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Dromadaire : milieu naturel et pâturage

Dromadaire : milieu naturel et pâturage

Voilà déjà un an que s’était tenue à Tozeur, “la journée scientifique internationale” sur « la santé et les productions du dromadaire ». Cette manifestation avait enregistré un franc succès et une participation notable en considération de l’attrait qu’exerçait le sujet sur les chercheurs et sur les éleveurs. Parmi les recommandations qui ont clôturé cet évènement, une des plus importante était celle de faire de cette journée, une manifestation périodique annuelle, sous la forme de  "Rencontres internationales de santé et productions du dromadaire", en élargissant la participation à cette manifestation aux pays arabes et aux autres pays d’Afrique et d’Asie où les dromadaires font partie de leurs ressources animales et de leur patrimoine socio-culturel. Malheureusement cette recommandation n’a pas pu être concrétisée du fait de la pandémie de covid-19 qui fait rage dans notre pays et dans le monde.

Il convient de rappeler que le dromadaire est le ruminant le mieux adapté aux conditions climatiques dans les régions arides, et à la rareté de l’eau et du pâturage dans ces régions chaudes, à climat désertique et subdésertique, des pays méditerranéens, tropicaux et subtropicaux. Malgré ces conditions difficiles, le dromadaire est capable de composer sa ration alimentaire avec les plantes fourragères - très dispersées et souvent très épineuses - et les végétaux arbustifs hors d’atteinte des autres ruminants. C’est l’animal domestique qui vit en exclusivité sur les parcours où l’abreuvement est éloigné et où la végétation spontanée est rare. La vocation pastorale de ces régions est d’autant plus exclusive qu’il est plus difficile d’y vivre. Le dénominateur commun des climats de son aire de dispersion semble être la très importante variabilité interannuelle de la faible pluviométrie, la longueur de la saison sèche et l’importante amplitude thermique entre le jour et la nuit et entre les saisons.

La légendaire résistance à la soif, du dromadaire, en a fait le compagnon indispensable de l’homme pour la conquête des vastes espaces désertiques dans lesquels, sans lui, l’homme n’aurait jamais pu s’installer ni parcourir ces régions désertiques. Son aire de distribution en Afrique et en Asie se distingue par la rareté de l’eau et de la végétation spontanée. Ce milieu correspond à la forme la plus pauvre des paysages pastoraux, la dernière avant le désert, se voient, en effet, attribuer une vocation pastorale d’autant plus exclusive qu’il est plus difficile d’y vivre. Le dénominateur commun des climats de son habitat, semble être la très importante variabilité interannuelle de la pluviométrie, la longueur de la saison sèche et l’importante amplitude thermique, tant entre le jour et la nuit, qu’entre les saisons.

L’adaptation au milieu ne concerne pas uniquement le dromadaire ; les plantes qui peuplent ces régions désertiques se sont également adaptées aux caractéristiques climatiques, en luttant contre I’évapo-transpiration par la réduction de l’appareil aérien et par la capacité de rester très longtemps en vie ralentie. Il en résulte, une biomasse végétale pâturable peu productive, très dispersée et variable, d’une année à l’autre. A partir des critères pédo-morphologiques qui déterminent la répartition des paysages, en zone désertique, on décrit plusieurs types, qui ont tous en commun la rareté du tapis végétal : la steppe, les ergs, ou dunes mouvantes au gré des vents, les hamadas et les regs qui sont des étendues pierreuses, les oueds et les daya, fond des vallées et des dépressions, et les oasis et autres sites,

La végétation herbacée constituée de plantes annuelles, susceptibles de germer et de pousser subitement après une pluie, et dont la période de vie active est très brève, constitue un pâturage très recherché par les nomades qui la nomment « acheb ».

Les ergs portent une végétation régulièrement dispersée composées d’Artemisia et Calligonum sur les dunes. Artemisia est une plante vivace plante essentiellement fourragère, de 50 à 150 cm de haut.

Les regs et hamada on retrouve sur les collines pierreuses, Anabasis (herbes ou arbustes annuels ou pérennes ; Les espèces d' Anabasis poussent sur les steppes et les étendues semi- désertiques) Acacia ehrenbergiana et Schouwia, sont féquentes dans I’acheb, sur les sols caillouteux.

Les oueds et les dayas : sur les talus de berge des oueds une végétation bénéficiant des apports d’eau du ruissellement, y est plus nombreuse qu’alentour. Parmi les plantes fréquentes de I’Acheb on relève, Asthenatherum (famille des Poacées, groupe des Angiospermes,  herbe vivace des déserts d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, à touffes lâches avec des feuilles piquantes et des racines filandreuses grossières), et bien d’autres plantes. Après une averse, la pousse de cette végétation forme dans les fonds de dépression, un tapis de verdure qui attire, nomades et troupeaux qui y trouvent un pâturage riche en nutriments et aqueux, très appété par les dromadaires.

Les oasis et les autres sites, très particuliers en raison de la présence d’eau à faible profondeur, donnant parfois naissance à des résurgences ou “guelta”. La présence d’eau, est d’une importance cruciale, dans le désert, pour la vie humaine et animale.

