Accéder au contenu principal

Identification animale et traçabilité en Tunisie


Identification animale et traçabilité en Tunisie *

Lors de la célébration de la journée mondiale vétérinaire les 20 et 21 avril dernier, l’une des plus importantes tables rondes programmées, avait trait à l’dentification des animaux. Le sujet est important, sachant que l’identification des animaux de rente et de compagnie constitue un préalable a de multiples actions zootechniques et de santé animale.

Le système d'identification et de traçabilité des animaux d'élevage permet de suivre les déplacements du bétail et constitue ainsi un moyen rapide d'intervenir en cas de crise sanitaire et lors d’apparition de certaines maladies pouvant avoir de graves conséquences sur la santé des humains et des animaux.
La rapidité d'intervention est en effet un élément essentiel en cas d'épizootie (épidémie) et la possibilité de retracer rapidement les animaux infectés constitue un outil précieux de surveillance et de contrôle. C’est-ainsi que le système d'identification et de traçabilité des animaux d'élevage favorise l’intervention rapide pour protéger la santé des animaux et de la population et réduire les répercussions économiques néfastes sur le secteur de l’alimentation.
L'identification des animaux repose sur des boucles d'oreilles portant un numéro d'identification permettent d’identifier chaque animal au sein d'un cheptel en cas de crise sanitaire et sur l'enregistrement des animaux de race sur des livres généalogiques ainsi que sur l'établissement d'un document individuel d'identification, véritable carte d'identité, devant accompagner l'animal durant toute sa vie. dans ses déplacements et lorsqu'il change de propriétaire.
La traçabilité des animaux et de leurs produits destinés à la consommation humaine et/ou animale ainsi qu’à leur transformation, permettra d'assurer la qualité de la production et de maintenir la réputation des produits de l’élevage sur le marché. La traçabilité devrait s’appliquer à tous les animaux de rente, de la ferme à l'abattoir et s'étendre jusqu'à la table pour l'ensemble de la chaîne bioalimentaire au cours des prochaines années.
En Tunisie, l’identification les bovins de races pures, chevaux de race, camélidés d’animation touristique, géniteurs ovins de race, élevages avicoles, certains oiseaux migrateurs (par bagage) et certains animaux de compagnie tels que les chiens par tatouage ou puce électronique, est réglementée. Les bases légales de l’identification, sont constituées par la Loi No 2005-95 du 18 octobre 2005, relative à l'élevage et aux produits animaux qui traite de l’identification des animaux et de la création d’un livre généalogique propre à chaque lignée animale de race.. Les lignées animales concernées par ces livres généalogiques, la configuration de ces livres, leurs contenus et les conditions d’inscription ainsi que la liste des animaux soumis à l’identification sont fixés par arrêté du Ministre chargé de l'Agriculture.

L’inscription au « Herdbook » des bovins de races pures, date de 1970, mais le démarrage du programme d’identification des bovins n’a eu lieu qu’en 2002. Financé par la Banque Mondiale, ce programme concerne en priorité les bovins de race pure du secteur organisé.
L’inscription au « Studbook » des chevaux de race : Pur-Sang Arabe, Pur-Sang Anglais, cheval Barbe, se fait depuis les années 1950 tandis que l’inventaire des cheptels avicoles se fait depuis l’an 2000 et la localisation des élevages par GPS est effectuée depuis 2003.  

L’identification des bovins, en particulier, a toujours été avancée par les vétérinaires comme un élément indispensable à la réalisation des programmes de santé et de production animales et à l'application des mesures réglementaires de circulation et de contrôle sanitaire des animaux ; elle est également nécessaire à la connaissance des circuits commerciaux et des axes de déplacement des animaux, deux informations capitales, en matière de surveillance épidémiologique. Ainsi, les bovins infectés de tuberculose ou de brucellose se voient attribuer un laissez-passer Sanitaire
(LPS) pour être dirigés vers l’abattoir. Ce LPS porte une date limite d’utilisation.
Les services de l’amélioration génétique, de la Direction Générale des Productions Animales avaient conçu un système d’identification des bovins, destiné autant à faciliter la réalisation des programmes de lutte contre la tuberculose bovine et contre la brucellose bovine que des programmes d’amélioration génétique. Le programme d'identification du cheptel bovin n'a malheureusement pas atteint ses objectifs, malgré la distribution aux CRDA de près de 600.000 boucles d’oreille et n'a concerné qu'une faible partie du cheptel.                                                        

