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Surveillance épidémiologique et visites sanitaires des élevages

Surveillance épidémiologique et visites sanitaires des élevages

Le suivi sanitaire des élevages ne doit pas être le fait des seuls vétérinaires de libre pratique qui dans la pratique ne signalent pas toujours les suspicions de cas de maladies infectieuses et contagieuses. La responsabilité de l’état de santé des animaux incombe aux services vétérinaires officiels qui doivent alerter les autorités nationales et les organisations internationales (OMSA, OMS, FAO) chaque fois que nécessaire. Pour ce faire elles doivent se fier à un système de surveillance épidémiologique et à des visites sanitaires obligatoires des élevages par les médecins vétérinaires sur le terrain.

La surveillance épidémiologique

 

Elle est nécessaire mais ne doit pas être de la seule responsabilité des Services Vétérinaires officiels (DGSV, CNVZ et CRDA) et ne doit donc pas reposer uniquement sur l’activité de ces services. Les acteurs principaux sont les éleveurs eux-mêmes puis les vétérinaires libres praticiens. En outre, les SV ne pouvant continuer à utiliser la seule prophylaxie médicale pour prévenir certaines maladies, doivent renforcer les moyens de prévention par la mise en place de réseaux de surveillance épidémiologique. Toute insuffisance budgétaire, se traduirait par une réaction très lente à la présence d’une maladie d’introduction nouvelle et ne permettrait pas de déclencher, à temps, la mobilisation des moyens de lutte pour éviter les catastrophes.

 

L’exemple de Covid-19 est présent pour nous rappeler que toute stratégie de lutte contre les maladies animales come humaines doit reposer en premier lieu sur la prévention, la surveillance et la réaction rapide par l’activation de plans d‘urgence préparés à l’avance. Faute d’avoir réagi rapidement dès les premières informations parvenues de Chine à propos d’un nouveau Coronavirus affectant les humains, malgré les signaux d’alerte qu’avait lancé le corps médical, la mobilisation n’a eu lieu que bien après que plusieurs pays aient été contaminé. Des dispositions conservatoires auraient dû être prises pour préparer les personnels des systèmes de santé et de sécurité et pas seulement le personnel hospitalier, à une possible mobilisation. Parallèlement la sensibilisation du public au risque que la maladie pouvait représenter et la vulgarisation des comportements de prévention auraient dû être effectuées avant la mobilisation des moyens.

 

Pour en revenir aux maladies animales, la surveillance épidémiologique ne doit pas concerner les seules maladies classées prioritaires ou encore à déclaration obligatoire ; elle doit également concerner les maladies non réglementées et les zoonoses car, les maladies zoonotiques, transmises des animaux aux humains, sont très nombreuses - sur 1.415 agents pathogènes connus pour infecter les humains, 61% sont zoonotiques – et sont causées par divers agents pathogènes : virus, bactéries champignons et parasites ou tout autre agent transmissible.

Dans ce cadre, la Tunisie s’est dotée depuis 2007 d’un Centre National de Veille Zoo-sanitaire (CNVZ) avec pour objectifs la vigilance et la surveillance épidémiologique des maladies animales, dans le but de suivre l’évolution des maladies dans le temps et dans l’espace, déterminer la prévalence des maladies dans le cheptel national dans tout le pays, sensibiliser les éleveurs et les médecins vétérinaires de terrain (étatiques et privés), réaliser des enquêtes sérologiques dans le cadre de la surveillance active pour déterminer la prévalence et l’incidence des maladies animales, mettre en place et activer un réseau de surveillance passive et, évaluer l’impact économique des maladies affectant les élevages.

Il convient de signaler que, 3.000 bovins et d’importantes quantités de produits alimentaires d’origine animale, sont importées annuellement et répartis tout le territoire national. Ces animaux et ces produits peuvent présenter un risque de contamination du cheptel national par différents sérotypes de virus et particulièrement les sérotypes exotiques. Un contrôle est effectué, dans les centres de quarantaine, par test ELISA suivis d’un contrôle virologique (RT-PCR) si les résultats de ce contrôle s’avèrent positifs.

Le plan de Sero-surveillance aux frontières mis en place dans les deux postes frontaliers de Ras jedir et de Dhéhiba et dans tous autres points d’entrées des animaux à partir des frontières Sud-Ouest et Sud Est, a consisté en la sélection de 2 troupeaux « sentinelles » par poste afin d’effectuer des prélèvements sanguins mensuels sur 10 animaux de ces troupeaux.

 

Les visites sanitaires obligatoires des élevages

 

Ces visites sont indispensables pour constater sur le terrain, l’état de santé des animaux de rente et prendre les mesures nécessaires en cas de diagnostic de maladies infectieuses, contagieuses. Ces visites devront être effectuées de manière routinière au moins 2 fois par an et chaque fois que l’intérêt de l’Etat l’exige, par un vétérinaire sanitaire officiel étatique ou privé, doté du Mandat Sanitaire et devront être prises en charge par l’État. Elles ont pour but d’améliorer le niveau de maîtrise des risques sanitaires dans les troupeaux. Un arrêté ministériel devra être pris à cet effet.

Les élevages concernés sont, en priorité, ceux des adhérents aux groupements d’éleveurs, des coopératives de production et de service et, des SMSA.

Au cours de la visite, le vétérinaire sanitaire complète avec l’éleveur une fiche d’enquête qui sera signée à l’issue de la rencontre, par les deux parties en double exemplaires et l’éleveur est tenu de la conserver durant 5 ans, dans son registre d’élevage. A cette occasion, une fiche de sensibilisation comprenant les principales recommandations doit être remise à l’éleveur.

L’enregistrement des événements pathologiques, et particulièrement des avortements, sur le registre d’élevage est obligatoire. Les actes et analyses qui pourraient être exigées par le vétérinaire visiteur, devraient être totalement pris en charge par l’État.

 

Dr. Khaled El Hicheri

 

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