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Services Vétérinaires et sécurité sanitaire des aliments d’origine animale,

Chaque année, notre pays souffre des conséquences de maladies qui dévastent le cheptel, nuisent à nos animaux de compagnie et endommagent notre santé. Face à ces maladies, des médecins vétérinaires veillent sur la santé des animaux afin que ces derniers puissent fournir des aliments en quantité et qualité suffisantes pour répondre à nos besoins et nous protéger des risques et dangers représentés par les aliments d’origine animale, insalubres ou contaminés.

La profession vétérinaire est actuellement soumise aux conséquences des changements socio-économiques observés dans le monde. Un monde où la population ne cesse de croître et où ses besoins en produits alimentaires et en protéines animales, augmentent. Par l’importance de l’impact économique de leurs activités, les Services Vétérinaires (SV) trouvent leur place dans toute politique de développement ; ils valorisent les ressources animales du pays pour la consommation locale et pour l’exportation et sont en mesure d’assurer une maîtrise sanitaire adéquate et une bonne traçabilité. Ils sont considérés comme un « bien public » et devraient, par conséquent, être éligibles à un financement adéquat car ils assurent la protection du capital cheptel et permettent d’améliorer sa productivité et la qualité sanitaire et nutritionnelle de ses productions, contribuant ainsi à la Sécurité Alimentaire, à la Sécurité Sanitaire des Aliments, à la Santé Publique mais aussi à l’emploi et à la stabilisation des populations rurales.

Les médecins vétérinaires sont particulièrement compétents pour jouer un rôle déterminant dans le domaine de la sécurité sanitaire des aliments (SSA), notamment celle des aliments d’origine animale ; leur formation est axée sur les maladies animales, y compris les zoonoses, mais aussi sur l’hygiène alimentaire et sur la SSA, ce qui a amené l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE)  à orienter ses Pays Membres sur le rôle et les compétences des Services Vétérinaires (SV) en matière de SSA, afin de les aider à réaliser les objectifs fixés par les législations nationales et internationale en la matière et à satisfaire aux exigences de leurs population et des pays importateurs.

Ces compétences vétérinaires ont été naturellement étendues aux maladies affectant la production animale, afin d’accroître la productivité des exploitations et d’améliorer la qualité des produits d’origine animale. C’est ainsi que le domaine d’intervention des SV a été élargi de la ferme à l’abattoir, où les vétérinaires exercent désormais une double fonction : assurer la surveillance épidémiologique des maladies animales et garantir la sécurité sanitaire et les critères de qualité des viandes destinées à la consommation. Dans plusieurs pays, les compétences des SV ont été ainsi élargies afin de couvrir les étapes postérieures de la chaîne alimentaire de l’élevage à la distribution et à la consommation.

Afin que les SV contribuent au mieux à la sécurité alimentaire, il est essentiel que la préparation des vétérinaires aux différents rôles dans lesquels ils sont formés, réponde à des standards élevés et que des programmes de formation continue et de formations spécialisées soient mis en place. Pour développer et mettre en œuvre des politiques et programmes de SSA et de sécurité alimentaire, l'Autorité vétérinaire doit collaborer avec les autres instances responsables afin d’assurer une gestion coordonnée des risques alimentaires. Notons toutefois que parmi les points forts des SV, figurent les pouvoirs régaliens de force publique représentés par la mise en place et l’application des mesures de police sanitaire et d’hygiène publique vétérinaire. Il importe en effet de rappeler que la « santé animale », comprise comme la prévention et la lutte contre les maladies du cheptel, est non seulement un élément majeur de la santé publique par la sécurité sanitaire des denrées alimentaires d’origine animale qu’elle assure mais c’est aussi un élément important de la sécurité alimentaire de la population qu’elle garantit en protégeant les animaux produisant ces denrées car notre pays souffre d’un important déficit en protéines animales et, chaque fois que ces services permettent de préserver ou d’améliorer le disponible alimentaire, en luttant contre les maladies animales, ils contribuent à assurer la sécurité alimentaire.

 

Les SV jouent aussi un rôle important en sensibilisant aux principes de sécurité alimentaire non seulement les éleveurs et les entreprises qui fabriquent et transforment des produits alimentaires mais aussi d’autres intervenants du secteur. En plus de ce rôle, les vétérinaires sont bien placés pour exercer des fonctions importantes visant à assurer la sécurité dans d'autres parties de la chaîne alimentaire, par exemple en appliquant des contrôles HACCP (analyse des risques et points critiques à maîtriser) ou d'autres systèmes d'assurance qualité à la transformation et à la distribution des aliments. Dans plusieurs pays, les compétences des SV ont été élargies afin de couvrir les étapes postérieures de la chaîne alimentaire et jouent un rôle central pour faire appliquer le processus d’analyse du risque et pour mettre en œuvre les recommandations fondées sur le risque au niveau des dispositifs réglementaires, y compris en ce qui concerne l’importance et la nature de la participation des vétérinaires en matière de SSA tout au long de la chaîne de production.

