D’après l’Institut National de la Consommation, durant le mois de Ramadan, la consommation alimentaire globale augmente de 15% qui concerne plus particulièrement le pain, les produits laitiers et les pâtes alimentaires.
Du temps du protectorat on nous apprenait à l’école primaire que le français est un gros mangeur de pain. Ce qualificatif peut aujourd’hui être attribué au tunisien qui non seulement mange beaucoup de pain mais également beaucoup d’autres produits céréaliers tels que la semoule, base de nombreux produits culinaires, ou les pâtes alimentaires sous leurs différentes présentations. C’est ainsi que les quantités moyennes de céréales consommées par an/per capita est estimée à 174 kg. L’excès de consommation de pain, a entraîné une surconsommation de blé tendre - dont la plus grande partie est importée - qui atteint près de 84 kg/per capita/an.
Surpoids et obésité: cette consommation importante de céréales et le recours de plus en plus fréquent à l’alimentation « fast food » et autres restaurations rapides, a contribué à l’augmentation des cas de diabètes, au surpoids de près de 50 % de la population urbaine plus particulièrement, et a provoqué de nombreux cas d’obésité notamment chez les enfants, les adolescents et les femmes sans compter les entéropathies et les toxi-infections.
Néanmoins, au-delà de l’importance des céréales dans la consommation des tunisiens, les données de l’Institut National des Statistiques (INS) concernant la consommation alimentaire des ménages montrent une diversification et une amélioration de la ration alimentaire du tunisien moyen à travers des apports croissants de légumes, fruits, viandes, lait et dérivés, œufs et huiles.
D’après « l’Enquête nationale sur le budget, la consommation et le niveau de vie des ménages », l’alimentation demeure le premier poste de dépenses des ménages en Tunisie. Elle représente près 30% des dépenses du tunisien moyen. En fonction de leurs revenus, cette dépense atteint 40 % chez les ménages les plus pauvres, sans oublier l’effet des augmentations des prix des denrées alimentaires de plus de 60 %, constatées ces dernières années. Au-delà de la consommation en quantité, la structure des dépenses alimentaires en valeur montre que 25% des dépenses alimentaires sont destinées à la consommation de viandes, 13 % à la consommation de lait et produits laitiers, 15 % à la consommation de produits céréaliers et le reste à la consommation de fruits, légumes et autres aliments.
Par ailleurs, d’après les statistiques de cette même enquête, environ 46 % des tunisiens sont en surpoids. Le pourcentage de la population âgée entre 20 et 69 ans souffrant de l’obésité atteint 10% de la population. Ce sont les femmes qui sont les plus affectées par l’obésité (13% de femmes contre moins de 7% des hommes). Le surpoids touche environ 50% des hommes âgés entre 20 et 69 ans et 44 % des femmes. Les problèmes de surpoids et d’obésité croissent avec l’âge et ce sont les habitants des agglomérations urbaines et des grandes villes qui sont les plus touchés aussi bien par l’obésité que par le surpoids. Ceci est probablement du au fait que les populations rurales ont conservé des habitudes alimentaires liées à une diète traditionnelle équilibrée dans ses apports en protides, glucides, lipides, vitamines et oligoéléments, alors les population urbaines ont conservés la diète traditionnelle enrichie par des éléments culinaires de la cuisine occidentale d’où un apport calorique plus important, provoquant surpoids et obésité, le rythme de vie sédentaire aidant.
Pour atténuer «l’effet d'augmentations des coûts de production et sauvegarder le pouvoir d’achat des citoyens». La Tunisie a mis en place une politique de subvention à la consommation pour certains produits de base. C’est le cas pour les produits à base de céréales, le lait, l’huile ou encore le sucre. Cette politique de compensation, devenue de plus en plus coûteuse et pas toujours efficace, fait l’objet de réflexion en vue de sa refonte dans l’objectif de réduire et mieux cibler l’intervention de la Caisse Générale de Compensation (CGC).
La sous-nutrition : par ailleurs, l’Indice de la faim dans le monde (Global Hunger Index ou GHI) qui permet de situer un pays à échelle régionale et mondiale et d'évaluer ses progrès ou reculs enregistrés dans la lutte contre la faim, montre qu’en 2018, la Tunisie était classée 28 ème sur 119 pays. La situation de la Tunisie demeure très favorable au niveau mondial et par rapport à la moyenne des pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Il faut cependant souligner que le score du GHI a sensiblement augmenté depuis la « révolution » traduisant surtout une augmentation de la proportion d’enfants en bas âge qui souffrent d’une sous-nutrition aigüe et une augmentation d’enfants qui souffrent d’une sous-nutrition chronique avec retard de croissance. De même, la proportion de la population tunisienne qui souffre de sous-alimentation, liée à un apport calorique insuffisant a légèrement augmenté.
Pour le Comité Exécutif de MVI
Dr. K. El Hicheri
Commentaires
Enregistrer un commentaire