Après la course aux masques, la course aux respirateurs, la course aux tests, voila la course aux vaccins. Dans cette course, la Tunisie comme à l’accoutumée, se place parmi les trainards. Après une trop longue réflexion, sur le choix du vaccin, les autorités sanitaires et politiques auraient opté pour le vaccin russe « spoutnik V ».
Les Etats Unis, quant à eux, ont gagné la course à la production et à la mise sur le marché. Deux premiers vaccins (à "ARN messager") ont été mis sur le marché, aux USA par Pfizer et Moderna pour endiguer l'épidémie de Covid-19 causée par le virus SARS-CoV-2. Ils diffèrent des vaccins classiques constitués de virus inactivés ou atténués ou de protéines.
A la base, la vaccination consiste à injecter dans l'organisme, de faibles doses d'un agent pathogène pour stimuler le système immunitaire afin qu’il produise des anticorps pour faire barrage à la maladie causée par le dit pathogène. Il faut d’abord savoir que le coronavirus Sars-CoV-2 est un virus à ARN ce qui n’est pas le cas pour d’autres virus.
En temps normal, la fabrication d’un vaccin s'effectue de manière séquentielle, par étape. Chaque étape nécessitant parfois plusieurs mois et ne démarrant qu'après la fin de la précédente. Développer un vaccin en moins d'un an paraissait impossible mais vu l’urgence de la situation, provoquée par la propagation rapide de covid-19, le laboratoire Pfizer a activé plusieurs étapes en même temps pour produire le vaccin « Comirnaty ».
Le vaccin Comirnaty de Pfizer/BioNTech est un vaccin à ARN messager. C'est une technologie nouvelle, qui n'a pas fait ses preuves contre d'autres virus jusqu'ici. Les vaccins à ARNm ont le même objectif que les vaccins traditionnels, déclencher une réponse immunitaire pour que l'organisme puisse se défendre. Les chercheurs utilisent une partie d’Acide RiboNucléique (une séquence génétique du coronavirus ARNm) et l'injectent à l'intérieur de la cellule humaine. Cette partie d 'ARN va s'insérer au niveau de l'ARN de la cellule qui va l'utiliser pour produire la protéine virale associée qui va faire réagir le système immunitaire. Dans le cas du virus Sars-CoV-2, cette protéine est appelée "Spike". Le système immunitaire va la détecter et réagir en produisant des anticorps.
Efficacité du vaccin à ARN
L'efficacité d'un vaccin ne peut se démontrer que sur le long terme ; Il faut que des personnes vaccinées et non vaccinées contre le virus aient été exposées dans une zone infectée pour que l'on puisse démontrer que la population vaccinée a été moins touchée que la population non vaccinée. Or, cela demande nécessairement un temps assez long. Aujourd'hui, après le début de la vaccination, les spécialistes s'accordent pour dire qu'il faut au moins 6 mois pour pouvoir analyser le taux d'anticorps des personnes vaccinées, gage de leur protection. Selon les analyses réalisées par Pfizer et BioNTech avant la commercialisation de leur vaccin, sa protection interviendrait 28 jours après la 1ère injection, ce qui justifie la vaccination à 2 doses à 21 jours d’intervalle (28 jours pour le vaccin Moderna).
Les résultats des études cliniques des candidats vaccins semblent converger pour démontrer que la vaccination permet de réduire massivement les formes graves et donc la mortalité due à Covid-19. L'efficacité du vaccin est donc le niveau de protection conférée contre le risque de formes graves de la maladie ; mais on ne sait pas encore s'il peut protéger contre la transmission du virus à d'autres personnes.
Normalement, les vaccins sont administrés préventivement afin que lorsque l’épidémie se manifeste à nos portes, l’organisme a déjà produit suffisamment d’anticorps pour assurer une immunité qui le protège contre l’infection. Malheureusement, nous sommes actuellement dans le pire des scénarios, celui où le virus est déjà sur place et se répand à grande vitesse. Dans cette première campagne de vaccination, la stratégie vaccinale vise le contrôle de l'épidémie mais il est nécessaire d'attendre que les études établissent la preuve que les vaccins ont une efficacité possible sur la transmission du virus et que les vaccins soient disponibles pour gagner de vitesse le virus.
Effets secondaires
Les vaccinations contre la Covid-19 ont commencé aux quatre coins du monde avec différents vaccins ; or comme tout médicament, un vaccin peut générer des effets secondaires. Ces effets sont la plupart du temps Bénins. Ainsi, depuis le début de la vaccination aux USA, 2 cas d'allergie ont été confirmés après l'administration du vaccin Pfizer à des dizaines de milliers de personnes. Ces cas se sont révélés sans gravité. Le reste du temps, les effets secondaires les plus fréquents, associés aux vaccins, sont de faibles douleurs au point d'injection, de la fatigue et de la fièvre. Le risque d'anaphylaxie serait, quant à lui, d'un cas sur 100 000 doses.
Sites de production
L'Europe est leader de la production de vaccins - elle produit chaque année 1,7 milliards de doses de vaccins, soit 76 % de la production mondiale – sur 27 sites de production, répartis dans 11 pays de l'Union Européenne. Plusieurs de ces sites de production peuvent produire pour plusieurs continents et les différentes phases de production d'un vaccin peuvent être réparties sur plusieurs sites (un site produit l'antigène, un site conditionne le vaccin comme cela est le cas au du Maroc). Le vaccin Pfizer-BioNTech est produit dans les sites de fabrication de Pfizer en Belgique et aux USA ainsi que par BioNTech en Allemagne. Le vaccin Moderna sera fabriqué en Suisse puis en France.
Deux vaccins ont été autorisés par l'Agence Européenne du Médicament (EMA) pour être commercialisés dans tous les pays d'Europe. Le vaccin Comirnaty à ARNm Covid-19 est le premier vaccin à avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) conditionnelle, en Europe, le 21 décembre 2020. Le vaccin américain Moderna (également à ARNm) est le second vaccin à avoir reçu le feu vert de l'EMA le 6 janvier 2021.
Nous pourrons juger de la qualité de ces vaccins - auxquels viendront s’ajouter bien d’autres - sur le terrain, de leur fiabilité, de leur composition, de leur mode de conservation, de leur sécurité, de leur durée d’efficacité, de l’immunité qu’ils confèrent et des effets secondaires qu’ils pourraient provoquer
Dr. Khaled El Hicheri
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