Le
coût des vaccinations
En Tunisie, le budget de l’année,
consacré aux campagnes de vaccination réalisées par l’Etat représente près de 80%
du budget des Services Vétérinaire alors que la part de budget consacrée au
contrôle aux frontières et celle consacrée à la surveillance épidémiologique dépasse
rarement 1% pour chacune de ces activités. La stratégie des Services Vétérinaires
tunisiens est donc principalement axée sur la prophylaxie médicale et beaucoup
moins sur la surveillance aux frontières et à l’intérieur du pays.
En
octobre 2009 l’OIE avait publié une étude qui avait révélé que les coûts des
systèmes nationaux de prévention des maladies animales, rapportés à l’unité de
bétail vétérinaire (VLU) variaient selon les pays et s’échelonnent de 1,92 USD
en Ouganda (PVD) à 9,40 USD en Turquie (pays émergent)
Par
ailleurs, une approche de calcul des pertes provoquées par les principales
maladies, effectuée par la Direction Générale de la Production Animale de
Tunisie avait estimé, il y a déjà un quart de siècle que les pertes directes
par mortalité et la mobilisation des moyens pour prévenir, contrôler et lutter
contre les maladies animales, correspondaient à 3,5% du montant des productions
animales et a 1,6% du capital cheptel. Ces ratios ne reflètent en réalité que
les pertes déclarées et visibles et ne tiennent pas compte des chutes de
production, du manque à gagner et du nombre très important de cas non déclarés.
Le coût de toutes ces pertes indirectes et non quantifiées est de très loin,
supérieur aux chiffres et ratios précédemment indiqués.
A
titre d’exemple lors de l’épizootie de FA de 1989 en Tunisie, le montant des
pertes par mortalité et morbidité avait été estimé alors, à 3 millions USD de
l’époque et le programme de lutte avait nécessité la mobilisation 3 millions
USD supplémentaires. A titre de comparaison, à Taiwan en 1997 les pertes
avaient été estimées à plus de 15 milliards d’USD et au RU (UK) en 2001, les
pertes avaient été estimées à 30 milliards de dollars.
En
prenant comme base le montant des pertes directes enregistrées en Tunisie lors
de l’épizootie de FA de 1989 (épizootie de FA la plus meurtrière jamais
enregistrée dans le pays et qui a été stoppée par une vaccination d’urgence
ayant touché plus de 7 millions d’animaux sensibles) évaluées à 3 millions USD,
le montant des pertes directes par animal sensible serait de 0.3 USD. Cette
épizootie en Tunisie, si elle n’avait pas été contrée à temps, aurait entraîné
la perte d’au moins 30% des agneaux de l’année. Cette seule perte et le manque
à gagner qu’elle aurait engendré auraient représenté la somme de 40 millions de
dinars, soit près de 10% du revenu des productions animales. Compte-tenu des
coûts de la vaccination annuelle en Tunisie qui sont de 4,5 DNT par tête
pour les bovins et camélins et de 1,25 DNT par tête pour les petits ruminants,
cette campagne de vaccination d’urgence avait couté 10 millions de dinars.
Le marché des vaccins
vétérinaires et leur financement
Ce
marché est relativement petit et fragmenté, car il nécessite des vaccins
spécifiques pour les différentes espèces animales. Cela se traduit par un
nombre plus élevé d’études à conduire et des frais de développement et
d’enregistrement de vaccins, très élevés. Ainsi, le programme de recherche et
de développement d’un nouveau produit vétérinaire, depuis sa découverte jusqu’à
sa mise sur le marché, revient à près de 50 millions d’euros et peut durer de 5
à 11 ans !
L’Europe
de l’Ouest est l’un des marchés mondiaux les plus importants pour les
médicaments et vaccins vétérinaires. En 2008, les vaccins représentaient plus
de 26 % de ce marché.
Dans les pays
de l’UMA, la quasi-totalité des vaccins contre la FA sont acquis par l’Etat et
utilisés dans le cadre de compagnes de vaccination gratuites. Cette lourde
charge financière est une des raisons de l’abandon par le Maroc de la
vaccination annuelle, obligatoire et gratuite.
Dr. Khaled El
Hicheri
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