Dans le même ordre d’idées, la Loi sur la protection sanitaire des animaux donne à l’autorité compétente de l’Etat (services vétérinaires officiels), le pouvoir d'établir un système d'identification des animaux afin d'en assurer la traçabilité. La traçabilité est donc une obligation légale dont l’objet est de favoriser l’implantation de systèmes de salubrité et sécurité sanitaire des aliments d’origine animale, de biosécurité des bâtiments d’élevage, des abattoirs et des structures de transformation des produits de l’élevage, de traçabilité et de santé et bien-être des animaux. Il s’adresse aux éleveurs, aux entreprises et aux organismes du secteur de l’élevage et de l’agroalimentaire, de même qu’aux associations et aux groupements. Il soutient notamment les entreprises de ce secteur appelées à satisfaire aux exigences des marchés nationaux et internationaux.

La gestion du système de traçabilité suppose que les renseignements relatifs à l'identification des animaux d'élevage sont conservés dans une base de données en vue de situer, le cas échéant, le foyer d'infection, de circonscrire les zones à risque et de déterminer les animaux avec lesquels l’animal ou les animaux suspects ont été en contact.


Dr. Khaled ElHicheri

*extrait partiellement du livre de l’auteur « la médecine vétérinaire en Tunisie : passé présent et avenir »

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Histoire du caducée vétérinaire

L’histoire du caducée, emblème des corps de santé, remonte loin dans le temps. Il n’est pas une profession de santé, qui n’arbore un caducée spécifique où se retrouvent : le bâton, le serpent et les ailes. Le caducée vétérinaire n’échappe pas à la règle. Des caducées spécifiques à chaque profession ont, au cours des temps, été arborés sur les enseignes, les panneaux indicateurs, les véhicules des professionnels de santé, les ordonnances, les papiers à en-tête, les enveloppes, les porte-clés et bien d’autres objets liés aux activités professionnelles. Il convient, toutefois de signaler que le caducée est souvent confondu, à tort, avec l ' emblème  du  corps médical , le  bâton d'Asclépios ou bâton d'Esculape , avec la  coupe d'Hygie  des  pharmaciens   ou d'autres symboles médicaux ou paramédicaux dérivés de ces derniers. L’origine du caducée se trouverait dans la mythologie grecque ou romaine, faite de légendes et de fables qui expli...

L’élevage ovin en Tunisie : une richesse à préserver

L’élevage ovin en Tunisie : une richesse à préserver L’élevage des ovins est une pratique traditionnelle qui remonte aux temps immémoriaux. Cet élevage demeure de nos jours, la principale source de revenu de la population rurale du Centre et du Sud du pays. Il joue un rôle socio-économique important, et confère plus d’importance au secteur de l’élevage dans l’économie agricole (35 à 40% du PIB agricole) et dans l’économie nationale (et 4 à 5% du PIB national). Il contribue en outre à l’emploi, de manière significative : le nombre d’éleveurs de petits ruminants (ovins et caprins) est estimé à 300.000. Les effectifs de l’élevage ovin en Tunisie se situent à près de quatre millions d’unités femelles ; cet élevage participe pour près de 50 % à la production des viandes rouges. Avant les années 60, les effectifs dépendaient des conditions climatiques et les pertes durant les années de sécheresse, pouvaient atteindre près de 30 % des effectifs. Grâce aux campagnes de s...

L’élevage caprin en Tunisie

L’élevage caprin en Tunisie L’espèce caprine est présente partout dans le pays. Son élevage est pratiqué depuis des siècles, suivant des systèmes liés aux conditions du milieu. La chèvre a toujours joué un rôle essentiel dans les régions marginales tunisiennes ; son élevage est de type extensif et son alimentation est basée sur l'utilisation quasi exclusive des ressources fourragères des parcours. Sa productivité est faible et ses productions contribuent essentiellement à la consommation familiale et comme source de trésorerie mobilisable. Les races locales prédominantes sont de type mixte, d'aptitude laitière généralement médiocres. Son lait est utilisé pour la consommation familiale et les chevreaux qui ne sont pas sacrifiés lors des fêtes et des évènements familiaux, sont vendus sur les marchés hebdomadaires à un âge assez tardif. Les performances zootechniques des caprins tunisiens sont faibles, ils sont par contre parfaitement aptes à valoriser les fourrages ligneux d...