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Le photovoltaïque en Tunisie

Le photovoltaïque en Tunisie

La Tunisie dispose d’un gros potentiel d’énergie solaire dont la mobilisation permettra d’améliorer sensiblement l’apport des énergies renouvelables (EnRns) dans la consommation d’électricité. La filière Photo-voltaique (PV) est l’une des plus anciennes filières des EnRns en Tunisie. Sa première introduction dans le pays date de la fin des années 70 et s’est manifestée par : une unité pilote de recherche et développement (R&D), de petite capacité de production, mise en place en 1983 à l’INRTS mais qui n’a jamais été réellement valorisée à des fins de développement industriel, et un programme national d'électrification des zones rurales par le solaire PV lancé au cours du 8ème Plan (1992-1996) qui a permis :

o   L’électrification de 11 500 foyers ruraux isolés ;

o   L’électrification de plus de 200 écoles rurales ;

o   L’éclairage public d’un certain nombre de sites ;

o   L’installation de 70 stations solaires de pompage de l’eau ;

o   L’installation d’une station de désalinisation à Ksar Ghilène.

La puissance du parc installé n’est toutefois que de 1,2 MW et les objectifs sont trop timides. La faible surface du pays, le niveau élevé de développement du réseau électrique et la rapidité de son extension (99,5% des zones rurales sont électrifiées et seuls 22.000 foyers ne sont pas encore électrifies) ont réduit le potentiel de l'électrification rurale par le PV.

L'objectif de mise en place, sur les bâtiments publics essentiellement, pour une capacité de 5 MW à 2020, bien que timide, n’ a pas été atteint .

Par ailleurs, faute d’une volonté politique affirmée et de mesures incitatives claires, le secteur privé a été tenu a l’écart du PV, laissant l’initiative à la seule STEG qui n’a pas investi dans le PV.

Le photovoltaïque connecté au réseau

Le solaire PV a finalement été accepté comme une source d’électrification complémentaire au développement du réseau électrique conventionnel.  Des projets de démonstration et de vulgarisation ont été lancés, financés par la coopération bilatérale ou sur le budget de l’Etat :

·        Coopération tuniso-allemande dans la région du Kef (1989)

·        Coopération tuniso-espagnole (1990) : électrification par systèmes PV individuels de 48 foyers et 2 écoles dans le village de Ouled Mouaouia.

·        Coopération tuniso-française (1993) : l’électrification de 50 foyers et d’une école dans le village de Dokhara a connu d’énormes problèmes techniques.

·        Coopération tuniso-allemande (1993) : électrification de 1000 foyers, dans la région du Kef.

·        Budget de l’Etat (1991) : Le projet d’équipement de 155 écoles a totalement échoué et, en 1995, 80% des équipements s’étaient révélés défaillants et pour en finir, la majorité des écoles équipées a été raccordée au réseau de la STEG.

 Cadre réglementaire et contraintes

Le cadre juridique et réglementaire actuel, spécifique aux énergies renouvelables, permet la réalisation de projets de production indépendants, toutes sources d’énergie confondues, sur la base d’un appel d’offres suivi d’une entente négociée avec le moins-disant. Toutefois, la loi sur le développement des EnRns vise essentiellement le chauffage solaire de l’eau et le pompage par l’énergie éolienne. 

Le programme d’énergie solaire PV a souffert et continue de souffrir de plusieurs contraintes dont : Un potentiel limité d’électrification directe, par le solaire, un marché fortement administré par l’Etat, une centralisation excessive dans la mise en œuvre et la gestion du programme, un service ne répondant plus aux besoins des populations cibles (électrification rurale), une faible sensibilisation des décideurs, une durabilité compromise par une mauvaise coordination avec la STEG ou la lourdeur et le manque de transparence des procédures pour bénéficier des avantages accordés par l’Etat.

D’autres contraintes ont concerné la mauvaise qualité des équipements acquis, l’absence de mise à jour des listes de composants bénéficiant d’avantages fiscaux ou la protection par un droit de douane maximal de certains produits de qualité insuffisante.

Ajouter à cela une mauvaise définition des responsabilités en matière de maintenance, des défaillances dans l’approche de planification et de programmation, l’absence de motivation du secteur privé et l’usage limité de l’énergie solaire en matière de pompage et de dessalement de l’eau.

Recommandations

Face à ces multiples contraintes, le gouvernement doit exprimer la volonté politique et l’engagement ferme et de long terme de l’appui de l’Etat ; il doit s’engager activement dans une politique volontariste de développement de la production d’électricité solaire PV comme cela a été le cas pour l’électricité éolienne, et mettre en place un cadre réglementaire favorable au développement de la filière afin d’encourager par des textes spécifiques, la production électrique du solaire PV.

Dans cette démarche, l’Etat devrait définir les mesures incitatives et engager des réformes réglementaires définissant le cadre et les modalités de fonctionnement de ces mesures,  orienter la politique tarifaire vers la pénalisation des consommateurs du gazole (qui contribuent le plus à l’émission de CO2) et favoriser les EnRns, notamment le solaire PV.

Des aides directes, à l'investissement dans l’installation de centrales solaire PV, devraient être accordées aux promoteurs. Les procédures d'obtention des aides directes et indirectes aux EnRns doivent être Simplifiées.

Les producteurs d’électricité (STEG et Indépendants) devraient être incités à produire ou à acquérir, une proportion de plus en plus importante d’électricité issue des EnRns.

Un fonds spécial pour le développement des EnRns, basé sur des ressources stables et non pas sur les budgets annuels, aléatoires, de l’Etat, pourrait être créé afin de renforcer les capacités des promoteurs privés dans le domaine.

Faire de l’énergie solaire un axe de recherche primordial dans nos universités et accorder des encouragements aux chercheurs et aux étudiants intéressés par ce type de recherche

Il est indispensable de concevoir une politique avant-gardiste, accompagnée de mesures d’encouragement et d’avantages financiers et fiscaux, pour inciter le secteur privé à investir dans les EnRns et plus particulièrement dans l’énergie PV. Dans ce secteur, les contrats de Partenariat Public Privé (PPP) entre promoteurs privés et STEG pourraient être envisagés. Nous entrons en effet de plein pied dans une ère solaire, et il est bon que la Tunisie qui a été parmi les premiers pays qui ont mis en place une stratégie volontariste de développement de l’énergie solaire, conserve sa position dans le peloton de tête

Dr. Khaled El Hicheri

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