estimations. La population paie également un important tribut aux zoonoses ; les cas de mortalité, les traitements de longue durée et les interventions chirurgicales sont nombreux et couteux.
Tous ces échecs ne sont pas sans raisons:
pendant des années, l’importation de viande et de poudre de lait a été favorisée, au détriment de la production nationale. Une politique des prix, défavorable à la production nationale a été pratiquée.
La production de viande bouchère n’a jamais été valorisée.
Les solutions de facilité ont toujours eu la faveur des responsables qui permettent les importations de viande, de taurillons, d’aliment et de génisses, à grand renfort de devises mais ne sont pas capables de mener à bien des programmes vitaux de développement des productions nationales et de lutte contre les maladies animales.
L’absence de continuité dans la réalisation des programmes de développement et de protection du cheptel et de la population est la règle.
Les budgets alloués au développement et à la protection de l’élevage ont toujours été et sont toujours en complète inadéquation avec les objectifs ; et les objectifs, malgré leur modestie, se révèlent souvent trop ambitieux par rapport aux moyens mobilisés.
Pour toutes ces raisons, il devient impérieux de tracer les grandes lignes d’une politique de développement des productions et de la santé animale
Dr. Khaled El Hicheri
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