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L’augmentation du prix du médicament vétérinaire et le développement des pratiques illégales
La rumeur qui annonce l’augmentation des prix des médicaments, s’amplifie et l’inquiétude des éleveurs et des médecins vétérinaires augmente. Si la rumeur se vérifiait, les effets sur notre cheptel de rente seraient catastrophiques. Par ailleurs, l’augmentation annoncée des prix des médicaments à usage vétérinaire porterait un coup fatal dont la pharmacie vétérinaire déjà sinistrée, du fait de pénuries récurrentes enregistrées auprès de la Pharmacie Centrale de Tunisie (PCT) et de pratiques douteuses dans le circuit de distribution du médicament vétérinaire, ne s’en relèverait pas.
Les éleveurs ont toujours réclamé la réduction des prix des médicaments vétérinaires ; ils considèrent que les prix actuels de ces médicaments en officine sont déjà trop élevés et rendent la prévention et les traitements des maladies animales, trop coûteux. Des médicaments vétérinaires à un prix accessible sont, en effet, une condition nécessaire à une bonne couverture sanitaire du cheptel et au développement de productions animales, de bonne qualité sanitaire et nutritionnelle, notamment en élevage intensif.

Pour réduire ces coûts, les éleveurs ont de plus tendance à recourir à des non professionnels, encourageant ainsi l’exercice illégal de la médecine vétérinaire, et pratiquent l’automédication avec tous les dangers que cela comporte pour la santé du cheptel et de la population. Ils peuvent se procurer facilement les produits pharmaceutiques vétérinaires dans les circuits parallèles, auprès de colporteurs ou directement auprès des officines pharmaceutiques qui n’hésitent pas à délivrer ces médicaments, sans ordonnance. Une augmentation des prix des médicaments ne ferait qu’amplifier ces phénomènes et encouragerait le développement des circuits parallèles illégaux et incontrôlables.

Pour les médecins vétérinaires, le médicament vétérinaire est d’une importance capitale dans l’exercice de leurs activités médicales. Il constitue l’un des fondements de la pratique vétérinaire, en clientèle rurale comme en clientèle urbaine. Les précautions à prendre dans l’administration et la délivrance de ces médicaments, ne peuvent être assurées que par ces hommes et ces femmes de l’art.
Le médicament vétérinaire ne souffre pas uniquement de son prix prohibitif. Sa délivrance sur les lieux d’exercice, à la ferme pour assurer le suivi thérapeutique du traitement instauré sur les animaux malades, fait l’objet d’une résistance farouche de la part de certains lobbies. Or, Séparer la prescription de la délivrance n’apporte pas les bénéfices escomptés par ces derniers et détruire le couple prescription-délivrance, en médecine vétérinaire, c’est remettre sérieusement en question la santé et le bien-être des animaux et la sécurité sanitaire des aliments d’origine animale. Enfin, refuser la délivrance du médicament au vétérinaire, alors qu’il est légalement autorisé à pratiquer la pro-pharmacie, c’est supprimer le maillage local de cette délivrance, les pharmaciens ne pouvant assumer ce rôle de proximité sur l’ensemble du territoire. En fin de compte, l’éleveur serait perdant, car les prix seraient également à la hausse en raison de l’impossibilité d’une délivrance sur les lieux par le vétérinaire, dans le cadre du suivi thérapeutique évoqué.
Enfin, la définition légale et générale du médicament vétérinaire est un enjeu crucial car définir légalement les produits pharmaceutiques à usage vétérinaire revient à déterminer les limites d’un secteur d’activité spécifique, celui de la santé animale, et à identifier les acteurs légalement admis à y participer que sont les vétérinaires.            

                                                                                              Dr. Khaled EL HICHERI

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