Accéder au contenu principal

1er Juin : journée mondiale du lait

 

1er Juin : journée mondiale du lait

Le mois de Juin tire à sa fin et je m’empresse d’écrire cet article sur le lait en Tunisie en espérant être encore dans les temps.

Le choix des races à exploiter est d’une importance capitale mais les tunisiens pensent que les vaches laitières sont les vaches européennes ou américaines sélectionnées pour donner les plus grandes quantités mais qui survivent péniblement sous notre climat aride.

Il y a bien d’autres races bovines moins productives mais plus résistantes, plus rustiques et plus sobres qui vivent donc plus longtemps, sont plus résistantes aux maladies, sont moins exigeantes en aliments, sont beaucoup moins chères et se complaisent sous notre climat. Le coût de production de leur lait est nettement moins élevé que celui des meilleures laitières importées des pays cités plus haut.  Il suffit donc de dresser la liste des races les plus productives et les plus résistantes, existantes dans le monde et plus particulièrement dans les pays méditerranéens et ceux des zones arides, d’étudier les potentialités et les facultés d’adaptation de chacune de ces races en vue de retenir celles qui ont le plus de chance de pouvoir apporter une amélioration sensible aux possibilités génétiques des races tunisiennes ou de s’adapter dans notre pays et de dresser la carte des régions d’élevage en fonction de leurs possibilités agronomiques pour introduire dans les régions ainsi délimitées les espèces et les races les mieux adaptées et celles en mesure d’assurer la meilleure transformation du potentiel fourrager.

Les contraintes du secteur laitier

Plusieurs contraintes limitent les possibilités de production du lait dont notamment Le manque de maîtrise des productions fourragères dont la diversification des cultures, les assolements fourragers, les systèmes fourragers adaptés aux conditions des différentes régions, la production de semences fourragère, les techniques de conservation des fourrages, la faible productivité du cheptel laitier de race pure par rapport à son potentiel génétique que nous payons à prix d’or, la saisonnalité de la production, l’impact trop faible des programmes d’amélioration génétique et de la vulgarisation, la faiblesse de la recherche zootechnique et de l’encadrement professionnel


Le Plan d’action

Il est suggéré ce qui suit :

Encourager le regroupement des éleveurs au sein d’organisations professionnelles bien encadrées.

Intensifier la recherche portant sur les variétés fourragères les plus productives, les mieux adaptées à notre milieu et qui présentent le meilleur rapport coûts de production/valeur nutritive. Axer également la recherche sur l’utilisation des sous-produits de l’agriculture et de l’agro-industrie dans l’alimentation du bétail.

Intensifier la vulgarisation pour faire accepter les méthodes d’exploitation qui tiennent le plus compte de la composante fourragère et inciter à la conservation des fourrages par différentes techniques afin d’amener le producteur à les faire transformer sur place et décourager ainsi le commerce spéculatif des fourrages.

Intensifier la plantation des arbustes fourragers, dans les régions du centre en particulier, pour constituer des réserves sur pied très utiles en période de disette. Cette intensification pourrait concerner en premier lieu les périmètres forestiers où de très vastes étendues sont disponibles et peuvent se prêter à ce type de plantation. Les cactus épineux et inermes une fois débarrassés des chenilles qui les débilitent sont les plus indiqués comme arbustes fourragers d’autant plus qu’ils peuvent être utilisés en haies de protection, leur raquette constituent un bon aliment pour les ruminants et notamment les camélidés et leur fruits sont très prisés et ont marché garanti.

Valoriser rationnellement les sous-produits de l’agriculture et de l’agro-industrie. La quantité de sous-produits mobilisable pour l’alimentation animale est estimée à 600.000 T dont 400.000 T de sous-produits de meunerie et 200.000 T des autres industries agroalimentaires.

Concevoir un projet « aliment de sauvegarde » à base de sous-produit, qui inventorierait les sous-produit disponibles (son, paille, tourteaux d’olive, dattes déclassées, marc de raisin, marc de tomate…..) analyserait leur composition et leur valeur nutritive, rechercherait les meilleures combinaisons entre eux et avec les complément nécessaires pour concevoir des formules alimentaires équilibrées, faire des essais d’appétibilité et de conservation sous forme de briques facile à stocker et à transporter. Constituer enfin des stocks de cet aliment pour son utilisation en cas de crise, dans le cadre des plans de sauvegarde du cheptel.

Réduire l’utilisation abusive du concentré. Le déficit fourrager est en effet plus ou moins compensé par le recours aux aliments composés qui représentent entre 50 % et 65 % des ressources fourragères du cheptel, selon les années, les autres ressources étant composées des parcours à raison de 20 % à 30 % et des fourrages cultivés à raison de 15 % à 20 % seulement.

