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Les pathologies dominantes des caprins en Tunisie.

Les pathologies dominantes des caprins en Tunisie.

Les caprins, malgré leur rusticité, souffrent de nombreuse maladies parasitaires, virales et bactériennes qui lorsqu’elles ne les tuent pas, débilitent leurs organismes et réduisent leur productivité. Ces maladies affectent la trésorerie des éleveurs et l’économie de l’élevage national. Nous citerons quelques-unes de ces pathologies parmi les plus importantes : 

I. La brucellose des petits ruminants


La brucellose des petits ruminants par B. Melitensis est une zoonose. Une flambée de brucellose humaine dans le gouvernorat de Gafsa, en 1991 avec 454 cas déclarés, ce qui a poussé les Services Vétérinaires à élaborer un programme de vaccination de masse des petits ruminants qui s’est poursuivie pendant plus de 20 ans sans résultats tangibles, provoquant par contre l’infection d’un certain nombre de vétérinaires et d’auxiliaires. Des études s’imposent en vue de déterminer la prévalence de cette pathologie dans le gouvernorat de Gafsa et partout ailleurs, l’importance de la couverture immunitaire assurée par le vaccin et l’incidence sur la santé des animaux et des personnes. Si le programme de prévention devait se poursuivre les SV feraient mieux de procéder à l’abattage/indemnisation des animaux infectés dans les foyers et de vacciner en anneau, autour de ces foyers, tout en adoptant des mesures de prophylaxie sanitaire. Cela serait beaucoup moins onéreux, moins dangereux et moins consommateur de temps et de moyens.

 

II. La fièvre catarrhale ovine (Blue Tongue)

La BT est une maladie virale, vectorielle et non contagieuse, transmise par un moucheron de la famille des Culicoïdes qui touche préférentiellement les ovins mais n’épargne pas les caprins. C’est une maladie à déclaration obligatoire qui figure dans la liste des maladies règlementées, communes à plusieurs espèces (décret n°2200-2009). Un réseau de surveillance des maladies animales a été mis en place en 2007 et la BT a fait l’objet d’un programme basé sur une surveillance passive et sur une surveillance active. Après plusieurs années de vaccination, l’objectif serait la détermination du niveau d’immunisation de la population animale cible, du niveau de circulation virale au sein de cette population, et la détection rapide de l’introduction de nouveaux sérotypes.

La BT est une maladie causée par plusieurs sérotypes n’ayant pas d’immunité croisée entre eux, et le principal risque est l’introduction d’un nouveau sérotype en milieu vierge. Ce risque se manifeste par des pertes économiques et peut prendre une ampleur plus grande, surtout si l’un des sérotypes, jusqu’à maintenant exotique, atteint l’espèce bovine.

III. La variole ovine (clavelée)


La clavelée est une maladie virale qui, depuis l’accès de notre pays à l’indépendance, a fait l’objet de programmes de prévention basés sur la vaccination massive, obligatoire et gratuite. Après plusieurs dizaines d’années de vaccination, la détermination du niveau d’immunisation de la population animale cible et du niveau de circulation virale au sein de cette population s’avère nécessaire. La mise en place d’un réseau de surveillance passive aiderait à la détermination de la répartition géographique des cas et du profil épidémiologique lié à l’apparition d’un foyer, aux fins d’identification des zones où la prévalence de la maladie est la plus élevée, afin d’adapter le programme de lutte aux réalités épidémiologiques du terrain.

 

IV. La peste des petits ruminants

Le réseau mis en place en 2006 était un réseau de vigilance devenu en 2007 et depuis l’apparition de la maladie en Tunisie en 2009 pour la première fois, un réseau de surveillance épidémiologique. La réalisation d’une enquête sérologique à l’échelle nationale chez les petits ruminants est indispensable afin d’utilisation des résultats de cette enquête pour déterminer le plan de lutte contre la maladie.

V. La fièvre aphteuse 

Le contrôle sanitaire est basé sur la surveillance clinique qui vise la détection précoce des cas de suspicion de la fièvre aphteuse par des signes cliniques révélateurs de la maladie et par un examen clinique minutieux des animaux sensibles. A ce contrôle sanitaire le diagnostic de laboratoire est associé pour affirmer ou infirmer la suspicion. La définition de cas de suspicion de FA des petits ruminants : présence d’un grand nombre d’avortements et une mortinatalité des agneaux à la mamelle et/ou boiterie, ulcères dans l’espace interdigité et le bourrelet coronaire on n’observe pas de sialorrhée.

Les objectifs de la surveillance active sont : la détermination du niveau d’immunisation de la population animale cible, du niveau de circulation virale au sein de cette population cible, après plusieurs années de vaccination et la détection rapide de l’introduction de nouvelles souches. Tout le cheptel bovin et de petits ruminants est concerné par cette surveillance active basée sur une surveillance sérologique et séro-épidémiologique (technique ELISA 3ABC) qui vise la recherche des anticorps contre le virus de la FA ; l’objectif étant de différencier les anticorps post-vaccinaux des anticorps post-infectieux chez les animaux prélevés.

