Covid-19 :
Pour un Plan de Contingence Régional
Le nouveau corona
virus a envahi tous les pays du globe créant une situation de pandémie jamais
observée auparavant. Malgré la présence d’organismes internationaux assurant le
suivi et, en principe, la coordination des mesures de prévention et de lutte contre
les épidémies et autres pathologies, les Etats ont réagi individuellement et
souvent de manières différentes. Les Etats les plus puissants et les plus
avancés ont préféré le « chacun pour soi ». Ils ont fermé leurs
portes devant l’avancée de l’infection et confisqué à leurs seuls profits, les
produits et équipements de protection et de soins d’urgence et nous avons pu
assister à de véritables actes de piraterie sur les masques chirurgicaux.
Cette attitude a
également été adoptée par les pays de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) liés
pourtant par de multiples conventions économiques, commerciales et sanitaires.
Nous savons que la plupart de ces conventions sont restées lettres mortes mais
considérant la gravité de la situation sanitaire provoquée par covid-19, nous
espérions un élan d’union et de solidarité maghrébine pour lutter ensemble
contre la pandémie. Rien de tout cela n’a eu lieu ; pas même des réunions
de coordination et d’informations réciproques. Avons-nous une idée du niveau
régional de préparation des Etats de la région ?
Dans le cadre de l’UMA ou dans
tout autre cadre régional ou sectoriel, l’élaboration d’un plan de contingence
régional s’imposait pour permettre de prévenir et réagir face à toute crise
sanitaire. Ce type de Plan doit
être prêt à l’emploi avant même qu’il ne le soit nécessaire ; autrement dit,
avant qu’un accident ait lieu. Par ailleurs, un plan de contingence doit être
dynamique et doit inclure des alternatives face à de nouvelles incidences pouvant
avoir lieu au cours du temps. Pour cette raison, il doit être mis à jour et
revu périodiquement
pour tenir compte de l’évolution de la situation épidémiologique.
C’est un Plan qui comporterait la description des procédures en cas de déclarations de foyers d’infection, en organisant la gestion de la crise sanitaire, la description des procédures de testage, de prélèvement et analyse pour identifier l’agent causal, les procédures d’information et de coordination avec les pays voisins, de restrictions des mouvements de populations et des transports et échanges. Un plan prévoyant les mesures de surveillance épidémiologiques, de suivi et de contrôle de la situation à l’intérieur du pays, aux frontières, dans la région et au plan international.
C’est aussi une structure stratégique et opérationnelle conçue pour
faire face à une situation d’urgence, de la contrôler et de réduire ses
conséquences socio-économiques, un ensemble de procédures alternatives au
fonctionnement normal des structures en charge de la santé de la population, lorsque
l’une de ses fonctions habituelles est affectée par une contingence externe.
L'apparition
d'une pathologie à caractère épidémique, susceptible d'avoir des effets
catastrophiques dans le pays ou dans la région, ou même la suspicion de
l'existence de cas d'une telle maladie, constitue une situation d'urgence.
Cette maladie peut être d’origine exogène et d’apparition récente dans le pays tel
le cas de covid-19 ou d’origine endogène sous la forme d’endémie dont la
virulence s'est soudainement accrue comme cela serait le cas si covid-19
s’installait dans le pays pour durer et prendrait un caractère endémique.
Les pays de l’UMA devraient
se préparer à ces éventualités surtout que, avec la durée de la pandémie (20
mois déjà depuis la déclaration officielle de cas) le virus a eu largement le
temps de muter et de développer des variants dont la contagiosité et la
virulence ont été exacerbées, obligeant les laboratoires fabricants de vaccin à
moduler la composition antigénique de leurs vaccins en fonction des sérotypes
identifiés.
Les systèmes nationaux de gestion des
urgences sanitaires ne devront plus, comme c’est le cas de nos jours, reposer
sur les seuls Services de Santé Publique. Ils devraient reposer également sur la participation de tous les acteurs
concernés (instances nationales, provinciales et locales) et sur la
collaboration de la profession (médecins et autres professionnels de santé du
secteur privé, opérateurs économiques) et ce, dans le cadre d’un plan d’urgence
préalablement conçu indispensable pour une gestion efficace des foyers d’épidémies
potentiellement dévastatrices et basé sur l'alerte précoce, la réponse rapide
et les mesures de prévention et de lutte.
En l’absence de planification adéquate,
les urgences sanitaires peuvent rapidement évoluer en véritables catastrophes
naturelles. Les États membres de l’UMA
qui ne disposent pas d’un plan d’urgence doivent en préparer un et mettre en
place un système de gestion des urgences visant à prévenir l’introduction
d’agents pathogènes, exotiques ou émergents, détecter et gérer le moindre foyer
de maladie transfrontière, disposer d’un système de réponse rapide, permettant
de contrôler et d’éradiquer la maladie en cause, et disposer d’un programme de
retour à la normale après l’urgence sanitaire.
Un tel plan d’intervention d’urgence
doit être soumis a l’avis d’une Commission Régionale des pays de l’UMA, spécifier
les mesures nationales et régionales à mettre en œuvre en cas d’apparition de foyers
de maladies infectieuses, maintenir un niveau élevé de sensibilisation à la
maladie, de vigilance et d’alerte rapide, mobiliser les moyens humains et
matériels nécessaires, impliquer
tous les opérateurs pouvant contribuer à la planification, à l’avance, de la
réaction rapide des services de santé et assurer une étroite coordination entre les États
membres.
La gestion des situations d’urgence
La préparation aux urgences et à leur gestion constitue un des principaux défis que doivent relever les responsables de la santé dans la région. La lutte contre les maladies contagieuses et transmissibles, en situation d’urgence, nécessite, en effet, la mobilisation de moyens nationaux et la coopération avec les pays limitrophes et voisins ; elle ne peut se faire sans que les dispositions figurant dans la stratégie de lutte régionale aient, auparavant, été prises tels :
- Le renforcement des capacités techniques et de gestion et une
bonne gouvernance des Services de Santé publique, l’identification de
laboratoires de référence, la consolidation de la coopération et de la
coordination à l’échelle régionale et internationale, la disponibilité de fonds
nécessaires à l’acquisition du vaccin et au financement des opérations
d’urgence.
- La mise en place d’une banque de vaccin/antigènes ou
l’assurance de la fourniture de vaccins adaptés au sérotype en cause, dans les
conditions de rapidité requises.
Les Plans d’intervention d’urgence
doivent prévoir périodiquement, l’organisation d’exercices de simulation de la
lutte contre une épidémie, en étroite collaboration avec les parties prenantes
dans le pays ou avec les autorités sanitaires compétentes des États de l’UMA.
Dr. Khaled El Hicheri
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