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Impact du prix des médicaments sur l’élevage

L’importance du prix de vente des médicaments aux éleveurs a été maintes fois portée à l’attention des autorités par les vétérinaires. Ce prix représente une composante importante des coûts de production et influe sur la rentabilité des élevages. Pour assurer une meilleure disponibilité des médicaments à usage vétérinaire et faire chuter leur prix, la profession vétérinaire avait proposé l’exonération des droits de douane, la levée du monopole d’importation de la pharmacie centrale afin de mieux faire jouer la concurrence, l’exercice sans restriction de la pro-pharmacie par les vétérinaires et la création d’une mutuelle d’achat et de distribution. Le moins que l’on puisse dire c’est que les autorités en charge du dossier n’ont pas abondé dans leur sens, bien au contraire : La PCT est toujours l’unique importateur, les ruptures de stocks sont fréquentes et les prix sont toujours à la hausse.
Pour les éleveurs autant que pour les médecins vétérinaires de libre pratique, la réduction des prix des médicaments vétérinaires est une condition nécessaire au développement des productions animales, notamment en élevage intensif, et à la mise sur le marché de produits alimentaires de bonne qualité sanitaire et nutritionnelle. Comme les vétérinaires, les éleveurs considèrent que le médicament vétérinaire est déjà trop cher et que l’augmentation de son prix compromettrait le développement de l’élevage et entrainerait une hausse des prix des produits alimentaires d’origine animale.
Toute hausse inconsidérée aurait également des effets collatéraux dont l’impact sur la santé des animaux et de la population serait désastreux car, pour réduire le coût des soins, nombre d’éleveurs se tournent vers des non professionnels qui pratiquent illégalement la médecine vétérinaire et vers l’automédication avec tout ce que cette pratique comporte comme dangers pour la santé des animaux et en finalité pour le consommateur. Ils sont la proie de colporteurs qui se livrent à la vente de « médicaments » introduits frauduleusement dans le pays, dont en ne connait ni l’origine, ni la composition réelle ni les effets et qui échappent à tout contrôle. Ils s’approvisionnent aussi auprès d’officines pharmaceutiques qui n’hésitent pas à délivrer ces médicaments sans ordonnance. Ces pratiques illégales ne feraient que se généraliser avec l’augmentation du prix du médicament vétérinaire
Pour contrer ce phénomène et protéger éleveurs et consommateurs, une baisse des prix du médicament vétérinaire est une des mesures essentielles qui doivent être prises pour réduire les charges des éleveurs. Des calculs de prix de revient, effectués à l’époque par la Direction Générale de la Production Animale, ont montré que les prix des médicaments vétérinaires, acquis sur appel d’offre, sont majorés de 35% pour les médicaments et de 42% pour les vaccins, par rapport aux prix Coût et Fret. Ces majorations sont dues aux droits de douane, aux frais d’assurance, aux frais d’approche et à la marge de la Pharmacie Centrale et de l’Institut Pasteur (pour les vaccins). Les taxes, ainsi que les marges prélevées dans le circuit de distribution par la PCT, les grossistes répartiteurs et les officines, doublent le prix C&F du médicament. En effet le prix de revient de la PCT était égal au prix d'achat + 10%, dont 7% de droits taxes douanières auxquels s'ajoutaient, lors de la vente au grossiste, une marge de 12,5% pouvant atteindre 20% pour les commandes fermes de médicaments hors nomenclature. Le grossiste prélevait 10% du prix de vente lors de la rétrocession à l'officine. Enfin, l'officine prélevait une marge de 28%, à la vente au public, correspondant à 39% du prix d'achat, ce qui fait que l’éleveur paiyait le médicament vétérinaire deux fois son prix C&F et c’est ainsi que le traitement d’une mammite (infection de la mamelle) chez une vache laitière pouvait atteindre à l’époque, l’équivalent du prix à la production de 200 litres de lait, soit 6 fois plus qu’en Europe. A vous de juger.                                                                                    

Dr. Khaled EL HICHERI

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