Le marché tunisien de l’automobile en
berne.
Le marché officiel de l’automobile en Tunisie a enregistré, ce premier
semestre de l’année 2018, une baisse très importante des immatriculations de
véhicules automobiles et signe ainsi une baisse de 17,5% des ventes de
véhicules neufs à fin Juin 2018 par rapport à l’année précédente pour la même
période.
Nous nous dirigeons sans conteste vers une crise d’envergure sur le marché automobile
tunisien. Depuis la parution de la loi des finances 2018, les professionnels du
secteur n’ont cessé de répéter sur tous les tons que les augmentations répétées
des taxes et les baisses de quota ne vont faire que détruire le tissu fragile
du secteur automobile en Tunisie.
La baisse considérable des ventes de véhicules neufs ajoutée à la baisse
sans précédent de la valeur du dinar tunisien face aux devises étrangères et en
particulier face à l’euro a eu pour résultat une hausse considérable des prix
des véhicules neufs. Les ré-immatriculations ont ainsi enregistré une baisse de
24% signe d’un marché parallèle en berne pour les mêmes raisons à ceci près
qu’à cela est venue s’ajouter la nouvelle réglementation sur la FCR qui
n’autorise plus les revendeurs du marché parallèle à utiliser ce subterfuge
pour faire des bénéfices sur fond de marché noir sans être taxé en retour. Par
contre, cette dernière mesure n’a fait que des heureux parmi les
concessionnaires automobiles qui voyaient dans la FCR une pratique injustifiée
et une inégalité flagrante qui favorisait le secteur informel du commerce de
l’automobile. Ils ne verront éventuellement le résultat de cette mesure que fin
d’année 2018 voir en 2019.
Malheureusement les temps sont durs pour les tunisiens qui font les frais
de l’arrivisme et du populisme d’une classe politique qui ne cherche pas ou qui
n’a pas les compétences nécessaires pour sortir le pays du marasme économique
dans lequel il se trouve en cette période post révolution et qui ne fait qu’adopter
des mesures cosmétiques aux effets plus néfastes que le mal qu’elles sont
censées combattre. L’inflation est galopante et le tunisien moyen, habitué à
montrer son ascension sociale au travers de postes de dépenses tel que le
logement ou l’automobile, est devenu moins apte à y consacrer son maigre
pécule. Son épargne a fondu comme neige au soleil et son salaire lui permet à
peine de survivre.
2019 promet d’être une année de disette pour le marché automobile, et le
pays risque de voir le scénario grecque se reproduire aux dépens des couches
les plus faibles de la population dont le pouvoir d’achat n’est plus que
l’ombre de lui-même. La baisse des importations que le ministère du commerce
avait présenté comme une mesure permettant de maitriser l’inflation galopante
n’a rien maitrisée du tout, Dans tous les marchés du monde, ce sont l’offre et
la demande qui régulent les différentes balances commerciales ; Ce n’est
malheureusement pas le cas en Tunisie où c’est une classe politique déficiente
sans culture économique et sociale, assoiffée de pouvoir et de biens qui se
charge de réguler la balance commerciale à son seul profit.
Cette classe politique et les gouvernements dont elle est issue, comptent
sur la saison estivale pour renflouer les caisses de l’état, pour calmer les
esprits et pour faire taire les revendications mais la « rentrée »
est proche et gare au retour de manivelle.
Teymour El Hicheri
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