Les SV contribuent à atteindre ces objectifs en procédant directement à certaines activités de médecine vétérinaire, mais aussi en assurant l’audit des activités de santé animale et de santé publique confiées à d’autres services officiels, aux vétérinaires du secteur privé ou à d’autres intervenants. Outre les médecins vétérinaires, d’autres spécialistes sont, en effet, amenés à intervenir à un point ou un autre de la chaîne alimentaire, à savoir, des chimistes, des épidémiologistes, des techniciens de l’agroalimentaire, des experts de la santé humaine et environnementale, des microbiologistes et des toxicologues. Quelle que soit la répartition des rôles que le système administratif de chaque pays aura mise en place entre ces spécialistes et d’autres parties prenantes, il convient de veiller à établir une étroite collaboration et une communication efficace entre tous ces intervenants, afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles. Lorsque des interventions vétérinaires ou d’autres tâches sont déléguées à des professionnels ou à des entreprises extérieures à l’autorité vétérinaire, il conviendra d’établir un cahier des charges précis détaillant les exigences réglementaires ainsi qu’un système de contrôle afin d’assurer le suivi et le contrôle des activités réalisées par ces intervenants extérieurs. En dernière instance, l’autorité vétérinaire est seule responsable de la bonne exécution des interventions confiées aux intervenants extérieurs.

Par leur présence dans les exploitations et le soutien qu’ils apportent aux éleveurs, les SV accomplissent une fonction déterminante : vérifier que les animaux évoluent dans des conditions d’hygiène satisfaisantes et assurer la surveillance, la détection précoce et le traitement des maladies animales, y compris des maladies ayant un impact sur la santé publique. Dans ce contexte, les SV fournissent aux éleveurs des informations, le conseil et la formation destinés à éviter, à éliminer et à maîtriser les dangers menaçant la SSA (y compris les aliments destinés aux animaux) pendant la phase de production, par exemple, les résidus de médicaments ou de pesticides, les mycotoxines ou les contaminants environnementaux.

Les organisations d’éleveurs pour leur part, surtout lorsqu’elles bénéficient des services de conseillers vétérinaires, régulièrement en contact avec les éleveurs et connaissant bien leurs priorités, sont bien placées pour fournir des prestations de sensibilisation et de formation. Le soutien technique fourni par les SV avec l’appui des vétérinaires privés est d’une importance capitale. Les SV jouent un rôle important pour favoriser l’utilisation responsable et prudente des produits biologiques et des médicaments vétérinaires, y compris les agents antimicrobiens, dans les élevages. Ils contribuent ainsi à réduire les risques de développement de l’antibiorésistance et à contenir en-dessous des niveaux tolérés, les taux de résidus de médicaments vétérinaires présents dans les denrées alimentaires d’origine animale.

Les SV ont également pour mission essentielle d’enquêter sur les foyers de toxi-infections alimentaires qui ont pour origine une contamination des aliments par des agents pathogènes pendant la production primaire et ce, en remontant jusqu’à l’exploitation d’origine et, une fois la source d’infection identifiée, de concevoir et de mettre en œuvre les mesures correctives appropriées. En plus de ces missions, les vétérinaires sont à même d’assurer d’autres fonctions liées à la SSA à plusieurs endroits de la chaîne alimentaire et, notamment, d’effectuer des contrôles basés sur les principes HACCP.

Afin que la contribution des SV à la SSA soit la plus efficace possible, il importe que les vétérinaires bénéficient d’une formation initiale et permanente de haut niveau et que des programmes nationaux accompagnent leur évolution professionnelle à ce sujet. Les SV observeront les principes fondamentaux de qualité décrits dans le Code terrestre de l’OIE. La répartition des responsabilités et la chaîne de commandement au sein des SV devront être clairement consignées et solidement documentées. L’autorité nationale devra fournir aux SV un cadre institutionnel permettant d’élaborer et de mettre en œuvre les politiques et les normes requises, ainsi que les ressources suffisantes pour mener à bien leur mission de manière pérenne. Lors de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques et des programmes de SSA, les SV en étroite collaboration avec d’autres agences compétentes devra s’assurer que les risques liés à la SSA sont abordés de manière concertée.

De leur côté l’OIE et la Commission du Codex Alimentarius (CCA) collaborent pour mettre au point des normes permettant de protéger les denrées alimentaires d’un bout à l’autre de la chaîne de production. Pour tout ce qui concerne la production et la sécurité sanitaire des produits d’origine animale, les recommandations de l’OIE doivent être lues parallèlement à celles de la CCA. L’Autorité vétérinaire doit autoriser une certaine marge de manœuvre dans les prestations visant l’inspection des viandes. Les pays ont le choix entre divers modèles de gestion, correspondant à divers degrés de délégation des compétences auprès de différents organismes officiels opérant sous la tutelle et la supervision de l’autorité vétérinaire. Lorsque des intervenants du secteur privé sont amenés à réaliser des inspections ante mortem et post mortem sous la direction globale et la responsabilité des SV, ceux-ci préciseront les compétences exigées dans chaque cas et vérifieront la bonne exécution des tâches confiées à ces intervenants extérieurs.

L’autorité vétérinaire compétent devra disposer de systèmes opérationnels permettant d’assurer le suivi des procédures d’inspection ante et post mortem et l’échange des informations, afin de s’assurer que leur mise en œuvre est efficace. Il conviendra d’intégrer des systèmes d’identification animale et de traçabilité, afin de pouvoir remonter jusqu’à l’élevage d’origine des animaux abattus et jusqu’à l’unité de transformation de leurs produits dérivés, tout au long de la chaîne de production des viandes.

Les SV ont également pour fonction de délivrer des certificats sanitaires destinés aux partenaires commerciaux de leurs pays, attestant que les produits exportés répondent aux normes de santé animale et de SSA. La certification relative à l’absence de maladies animales, zoonoses incluses, ainsi qu’à l’hygiène des viandes relève des compétences des SV officiels. Certains certificats peuvent toutefois être fournis par d’autres professions, en rapport avec les processus de transformation et de conditionnement ou avec la conformité des produits aux normes de qualité.

Dr. Khaled El Hicheri 

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