Mettre un terme à la mise en culture des parcours naturels. Ces derniers se sont réduits en quelques décennies de 8 millions à près de 3 millions d’hectares ; près du tiers des meilleurs parcours ont été soustrait à l’élevage au profit de l’arboriculture et de la céréaliculture, ne restent que les parcours pauvres situés dans les zones arides.

Encourager les cultures fourragères en sec aussi bien que dans les périmètres irrigués en vue d’étendre les superficies consacrées à ces cultures et améliorer leur productivité, notamment par l’utilisation des légumineuses fourragères dans les assolements.

La Production laitière

Les importations de génisses pleines de race pure ont porté sur une moyenne de 4.000 génisses par an (32.000 de 1992 à 2000) cette politique a porté ses fruits ; en 2001 un excédent de 46 millions de litres de lait a été enregistré dont 6 millions ont été exportés et 40 millions transformés en poudre de lait mais la production laitière s’est ralentie en 2002 puis a régressé en 2003 et 2004. En effet, l’année 2003 a enregistré une diminution des effectifs bovins de 5 % pour les races pures (environ 11.000 vaches et génisses) et de près de 9 % pour les races locale et croisée (environ 24.000 vaches) et ce par réforme anticipée et abattage important de femelles par suite du renchérissement des prix des fourrages. Par ailleurs, le nombre de vêles recensées en 2004 qui s’élève à 23.580 vêles, s’est avéré insuffisant pour assurer le remplacement des réformes pour l’année 2005. Ce mouvement s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui amplifié par une série d’années de sécheresse. La reprise par accroissement des effectifs devrait être mesuré et le développement de la production devrait plutôt reposer sur l’amélioration des performances du cheptel que sur les importations de génisses gravides qui une fois en Tunisie dépassent rarement 3 à 4 lactations et sont réformées pour raisons pathologique ou économiques.

Instaurer une politique rigoureuse de contrôle des fraudes à l’amont et à l’aval. Notre lait flotte ; a chaque étape, de la ferme au colporteur, au centre de collecte, à la centrale laitière, il est quelque peu mouillé et dépouillé d’une partie de sa matière grasse.

Instaurer un système efficace de contrôle de la qualité, de la ferme au consommateur, pour combattre les fraudes qui se multiplient et améliorer et densifier les circuits de collecte, car près de 30% du lait produit n’est pas collecté par les circuits organisés et la qualité du lait livré à l’industrie ou directement à la consommation ne cesse de se dégrader du fait de la concurrence que se livrent les industriels qui acceptent tout et n’importe quoi sans contrôle.

Améliorer les services d’IA et de Contrôle des performances. L’IA ne touche qu’une faible partie des élevages et ne joue pas le rôle qui lui est imparti dans l’amélioration des niveaux de production ; en effet, la productivité en viande par unité femelle (UF) est de 111 kg et la production de lait est de 4000 L pour les races pures et 800 L pour les races locales et croisées. Ces niveaux de production sont très faibles en comparaison avec le potentiel génétique des animaux importés.

Augmenter les prix à la consommation ou réviser vers la hausse le complément de prix du lait de boisson. Le coût de production moyen du litre de lait est en effet élevé ; et dans ce coût, l’alimentation représente 55 % à 70 %, la part des aliments composés représentant 36 à 46 %. Or les prix des aliments composés augmentent plus rapidement que le prix du lait menaçant ainsi la production laitière. L’indexation du prix du lait à la production sur le prix des aliments composés pourrait constituer une solution.

La liberté des prix pourrait en constituer une autre car si le prix de la viande est libre, pour le lait il existe un prix plancher à la production qui ne couvre pas, dans la majorité des cas, les coûts de production. Le payement du prix à la qualité dont on a si souvent parlé devrait être décidé.

Les conditions d’élevage sont généralement mauvaises et se caractérisent par de nombreux troubles de la reproduction, une mortalité élevée des jeunes et une période productive réduite pour les vaches.

La vulgarisation des notions de gestion rationnelle des troupeaux, d’équilibre de la ration alimentaire s’impose. Les années de sécheresse ont provoqué le recours massif aux aliments composés concentrés ce qui a entraîné des déséquilibres au niveau de la ration et des effets négatifs au niveau des productions.

Améliorer les conditions d’élevage par un meilleur encadrement des éleveurs, leur formation continue et des encouragements à la création d’organisation professionnelles spécialisées.

Mettre en place un plan d’intervention en situation de crise qui permette l’intervention de la profession et de l’Etat à différents niveaux, financier et technique notamment, pour maintenir l’activité normale de l’appareil de production. L’effet sécheresse pousse les éleveurs à procéder à des réformes économiques précoces et à se débarrasser précocement des animaux de remplacement afin de disposer de liquidité pour faire face aux dépenses exceptionnelles dues au renchérissement des fourrages et autres aliments du bétail.

Indépendamment des aides que l’Etat pourrait fournir, une ligne de crédit exceptionnelle à taux réduit pourrait être ouverte aux éleveurs qui n’auraient plus ainsi recours à des mesures drastiques de réduction des effectifs donc des productions.

