Les établissements d’élevage de
Sidi Thabet et d’Ebba Ksour *
L’établissement d’élevage de Sidi Thabet, créé par le décret du 9 septembre 1913, est la continuation de l'ancien Haras de Sidi-Thabet mis en place par le Comte de Sancy et la Société Franco-africaine qui avait administré les Haras de Sidi-Thabet pendant 33 ans, de 1880 à 1913, jusqu'à la création de l'établissement d'élevage de Sidi-Thabet. C’est en effet l'été 1913 que le Pr. Dechambre était appelé en Tunisie par Mr. Lescure, Directeur Général de l'Agriculture et par le Dr. Ducloux, pour établir l'organisation de l'établissement de Sidi-Thabet qui, grâce aux nombreux animaux de différentes espèces et races qu'il abritait et à son exploitation agricole de 1.200 hectares, représentait un remarquable terrain d’essai, un véritable laboratoire de zoologie appliquée et le prolongement naturel de l'Institut Arloing en matière de recherche et d'expérimentation.
Quinze années plus tard, la nécessité s’est faite sentir de créer un deuxième établissement pour desservir l’ouest du pays. L'Établissement d'Élevage d'Ebba-Ksour, situé sur les hauts plateaux à proximité de la frontière algérienne, à 200 km de Tunis, fut alors créé en 1928 par le Décret du 31 janvier 1928.
L’établissement d’Élevage de Sidi Thabet contribua à
l'étude de quelques uns des grands problèmes de la biologie et de la zootechnie
appliquée, dans un objectif d'amélioration du cheptel tunisien et de sa
productivité. Il constituera notamment une pépinière, riche et variée, de
géniteurs d'élite des différentes espèces animales domestiques et un terrain
d'essai des méthodes d'amélioration zootechniques les plus adaptées au cheptel
et au milieu tunisien. Véritable champs d’essais et d’expérimentation, c’était
également une structure de vulgarisation à laquelle les éleveurs avaient
librement accès pour se rendre compte des progrès de la zootechnie et de
l’amélioration des races animales, de leur entretien, de leur production, de
leur exploitation et des possibilités de croisement les plus adaptées aux
conditions climatiques et environnementale du pays.
Cet établissement a abrité un haras modèle dont la
réputation dépassait les frontières de la Tunisie et qui s’était spécialisé
dans deux races du pays, le Pur Sang Arabe et le cheval Barbe et une race
Française, le cheval Breton. Aux côtés de ce haras se trouvait également une
importante asinerie comprenant des dizaines de femelles et de baudets-étalons
destinés à fournir aux éleveurs de bons reproducteurs pour répondre aux besoins
de l’industrie mulassière alors très prospère dans le pays.
Une bergerie expérimentale permettait d’effectuer des
essais d’adaptation de races importée et de tester des croisements pour leur
aptitude bouchère, la qualité de leur laine ou leur capacité laitière. Les
travaux sur les races ovines permirent d’orienter la production ovine vers la
production industrielle d’agneaux de boucherie bien conformés, destinés au
marché français vers lequel ils étaient expédiés, à l’état de carcasses
réfrigérées.
Par contre, les techniques de
croisements pour l’amélioration génétique de l’aptitude laitière des bovins
tunisiens n’ont pas donné les résultats souhaités car cette amélioration est
surtout liée à une alimentation nutritionnellement équilibrée en quantité et en
qualité. Ces conditions n’étaient pas réunies à l’époque et ne sont toujours
pas réunies de nos jours.
et Brune des Alpes et Montbéliarde ont été créés dans l’établissement d’élevage de Sidi Thabet alors que l’établissement d’Ebba Ksour abritait un troupeau pépinière de Zébu Sahival.
C’est dans l’établissement d’élevage de Sidi Thabet que
furent testés les premiers bovins de la race Brune de Alpes et de la race
Tarentaise qui prirent un grand essor dans le pays comme bovins à double fin,
ou encore les bovins zébus indo-pakistanais
des races Nellore pour la viande et Red Sindhi pour la production laitière qui
ont donné d’excellents résultats dans leurs croisements avec les bovins des
races locales. Les produits de ces croisements, alliaient une rusticité
extraordinaire et une grande résistance aux maladies et plus particulièrement
aux piroplasmoses, à une grande capacité à transformer les aliments et à un
excellent rendement en viande. Les taureaux de ces races zébus, produits à Sidi
Thabet, étaient très appréciés et étaient demandés par les agriculteurs des
autres pays de l’Afrique du nord et de l’Afrique subsaharienne. Je me souviens
qu’au début des années soixante, un
troupeau de ces zébus avait été vendu au Sénégal pour améliorer les races
locales de zébus africains. Il m’a été donné, lors d’une mission effectuée en
1965 en Mauritanie de faire le détour par Thiès au Sénégal pour constater la
bonne adaptation de ces zébus indo-pakistanais aux conditions de l’Afrique
subsaharienne.
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