Parmi les plantes les plus caractéristiques de la végétation des confins désertiques, dans les steppes d’Afrique du Nord qui sont l’habitat principal des dromadaires, les genres les plus fréquemment rencontrés sont les suivants : Acacia spp, Panicum turgidum et Helianthemum,

Enfin, sur les ergs Panicum turgidum, qui reverdit à la moindre pluie, est de très loin la plante dominante sur les sables dunaires. Par son abondance et sa longue durée de vie active, elle est souvent la base des pâturages des dromadaires qui la broutent en vert et en sec. Dans ce contexte climatique la végétation est, elle aussi, adaptée, et en premier lieu à l’extrême rareté de l’eau. Les plantes traduisent cette adaptation par de nombreuses caractéristiques dans leur morphologie et leur physiologie : un cycle très bref des plantes annuelles, un puissant enracinement des plantes vivaces, la capacité de rester très longtemps en vie ralentie et leur grande dispersion. Ce qui donnera une biomasse végétale pâturable, très dispersée, variable, parfois même imprévisible d’une année à l’autre et donc peu productive

Les ergs, qui correspondent aux dunes non fixées et portent une végétation en général assez régulièrement dispersée ; les hamadas et les regs qu’i sont des étendues pierreuses et dont le couvert végétal est irrégulièrement réparti, en fonction des caractères du sol ; les oueds (ou wadi) et les dayas qui sont le fond des vallées et des dépressions où la végétation qui bénéficie des apports d’eau du ruissellement latéral est généralement plus nombreuse qu’alentour. II faut y ajouter les oasis

Dans le désert, la présence d’eau est cruciale pour les humains et les animaux. Parmi les plantes les plus caractéristiques de la végétation des confins désertiques, qui forment l’habitat principal des dromadaires, les plantes fourragères les plus fréquemment rencontrés sont : Acacia spp.(arbuste et arbre de la famille des Fabaceae, originaires d'Afrique et d'Australasie) et Panicum turgidum caractérisent la steppe. Anabasis (de la famille des Amaranthaceae du sud de l'Europe et d’Afrique du Nord sur les Hamada et sur les regs, et Artemisia sur les dunes.  

Le dromadaire, est capable d’exploiter cette végétation, malgré sa production fourragère faible et dispersée avec laquelle il peut composer une ration plus ou moins équilibrée pour la couverture de ses besoins. Son exceptionnelle aptitude à la marche et ses choix fourragers lui permettent de composer sa ration fourragère avec les plantes très dispersées et souvent ligneuse et épineuse, qui constituent les parcours des zones arides. Cette composition dépend de la végétation qu’il rencontre au cours de ses pérégrinations ; une végétation, rejetées par les autres ruminants.

La composition moyenne de cette ration est faite de broutage d’arbustes et broussailles, diverses graminées et plantes herbacées, arbres et diverses autres plantes. Signalons à ce sujet que le dromadaire est capable de brouter les végétaux arbustifs hors d’atteinte des autres ruminants. C’est pour ces raisons, parmi d’autres, un herbivore mieux adapté que les autres ruminants aux zones arides dans lesquelles la seule végétation réellement pérenne est celle des plantes ligneuses.

Au désert, en effet, la pousse des herbages éphémères, qui constituent “I’acheb”, est aléatoire ; elle dépend des précipitations qui sont rares, toujours localisées et souvent imprévisibles. Le fait que le dromadaire se contente de plantes grossières, nombreuses en milieu désertique, ne prouve pas qu’il les préfère aux pâturages de l'acheb, mais il doit, bien souvent, se contenter de ce qu’il trouve sur son chemin. Il est évidemment plus friand d’herbages verts, dans les zones subarides où une pluviométrie suffisante favorise la pousse d’une végétation permanente. L’homme le maintien dans le désert où, par ses possibilités, ii lui est le plus utile.

Le mode “ambulatoire” de pacage du dromadaire, qui se déplace beaucoup, et ne broute que de petites quantités de chaque plante permet une utilisation, sans danger de dégradation de la fragile végétation pâturable des régions arides. Ses habitudes déambulatoires et à son exclusivité dans les parcours où l’abreuvement est éloigné, font qu’il est le moins enclin à dégrader gravement le milieu végétal.

Au Sahara, Schouwia shimperi (Brassicaceae annuelle et de grande taille), constitue un exemple spectaculaire de plante d’acheb et de remarquable pâturage à dromadaire. Elle germe après les pluies, et constitue des peuplements presque monospécifiques, de biomasse très élevée (plus de 10 T/ha de matière verte). Les dromadaires en sont extrêmement friands et peuvent y passer toute la saison fraîche sans boire car elle contient assez d’eau pour couvrir leurs besoins.

L’élevage du dromadaire a été longtemps négligé et marginalisé. La demande en viande de dromadaire et la mécanisation, réduisait progressivement le nombre d’animaux de l’espèce en Tunisie. Son élevage qui se pratiquait sur tout le territoire national a été repoussé vers les zones désertiques du sud du pays. On constate aujourd’hui un regain d’intérêt pour cet animal dont les qualités intrinsèques sont nombreuses (production de viande, de lait, de laine et de cuir) et dont l’élevage intensif et semi-intensif peut constituer un apport appréciable à l’économie des régions du sud. Son potentiel de production peut être nettement amélioré par une meilleure conduite du troupeau, par un meilleur rationnement alimentaire par une complémentation sous forme d’apports d’aliments composés spécifiques en mesure de corriger les déficits protéiques, vitaminiques et en oligo-éléments, et d’améliorer les équilibres nutritionnels. L’augmentation de la production justifierait alors une transformation industrielle du lait et de la viande notamment, basée sur des critères de produits de qualité “bio”.

Dr. Khaled El Hicheri 

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