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De l’importance du secteur de l’élevage dans l’économie du pays

 De l’importance du secteur de l’élevage dans l’économie du pays

La population mondiale ne fait que croitre et ses besoins alimentaires aussi. La planète « terre » est exploitée intensivement ; les ressources alimentaires se raréfient. Dans plusieurs régions du Globe, les sols autrefois fertiles se dégradent, les déserts remplacent les terres fertiles, l’eau se raréfie, les populations se concentrent dans les mégapoles. Les recherches spatiales s’intensifient, dans l’espoir de trouver de nouveaux espaces de vie et des ressources vitales. 

Comment nourrir 10 milliards d'êtres humains en 2050 tout en préservant la planète ? L’Agriculture serait-elle la clé ? Un enjeu de taille qui place l'agriculture au cœur des grands défis mondiaux qui se posent à nous avec acuité. Les défenseurs de la planète et de sa population en sont convaincus, et ils ne sont pas les seuls.

Les acteurs internationaux du monde agricole - experts, chercheurs, entreprises, société civile, décideurs politiques, bailleurs de fonds et donateurs - se retrouvent périodiquement pour se pencher sur les questions qui se posent à l’agriculture contemporaine, en la positionnant à la croisée des défis de l’humanité - qu'ils soient démographiques, sociaux et sociétaux, environnementaux, énergétiques, économiques ou géopolitiques - pour réfléchir et imaginer les solutions alternatives, génétiques, systémiques et biologique en mesure d’améliorer la productivité et la qualité des sols et des aliments nécessaires aux populations humaine et animale ; une nouvelle Agriculture où l’élevage occuperait une place de choix.

Ces mêmes soucis sont partagés lors des grandes rencontres internationales qui drainent régulièrement les responsables politiques et économiques pour discuter de solutions innovantes et de résultats de recherches pour produire plus et mieux sans dégrader ni appauvrir les sols, désertifier notre environnement naturel ni détruire des écosystèmes que la nature a mis des millénaires à mettre en place, ni anéantir irrémédiablement des milliers d’espèces végétales et animales. Ces tentatives pour sauver la planète « Terre » permettent de dégager et de formuler des recommandations, des engagements et des propositions concrètes qui seront soumises à la réflexion de nos décideurs au plus haut niveau.

Des Think Tanks internationaux, des personnalités engagées venant de différents horizons, œuvrent pour un objectif commun, pour revisiter et repenser l'agriculture mondiale et accélérer son renouveau, en développant l’échange et le partage des connaissances, afin de créer les conditions d’une innovation utile aux populations humaines et aux espèces végétales et animales qui peuplent la planète Terre. Une agriculture durable, structurée autour de la formation des jeunes générations, de l'innovation, de la recherche, et de la pédagogie pour les agriculteurs, les éleveurs et les consommateurs.

Ces réflexions qui placent l’Agriculture au centre des défis de demains sont partagées par l’élite de notre agriculture tunisienne - enseignants, chercheurs, responsables d’institutions agricoles, professionnels de l’agriculture et de l’élevage, bureaux d’études, ONGs et groupes de réflexion - qui sont confrontés quotidiennement aux conséquences de conditions climatiques défavorables et qui s’appliquent à imaginer des solutions innovantes pour assurer à la population tunisienne les ressources alimentaires nécessaires à la couverture de leurs besoins nutritionnels légitimes.

Pour permettre d’apprécier l’importance de l’effort à fournir pour atteindre notre autosuffisance et notre sécurité alimentaire, il est nécessaire d’inventorier les composantes de notre potentiel de production dans tous les sous-secteurs de l’agriculture, dont l’élevage est une composante essentielle.

La Tunisie est un pays méditerranéen ; sa superficie totale est de 164 500 Km2, dont 30% seulement, de surface agricole utile (SAU). Le climat est de type méditerranéen tempéré, semi-aride et aride selon l’étage climatique. La pluviométrie moyenne annuelle varie de 800 mm dans l’extrême nord à 600 mm au nord de la dorsale et au Cap Bon et à 450 mm au sud de la Dorsale. La pluviométrie varie au Centre du pays, de 100 à 250 mm et elle n’est que de 50 mm dans le Sud désertique.

La population est estimée à 10,5 millions au recensement de 2001 ; elle doit approcher les 12.5 millions en 2020. Elle atteindrait 13,3 millions en 2025 d’après les calculs statistiques. Cette population a connu une croissance démographique de 2,21% entre 1965 et 1997 et continue à croitre au même rythme. La densité moyenne est de 50 habitants/Km2 et la population rurale constitue moins de 40% de la population totale.

Le secteur agricole occupe une place de choix au niveau économique et social. Sa contribution dans le Produit Intérieur Brut (PIB) est en moyenne de 14.5 % ; elle procure près de 10% des recettes totales des exportations et fournit du travail à environ 22% de la population active.

