Journée mondiale de
lutte contre la rage*
La Journée
Mondiale contre la Rage, journée importante du calendrier de prévention de la
rage, aura lieu dans quelques jours, plus exactement le samedi 28 septembre.
Dans sa dernière newsletter, annonçant
la tenue de cette journée, la Global Alliance for Rabies Control / alliance
globale de lutte contre la rage (GARC) a rapporté un certain nombre
d’initiatives prises dans certains pays pour améliorer la prévention et la
lutte contre la rage et pour donner une meilleure vue d'ensemble des progrès réalisés
par les gouvernements, dans le contrôle de la rage dont :
Un atelier national sur l'Approche Raisonnée pour
l'Élimination de la Rage ou encore Stepwise Approach towards Rabies Elimination
(SARE), organisé au Sri Lanka avec la participation de GARC, en soutien aux
efforts fournis dans le but d’éradiquer la rage.
Un atelier SARE, organisée en juin 2019 en Inde, à New
Delhi, dans le cadre de la préparation de la réunion de Coopération régionale
de l’association d’Asie du sud (South Asian Association for Regional
Cooperation (SAARC). Cet atelier consacré à l’Approche par étapes vers l’éradication
de la rage a défini les étapes nécessaires pour éliminer la maladie.
Un autre atelier, organisé également en Inde pour
évaluer les progrès accomplis dans la lutte antirabique. Coordonné et dirigé
par GARC, l’atelier s’est tenu du 6 au 8 juin, avec des représentants fédéraux
de différents ministères, parmi lesquels le Commissaire de l’élevage et le co-secrétaire
à la santé du bétail.
Les professionnels de santé des Philippines viennent, de leur côté, d’initier
un enseignement sur la prévention de la rage pour 21 millions d'enfants
scolarisés. Pour augmenter le nombre d'éducateurs sur la rage aux Philippines avec le
personnel non enseignant, le Ministère de l'Éducation a organisé un atelier
national pour apporter au personnel de santé des écoles des connaissances sur
la rage et de nouvelles stratégies pour enseigner aux enfants cette maladie
fatale. L'atelier, intitulé Orientation Nationale sur l'Intégration de
l'Éducation sur la Rage dans le Cursus Scolaire National, s'est tenu en mai
2019 avec la participation de plus de 40 médecins, infirmiers et dentistes de
presque toutes les régions des Philippines.
Pour démontrer que la surveillance épidémiologique par les communautés
rurales et par l’éducation renforce la lutte antirabique à l’échelle du village,
un projet de surveillance de la rage à l’échelle communautaire (CBRS) du GARC
a été mis en place aux Philippines en février 2019. Ce CBRS et actif dans le
village depuis maintenant 6 mois et les résultats sont probants. La mise en
place d’un système de surveillance communautaire actif a entraîné une
augmentation du nombre de signalement de cas et autres événements liés à la
rage, en 2019 par rapport à 2018.
L’approche GARC
est largement basée sur la sensibilisation, l’information et l’éducation du
public, et la formation des intervenants dans la lutte contre la rage alors que
l’approche tunisienne est basée beaucoup plus sur les campagnes annuelles de
vaccination de masse, obligatoire (?), et gratuites dans le cadre d’un
programme national de lutte contre la rage (PNLR) comportant trois
volets : un premier volet constitué par la vaccination de masse, assurée
par les services vétérinaires qui ont recours pour cela aux vétérinaires
libre-praticiens dotés du Mandat Sanitaire. Un deuxième volet qui intéresse la
gestion des populations canines et la neutralisation des chiens errants, est à
la charge du ministère de l’intérieur. Le
troisième volet concerne la sensibilisation du public qui est à la charge du
ministère de la Santé publique.
Malgré la mise en place de ce PNLR, il ne se passe pas d’année sans que des
cas de rage animale et humaine soient signalés. De nombreuses défaillances sont,
en effet, constatées dans l’application de ce programme :
La vaccination de masse, outil principal d’éradication de la rage, n’arrive
pas à couvrir les 75% à 80% des chiens, recommandés par l’OMS.
Le taux de couverture immunitaire est encore plus bas du fait du médiocre
état physiologique des chiens vaccinés et nécessiterait une vaccination de
rappel pour une grande partie des chiens.
La gestion des populations canines ne repose pas sur des études sérieuses
concernant la reproduction chez la population canine, en vue de réduire le
nombre de chiens errantes.
La sensibilisation du public est réduite sa plus simple expression, le
ministère de la santé publique se limitant à l’impression d’affiches.
Aucun effort n’a été fait par les trois ministères impliqués pour
convaincre le ministère de l’éducation nationale d’intégrer dans le programme
d’enseignement des écoles primaires, les maladies transmises de l’animal à
l’homme et plus particulièrement la rage. Rappelons que les enfants sont très réceptifs
à tout ce qui touche aux animaux et sont d’excellents propagateurs des messages
éducatifs qu’ils reçoivent.
La
rage peut être éradiquée en Tunisie et dans les pays de l’UMA. Les outils
nécessaires sont disponibles mais il manque la volonté politique. Au 21ème
siècle de notre ère, il n’est plus tolérable qu’une pareille maladie sévisse
encore dans notre pays. Il est plus que temps de se débarrasser de la rage, ce
fléau des âges les plus reculés de l’humanité. Les vétérinaires tunisiens sont
prêts à s’investir dans un projet maghrébin d’éradication de cette terrible
maladie pour protéger les populations et les animaux menacés.
Dr. Khaled El Hicheri
*lire aussi « La rage, ce fléau d'un autre âge » paru le 13 10 2017 sur
le blog : medvetin.blogspot.com
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