VI. L’Echinococcose-hydatidose


C’est une maladie parasitaire causée par Echinococcus granulosis; elle constitue un sérieux problème économique et de santé publique. Le chien est la principale source d’infestation ; la prévalence de la maladie parmi les animaux, est élevée. Chez l’homme, la maladie se manifeste par la formation d'un kyste hydatique généralement au niveau du foie, mais pouvant affecter le poumon, la rate, les os ou le cerveau. Cette maladie n’a fait jusqu’ici, l’objet d’aucun programme de lutte ni au niveau du ministère de l’Agriculture ni à celui du ministère de la Santé Publique. Pourtant, avec les chiens comme hôtes définitifs et les petits ruminants comme hôtes intermédiaires, elle constitue une cible idéale pour un programme national de lutte. Le contrôle et le traitement des populations canines, soutenus par l'éducation sanitaire, a rencontré beaucoup de succès dans de nombreux pays. Il existe des médicaments efficaces pour traiter les infections au stade adulte chez les chiens ainsi que des traitements peu onéreux pour les cas humains. Un vaccin efficace a aussi été développé pour la prévention des infections au stade larvaire chez les hôtes intermédiaires pour l'homme et l'animal.Les mesures de prévention et de lutte sont :  la limitation de la population de chiens errants, le contrôle au niveau des abattoirs, la destruction des animaux morts, des saisies d’abattoir et des ordures ménagères, la mise en place de laboratoires de diagnostic et de recherche ainsi que d’un système de surveillance et la conception d’un programme national de lutte

 

VII. Les pathologies de la reproduction

On ne connait avec précision ni la prévalence ni l’incidence de ces pathologies qui figurent parmi les pathologies des chèvres dont elles affectent la productivité. Des études épidémiologiques permettraient d’identifier ces infections et d’établir des programmes de prévention et de lutte.

 

VIII. La pathologie de la mamelle 

Entraine la réforme de nombreuses brebis laitières. L’impact économique est important et les traitements aveugles aux antibiotiques, effectués par les éleveurs, développent des résistances se répercutant sur l’industrie fromagère ainsi que sur la santé des consommateurs. Des études épidémiologiques pour identifier les germes en cause et évaluer la prévalence des différents types de mammites, sont nécessaires.

 

IX. Les avortements épizootiques

Groupent tous les avortements d’étiologie inconnue ou ceux qui sont attribués à la Chlamydiose. Les agents pathogènes en cause ne sont pas tous identifiés, ce qui justifierait des enquêtes épidémiologiques comme celles préconisées pour les brucelloses des ruminants. Les avortements sont des pathologies anciennes et persistantes. Tous les élevages sont concernés ; plusieurs femelles avortent chaque année pour des raisons infectieuses, parasitaires, alimentaires ou autres. Les conséquences économiques peuvent être considérables.

Les avortements constituent une dominante pathologique dans les élevages ovins et caprins avec certaines pathologies contagieuses à l’Homme (zoonoses). L’objectif est, d’une part, de poursuivre les efforts de sensibilisation des acteurs et, d’autre part, de faire connaître et appliquer les mesures de prévention des risques zoonotiques en cas d’avortement.

 

Autres pathologies

 

West Nile Disease ou Fièvre du Nil Occidental

La maladie est transmise par le virus West Nile par piqûre de moustiques (Culex) et éventuellement de tiques, dès le crépuscule et toute la nuit. Il s’agit d’une affection très répandue. En Tunisie, Les conditions sont propices à l’apparition et au maintien de la FNO. Elle se manifeste en fin d'été et début d'automne. La présence d’anticorps spécifiques chez de nombreux vertébrés, indique que ce virus a la faculté d’infecter de très nombreuses espèces animales. Avant 2005 et depuis l’étude menée par le Pr. Nadia Haddad en 1980, trois enquêtes ponctuelles, géographiquement limitées, ont été effectuées en 2005, 2007 et 2008 et ont démontré que parallèlement à l’épidémie humaine il y a eu une circulation virale chez les animaux. Une enquête épidémiologique nationale permettrait de connaitre la situation du pays vis-à-vis de cette maladie.

 

Fièvre de la vallée du Rift

Elle est causée par un virus très résistant dans le milieu extérieur. Il s’agit d’un Phlébovirus, transmis par diverses espèces de moustique. C’est avant tout une maladie du bétail. Les ovins y sont très sensibles ; l’infection atteint souvent les bovins et les caprins entraînant chez 60 à 100% des agneaux et des femelles gestantes, des mortalités et des avortements. C’est aussi une zoonose majeure très dangereuseLe virus peut également se transmettre à l'homme par le lait, la viande crue ou la manipulation d'organes ou de carcasses d'animaux infectés. Cette maladie constitue un danger potentiel. Un programme de surveillance s’avère nécessaire, basé sur l’usage systématique d’animaux sentinelles, les enquêtes sérologiques, le contrôle des vecteurs et l’éducation du public.

 

La Chlamydiose

C’est une maladie animale majeure qui provoque des avortements chez les petits ruminants. Des antigènes chlamydiens ont été trouvés sur 58% des troupeaux testés ; 5 souches bactériennes ont été identifiées en Tunisie. C’est également une zoonose.

 

La salmonellose

La salmonellose est une maladie bactérienne causée par plusieurs espèces de bactéries du genre Salmonella. De nombreuses espèces et sérotypes de la bactérie, souvent spécifiques aux différentes espèces animales et à l’homme, sont responsables de salmonelloses, chez les volailles, les animaux en général, et l'homme. Toutes les espèces animales peuvent être atteintes. C’est une maladie transmissible de l’animal à l’homme par ingestion d'aliments crus ou insuffisamment cuits, de viande, de volaille, d’œufs ou de lait. D'autres aliments peuvent être source de contaminations. Les salmonelles sont rarement isolées à partir des bovins et des autres ruminants.

 

Dr. Khaled El Hicheri

 

 

 

  

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