Inspection
des viandes
L’Aîd
El Idha est dans une semaine et malgré la situation économique peu reluisante
des ménages, ces derniers vont s’endetter pour acheter le mouton du sacrifice.
D’autres se contenteront d’acheter quelques kgs de viande pour célébrer cette
fête. Le résultat est que le nombre des animaux abattus en un seul jour sera
considérable et que la quasi-totalité des animaux sacrifiés n’auront pas été
soumis à l’inspection vétérinaire avant abattage et des viandes après abattage.
La population sera exposée aux maladies transmissibles de l’animal à l’homme et
plus particulièrement à l’hydatidose-échinococcose qui infeste annuellement 12.6 personnes
sur 100.000, entrainant une moyenne de 1260
interventions chirurgicales par an pour extirper le kyste hydatique. Faut-il
rappeler que le kyste hydatique débilite la personne qui l’héberge et la tue
lorsqu’il se rompt.
L’éradication de l’Echinococcose-hydatidose est évoquée (lire l’article paru le 18 août 2018 sur ce blog) lors de chaque « Aïd », des programmes d’éradication sont brandis et des engagements sont pris par les « responsables » (peut-on encore les qualifier comme tels) puis la somnolence s’empare de ce beau monde et l’oubli se substitue aux bonnes intentions.
L'inspection
des animaux vivants (ante mortem) destinés à l’abattage et de leurs carcasses
(post mortem) est d’une importance capitale dans la surveillance des maladies
animales et des zoonoses et dans la sécurité sanitaire des viandes et des
produits carnés. Elle permet de réduire les risques pour la santé humaine, en
alimentant en informations biologiques et pathologiques les réseaux de
surveillance épidémiologiques de nombreuses maladies animales transmissibles de
l’animal à l’homme. L’inspection des viandes est l’une des principales responsabilités
des Services vétérinaires et doit constituer une des principales préoccupations
des responsables des collectivités publiques mais le constat en la matière est
navrant : aucun des abattoirs et des tueries autorisés ne répond à la norme
internationale relative à l'hygiène de la viande, ni aux normes de l’OIE ni au
code de bonnes pratiques applicables à l’hygiène de la viande (CHPM), édité par
le Codex Alimentarius. L’abattage « clandestin » représente plus de
50% de l’abattage et ne subit aucun contrôle dit « contrôlé », le transport des viandes se fait dans des
véhicules n’obéissant à aucune règle d’hygiène.
L’hygiène
au niveau de la chaîne de production de la viande est défaillante sur tout le
parcours L'application des mesures sanitaires est impossible au niveau de
plusieurs maillons de cette chaine et c’est le consommateur qui en subit les
conséquences.
Le
vétérinaire n’est pas à l’abri de ces retombées négatives car plutôt que de
prendre les bonnes décisions en la matière pour sauvegarder la santé de la
population, nos décideurs trouvent plus facile de se rabattre sur les
vétérinaires inspecteurs et les désigner à la vindicte publique, relayés par
des médias à la recherche du buzz, chaque fois que possible.
La
profession vétérinaire pour sa part, n’est pas à l’abri de toute
critique ; ses responsables au niveau de l’administration publique comme
au niveau de ses organes statutaires ont adopté une attitude défensive devant ceux
qui les inculpaient de manquement à leur responsabilités alors que toutes les crises et tous les
incidents relatifs à des viandes avariées et à l’absence d’hygiène dans les
abattoirs sont le fait de commerçants véreux, d’adjudicataires d’abattoirs ou de responsables municipaux incapables
d’imposer les règles d’hygiène de base
dans les abattoirs.
Dr. Khaled El
Hicheri
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