Education
et sensibilisation du public à la Rage et à l'Échinococcose-Hydatidose
Les organisations internationales spécialisées
(OMS, OIE, FAO, WVA, GARC) s’accordent sur le fait qu’un contrôle raisonnable
de la rage animale et une diminution significative des cas de rage humaine,
sont possibles. Pour réduire le nombre de cas de rage animale et humaine, ces
organisations préconisent un meilleur contrôle des populations de carnivores
domestiques en errance, couplé à un comportement responsable des propriétaires
de chiens, chats et autres animaux, susceptibles de contracter la rage et de la
transmettre, sont à promouvoir.
Il
est en effet possible d’éradiquer cette terrible zoonose quand on bénéficie
du soutien d’un public bien informé et sensibilisé, d’une administration fortement
impliquée et efficace, d’organisations professionnelles motivées et de
professionnels (vétérinaires et corps médical) convaincus, sans oublier un
financement adéquat et pérenne, durant l’exécution du programme de lutte.
Signalons que depuis mai 2019, les normes de
l’OIE sur la rage incluent désormais des recommandations à destination des pays
désirant solliciter, sur une base volontaire, la validation de leur
programme de contrôle de la rage transmise par les chiens. Les procédures à
suivre pour établir cette demande devraient être disponibles à partir de
l’année prochaine et les premiers programmes seront validés en 2021. Disposer
d’un programme de contrôle validé par l’OIE ouvrira la voie, pour les pays, à
auto-déclarer l’absence de la rage sur leur territoire.
Par ailleurs, la lutte contre la rage
peut être couplée efficacement avec la lutte contre une autre zoonose, non
moins grave, l'Échinococcose-Hydatidose (kyste hydatique), dont les chiens et
les ovins sont respectivement les hôtes définitifs et les hôtes intermédiaires.
Ces deux zoonoses aussi dangereuses et dévastatrices l’une que l’autre,
constituent des cibles idéales pour un programme national de lutte qui s’inscrit
dans l’approche « One Health /une seule santé ». La surveillance
active de l'Échinococcose-Hydatidose, par utilisation de tests, peut être
assurée à peu de frais et il existe des médicaments efficaces qui peuvent être
utilisés pour traiter les parasites au stade adulte chez les chiens et pour
traiter les cas humains. Un vaccin efficace a aussi été développé pour prévenir
les infestations au stade larvaire chez les hôtes intermédiaires.
Dans la lutte contre les zoonoses, les
problèmes fondamentaux sont généralement des facteurs culturels et de
mentalités, plutôt que des questions techniques. La réussite des programmes de
prévention et de lutte est intimement liée à la volonté politique, à
l’efficacité de l’administration et à l’éducation du public. Des programmes
d’éducation sanitaire et de sensibilisation du public doivent donc précéder
toute mise en place d’un programme de lutte ou d’éradication d’une zoonose.
Toute la logistique liée à la vaccination/traitement des
chiens contre ces deux zoonoses et à la gestion de la population canine, ne
saurait être efficace sans un programme complet d’éducation du public sur
l’exposition à ces maladies. Un moyen efficace de communiquer ces principes est
donc nécessaire, que ce soit par le biais de forums et conférences, des institutions
médicales, des para-professionnels, des enseignants et des affiches dans les
écoles, les mosquées, les cliniques vétérinaires, les pharmacies, les hôpitaux
et les dispensaires, illustrant des images frappantes de cas d’animaux et
d’humains atteints de ces maladies. L’éducation du public doit, en outre, inclure
le sujet de la responsabilité inhérent à la possession de chiens, chats et
autres animaux, d’une manière générale.
Adultes et enfants doivent être informés, sur
le comportement des chiens, les risques de morsures et la manière de les prévenir,
sur une
hygiène appropriée en cas de morsure, sur la prophylaxie post-exposition
(PEP) et sur les programmes de vaccination des carnivores domestiques. Des
connaissances sur les soins médicaux constituent une composante
essentielle de tout programme de vaccination antirabique et peuvent contribuer
à faire baisser l’incidence de la rage chez l’homme ainsi que la charge
financière des traitements PPE.
Améliorer
les connaissances du public, en matière de prévention et de lutte contre la
rage, signifie aussi l’informer sur les responsabilités des propriétaires de carnivores
domestiques et sur le comportement à adopter immédiatement après une morsure.
La participation et l'engagement de la population dans ces programmes
permettent aux principaux messages d'information d’être mieux compris et mieux
diffusés.
L'éducation,
l’information et la sensibilisation de la population doit contribuer à atténuer
la peur atavique des chiens et à garantir le succès des programmes de lutte
dans leurs composantes vaccinales, de réduction de l’errance et de diminution
du nombre de traitement PPE. Toutefois, l'euthanasie sans cruauté, de carnivores
domestiques errants, infectés ou suspects, de chiens gravement malades ou de
chiens dangereux, présentant un risque pour l'homme et pour leurs congénères,
sera nécessaire pour alléger les souffrances de l’animal ou prévenir d'autres
risques pour la population humaine, en particulier les enfants.
Le
gouvernement, particulièrement préoccupé par le coût du PNLR qui s’élève à près
de 23 millions de dinars, doit être convaincu qu’un programme commun de lutte
contre la rage et de traitement de l’échinococcose-hydatidose des chiens est la
méthode la plus efficace et la plus économique de contrôle/éradication de ces
deux zoonoses. La lutte contre l’errance, la gestion de la population canine,
la stérilisation, l’éducation du public, les campagnes de vaccination et de traitement,
forment des composantes essentielles et communes au sein d’un programme de
lutte couplé contre ces deux maladies.
Le
gouvernement, les autorités régionales et locales ainsi que les propriétaires
de chiens doivent comprendre les avantages qu’offre la prévention de la rage et
de l’échinococcose-hydatidose à leur source animale, tant pour l’économie et la
santé publique que pour la santé et le bien-être des animaux.
Pour leur part, les médecins
vétérinaires, malgré les risques qu’ils encourent, peuvent contribuer
efficacement à une lutte couplée contre ces maladies, si les moyens qu’exigent
les programmes de lutte sont réunis. Pour exercer leur mission, les Services
vétérinaires doivent pouvoir compter sur l’appui de leur gouvernement, des
structures administratives nationales concernées, des communautés locales, des
organisations non-gouvernementales et, avant tout, des propriétaires de chiens.
Ils doivent aussi se conformer aux normes de bonne gouvernance vétérinaire qui
forment la clé de voûte de toute élaboration et mise en œuvre des stratégies et
mesures de contrôle des zoonoses et des autres maladies animales.
Dr.
Khaled El Hicheri
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