Accéder au contenu principal

De la gestion totale de la qualité des aliments


De la gestion totale de la qualité des aliments

L’été a été particulièrement chaud. Le thermomètre a enregistré des températures records. Tout le monde a souffert de la canicule qui s’est éternisée ; les personnes âgées et les bébés plus particulièrement. La conservation de la qualité des aliments a été difficile à assurer aussi bien au niveau de la production et du commerce qu’au niveau domestique. Des quantités importantes de produits alimentaires, impropres à la consommation, ont été saisies et les cas de toxiinfections alimentaires étaient nombreux, entraînant des dépenses importantes d’hospitalisation et des mortalités chez les plus faibles. Les médecins et autres personnels de santé ont été mobilisés et les médecins vétérinaires inspecteurs de l’hygiène et de la santé publique, étaient sollicités plus que de coutume pour contrôler la qualité des aliments et saisir les aliments impropres à la consommation.

Cette situation qui se présente régulièrement tous les étés, mais qui cette année a été exacerbée par les températures extrêmes enregistrées, nous emmène à examiner de plus près la démarche de gestion totale de la qualité des aliments, au niveau des unités de production et de l’industrie agroalimentaire, en vue d’assurer la sécurité des aliments avec les outils disponibles actuellement c’est-à-dire les bonnes pratiques d’hygiène des productions, la démarche HACCP (Hazard Analysis  and Critical Control Points ou analyse des dangers et identification des points critiques de contrôle) et les normes et directives de l’Organisation Internationale de Standardisation (ISO). Ces trois outils forment une trilogie indissociable dans la démarche de gestion totale de la qualité.

Les « Bonnes Pratiques » sont un ensemble de règles qui constituent les fondements de tout système de contrôle sanitaire des aliments et qui couvrent l'ensemble des activités nécessaires pour une gestion efficace, propre et saine de la chaîne alimentaire. Elles sont applicables dans trois domaines clés de la chaîne alimentaire : la production et son environnement, la transformation et l’hygiène.
Ces règles sont facilement assimilables et applicables par les producteurs qui sont tenus de fournir au marché et à l’industrie agroalimentaire des produits de bonnes qualité hygiénique et sanitaire.

Les Bonnes Pratiques de Fabrication s'appliquent également au transport, au nettoyage, à la désinfection, au triage-calibrage, à l’entretien de routine, à l’approvisionnement en eau, à la gestion des nuisibles et nécessitent la tenue d’un cahier d'enregistrement des opérations.
Les Bonnes Pratiques d’Hygiène consistent à bien surveiller l’hygiène personnelle, l’hygiène des vestiaires et des sanitaires, l’hygiène de production et à porter des vêtements de protection. Le personnel doit être formé à ces bonnes pratiques et à la tenue d’un cahier d'enregistrement. Le personnel en contact avec le produit doit avoir une connaissance opérationnelle de l'hygiène personnelle et de l’hygiène de production ainsi que du rôle que peut jouer l'aliment dans la transmission de maladies.

La démarche HACCP est une approche d’identification des dangers, de leur analyse et de leur contrôle. Elle permet le contrôle de la sécurité alimentaire, « de la fourche à la fourchette » ou encore « de l’étable à la table ». Cette démarche s’appuie sur les « bonnes pratiques » dans la chaîne alimentaire pour identifier, suivre et contrôler les risques aux points critiques du process, et garantir ainsi la sécurité du produit. La mise en place d’un système HACCP est en train de devenir progressivement une exigence légale, incorporées dans la législation sur l’alimentation et utilisée par les structures officielles de contrôle sanitaire. Bien que développée à l’origine pour le contrôle de dangers microbiens, l’approche HACCP est également applicable dans la chaîne alimentaire pour le contrôle de dangers chimiques. Il est toutefois essentiel que les règles de Bonnes Pratiques soient déjà appliquées, avant la mise en place d’un système HACCP.