Sécuriser le payement rapide des éleveurs pour les produits qu’ils auront livré à l’industrie et assainir la situation financière des centrales laitières ; l’ardoise de ces dernières s’élève plusieurs dizaines de million de DT. Les éleveurs ont ainsi financé à leur détriment le fonds de roulement des centrales laitières ; un financement résultant de la vente d’une partie de leur capital cheptel.

Amender le code des investissements pour y inclure le cheptel, les équipements d’élevage, les installations de stockage, les tanks réfrigérés et tous autres équipements et matériels nécessaires au développement des productions, à la préservation des produits et au maintien de leur qualité.

Développer les moyens de conservation à la ferme et de transport du lait sans rompre la chaîne du froid pour en préserver la qualité bactériologique.

Instaurer l’obligation du contrôle technique, hygiénique et sanitaire des centres de collecte sur le modèle de la démarche HACCP et les soumettre régulièrement à des audits.

Revoir l’affectation de l’ensemble des subventions accordées au secteur, centres de collecte et industriels, en fonction des résultats des contrôles et de leurs conformités aux cahiers de charges, de manière à privilégier la qualité et à protéger les entreprises les plus vulnérables.

Améliorer la productivité du troupeau laitier par la mise en place de programmes intégrés de lutte contre l’infertilité, contre les maladies néonatales et contre les mauvaises pratiques d’hygiène d’élevage, et de gestion du troupeau.

Intensifier la collecte du lait en réduisant l’espace séparant l’élevage du centre de collecte et ce par la mise en place de mini-centres de collecte de proximité sous forme d’un réseau tertiaire.

Pour le comité exécutif de MVI

Dr. Khaled El Hjcheri

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

L’élevage caprin en Tunisie

L’élevage caprin en Tunisie L’espèce caprine est présente partout dans le pays. Son élevage est pratiqué depuis des siècles, suivant des systèmes liés aux conditions du milieu. La chèvre a toujours joué un rôle essentiel dans les régions marginales tunisiennes ; son élevage est de type extensif et son alimentation est basée sur l'utilisation quasi exclusive des ressources fourragères des parcours. Sa productivité est faible et ses productions contribuent essentiellement à la consommation familiale et comme source de trésorerie mobilisable. Les races locales prédominantes sont de type mixte, d'aptitude laitière généralement médiocres. Son lait est utilisé pour la consommation familiale et les chevreaux qui ne sont pas sacrifiés lors des fêtes et des évènements familiaux, sont vendus sur les marchés hebdomadaires à un âge assez tardif. Les performances zootechniques des caprins tunisiens sont faibles, ils sont par contre parfaitement aptes à valoriser les fourrages ligneux de

Histoire du caducée vétérinaire

L’histoire du caducée, emblème des corps de santé, remonte loin dans le temps. Il n’est pas une profession de santé, qui n’arbore un caducée spécifique où se retrouvent : le bâton, le serpent et les ailes. Le caducée vétérinaire n’échappe pas à la règle. Des caducées spécifiques à chaque profession ont, au cours des temps, été arborés sur les enseignes, les panneaux indicateurs, les véhicules des professionnels de santé, les ordonnances, les papiers à en-tête, les enveloppes, les porte-clés et bien d’autres objets liés aux activités professionnelles. Il convient, toutefois de signaler que le caducée est souvent confondu, à tort, avec l ' emblème  du  corps médical , le  bâton d'Asclépios ou bâton d'Esculape , avec la  coupe d'Hygie  des  pharmaciens   ou d'autres symboles médicaux ou paramédicaux dérivés de ces derniers. L’origine du caducée se trouverait dans la mythologie grecque ou romaine, faite de légendes et de fables qui expliqueraient l’origine du c

Les maladies infectieuses du dromadaire

  Les maladies infectieuses du dromadaire Comme toute autre espèce animale, les dromadaires souffrent de nombreuses pathologies qui compromettent leur potentiel productif. Ces animaux qui peuplent et animent les grandes étendues désertiques dans le monde ont, pendant des siècles, joué un rôle primordial dans les échanges commerciaux et culturels. La mécanisation puis la technologie ont réduit ce rôle et le dromadaire n’a dû sa survie qu’a sa capacité de vivre dans les pires des conditions climatiques et de milieu. Ses capacités de résistance et sa physiologie particulière ne le mettent malheureusement pas à l’abri des maladies ; des pathologies auxquelles les chercheurs se sont très peu intéressés. L'effectif actuel des dromadaires dans le monde est estimé à 15.370.000 têtes dont 80 % environ en Afrique et 20 % en Asie. Cette espèce animale, très peu représentée en Tunisie (80.000 unités femelles ou 170.000 têtes), est bien adaptées aux conditions sévères de l'environnement