Les terres agricoles en Tunisie couvrent environ 10 millions d’ha dont 5 millions d’ha de terres arables propres à la culture, 3 millions de parcours et 1,2 millions d’ha de forêts. Le nombre des exploitations agricoles est de 471.000 dont 97% de petites et moyennes exploitations, disposant de superficies de moins de 50 ha. Ces exploitations sont classées comme suit : 85 % ont une superficie de moins de 20 Ha et couvrent près de 40 % des surfaces cultivées dans le pays mais assurent 60 % de l’élevage car elles abritent les 2/3 des bovins et plus de 50 % des petits ruminants. Les exploitations de moins de 5 Ha de couvrent 46 % des superficies cultivées.

Les principales activités agricoles sont l’élevage, l’arboriculture, la céréaliculture, les cultures maraîchères et la pêche. L’élevage représente 30% de la valeur de la production agricole totale avec un cheptel constitué de près de 770 mille têtes bovines, 7 millions d’ovins, 1,5 millions de caprins et 70 mille unités femelles de camélidés.

Ce cheptel dépend pour son alimentation, de 300.000 ha de cultures fourragères en sec et plus de 3.000.000 ha de terres de parcours, le plus souvent dégradés. Les périmètres irrigués couvrent 376.000 ha dont 60.000 ha de cultures fourragères irriguées.

L’arboriculture occupe une superficie de 2,1 millions d’ha dont 1,4 millions d’ha d’oliviers ; elle contribue à raison de 30% dans la valeur de la production agricole et à raison de 52% de la valeur des exportations agricoles. L’huile d’olive constitue le principal produit d’exportation (42%).

La céréaliculture couvre une superficie de 1,4 millions d’ha soit le tiers des superficies cultivées. La production céréalière contribue en année normale à raison de 12% dans la production agricole. Elle s’élève à 1,7 millions de tonnes et ne couvre que 50 à 60% des besoins de consommation humaine et animale. Les autres productions agricoles les plus importantes sont le maraîchage (15% de la production agricole) et les produits de la pêche (environ 6% de la valeur de la production agricole). 

 

Le taux de couverture des besoins alimentaires de la population a été de 87% au cours de la dernière décennie et l'élevage a contribué à raison de 38%, à la valeur totale de la production agricole (16% pour les viandes rouges, 9% pour le lait, 7% pour la viande blanche, 4% pour les œufs et 2% autres). Le pays est presque autosuffisant en lait de boisson et en viande


Sur l'ensemble de 471.000 exploitations, 71% entreprennent des activités d’élevage. La demande en produits alimentaires d’origine animale ne fait que croitre. Aussi, les objectifs nationaux en matière d'élevage visent-ils à, maintenir l'autosuffisance en produits stratégiques d'origine animale, améliorer la qualité des produits, optimiser la gestion et la conservation des ressources génétiques animales, renforcer le rôle socioéconomique du secteur, tout en veillant à la protection de l'environnement. 

En matière de productions, celle des viandes rouges atteint 220.000 tonnes par an. Les ovins y contribuent à raison de 45% et les bovins à raison 45% également. La production des viandes rouges est principalement bovine à raison de 65 % au Nord du pays ; elle est principalement ovine à raison de 60% et bovine à 30%, au Centre du pays. Au Sud, elle provient essentiellement des petits ruminants à raison de 65% de viande ovine, 30% de viande caprine et seulement 5% de viande bovine et partiellement de viande caméline.

La production laitière, provient essentiellement des bovins ; elle atteint le million de tonnes dont près de 80% provenant du cheptel bovin de race pure. La production laitière des Ovins et Caprins est d’environ 20.000 tonnes et celle des Camelins ne dépasse pas 1.000 tonnes.

Les consommation annuelle per capita est de 13,3 kg/personne/an de viandes rouges dont 4,6 kg de viande bovine, et 8,7 kg de viande ovine et caprine ; elle varie du simple au double en milieu urbain, passant de 13,3 à 24,6 kg, et du simple au quadruple pour la viande bovine. Concernant la consommation du lait et ses dérivés, les statistiques montrent que le tunisien consomme annuellement, en moyenne 62 kg de lait de boisson, 12 kg de yaourt, 3 kg de dessert lacté et 7 kg de fromage. La consommation de viande de volailles est de 11,1 kg/habitant/an avec un taux d’accroissement annuel moyen de 8,4% et celle en œufs est de 147 œufs/habitant/an avec un taux d’accroissement annuel moyen de 1,7%.

 

Cet état des lieux de nos potentialités, nous permet d’évaluer l’importance de l’effort que nous devons fournir et des moyens que nous devons mettre en œuvre pour atteindre notre autosuffisance et notre sécurité alimentaire tout en gardant notre autonomie. Il ne faut pas oublier qu’une bonne partie des viandes rouges et du lait ainsi que la totalité des viande blanches et des œufs sont produits à partir de ressources fourragères étrangères acquises au prix fort. Cette situation souligne notre dépendance vis-à-vis des producteurs d’outre-mer ; une situation qui ne saurait durer.

 

Dr. Khaled El Hicheri

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