Les normes et consignes ISO viennent en complément de la démarche HACCP. Un système HACCP bien appliqué facilitera les inspections effectuées par les organismes officiels de contrôle sanitaire et contribuera à démontrer l’engagement de l’entreprise dans la sécurité et la qualité globale du produit. Le guide établi par ISO, permet de mettre en place un système de gestion totale de la qualité, afin d’assurer la conformité d’un produit avec les exigences du consommateur. Les trois outils (bonnes pratiques, HACCP et ISO) sont considérés comme des étapes successives dans la mise en place d’un système de gestion de la sécurité des aliments. Lorsque les caractéristiques sanitaires d’un produit sont identifiées, et que le système de gestion de la sécurité sanitaire des aliments est défini, un système global de gestion de la qualité peut être mis en place après avoir garanti les formations du personnel requises et la mise en place d'un système d’enregistrement des opérations.

La gestion totale de la qualité est un système préventif qui consiste à identifier les sources de problèmes potentiels et qui vise une production sans défauts par l’amélioration continue des procédés. L’objectif poursuivi par la gestion totale de la qualité est la satisfaction du consommateur. Des procédures de suivi doivent être mises en place afin d’assurer que le process est bien maîtrisé et en cas de problèmes, le personnel qui aura reçu une formation appropriée, pourra intervenir rapidement pour rétablir le contrôle du process.

Dr. Khaled El Hicheri

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Histoire du caducée vétérinaire

L’histoire du caducée, emblème des corps de santé, remonte loin dans le temps. Il n’est pas une profession de santé, qui n’arbore un caducée spécifique où se retrouvent : le bâton, le serpent et les ailes. Le caducée vétérinaire n’échappe pas à la règle. Des caducées spécifiques à chaque profession ont, au cours des temps, été arborés sur les enseignes, les panneaux indicateurs, les véhicules des professionnels de santé, les ordonnances, les papiers à en-tête, les enveloppes, les porte-clés et bien d’autres objets liés aux activités professionnelles. Il convient, toutefois de signaler que le caducée est souvent confondu, à tort, avec l ' emblème  du  corps médical , le  bâton d'Asclépios ou bâton d'Esculape , avec la  coupe d'Hygie  des  pharmaciens   ou d'autres symboles médicaux ou paramédicaux dérivés de ces derniers. L’origine du caducée se trouverait dans la mythologie grecque ou romaine, faite de légendes et de fables qui expli...

L’élevage ovin en Tunisie : une richesse à préserver

L’élevage ovin en Tunisie : une richesse à préserver L’élevage des ovins est une pratique traditionnelle qui remonte aux temps immémoriaux. Cet élevage demeure de nos jours, la principale source de revenu de la population rurale du Centre et du Sud du pays. Il joue un rôle socio-économique important, et confère plus d’importance au secteur de l’élevage dans l’économie agricole (35 à 40% du PIB agricole) et dans l’économie nationale (et 4 à 5% du PIB national). Il contribue en outre à l’emploi, de manière significative : le nombre d’éleveurs de petits ruminants (ovins et caprins) est estimé à 300.000. Les effectifs de l’élevage ovin en Tunisie se situent à près de quatre millions d’unités femelles ; cet élevage participe pour près de 50 % à la production des viandes rouges. Avant les années 60, les effectifs dépendaient des conditions climatiques et les pertes durant les années de sécheresse, pouvaient atteindre près de 30 % des effectifs. Grâce aux campagnes de s...

L’élevage caprin en Tunisie

L’élevage caprin en Tunisie L’espèce caprine est présente partout dans le pays. Son élevage est pratiqué depuis des siècles, suivant des systèmes liés aux conditions du milieu. La chèvre a toujours joué un rôle essentiel dans les régions marginales tunisiennes ; son élevage est de type extensif et son alimentation est basée sur l'utilisation quasi exclusive des ressources fourragères des parcours. Sa productivité est faible et ses productions contribuent essentiellement à la consommation familiale et comme source de trésorerie mobilisable. Les races locales prédominantes sont de type mixte, d'aptitude laitière généralement médiocres. Son lait est utilisé pour la consommation familiale et les chevreaux qui ne sont pas sacrifiés lors des fêtes et des évènements familiaux, sont vendus sur les marchés hebdomadaires à un âge assez tardif. Les performances zootechniques des caprins tunisiens sont faibles, ils sont par contre parfaitement aptes à valoriser les fourrages ligneux d...