COVID-19:
les organisations internationales aux abonnés absents
La
pandémie de COVID-19 est la plus grande crise mondiale de ce siècle.
Sa impact
et sa taille sont énormes. La crise de santé publique menace
chacune des 7,8 milliards de personnes sur Terre. La crise financière
et économique pourrait dépasser dans son impact la Grande Récession
de 2008 et chaque crise à elle seule pourrait provoquer un choc
tellement intense qu’il modifiera de façon permanente le système
international et l'équilibre des pouvoirs tels que nous les
connaissons.
Malheureusement,
la prévention et la lutte contre cette maladie n’ont
pas été à la hauteur de l’importance de la crise.
Tout
le monde le constate, maintenant que les pays européens et les Etats
Unis – des états parmi les plus riches et les plus puissants,
supposés bénéficier d’importants moyens logistiques et
d’expertises scienfiques sans égales - ont été infectés et ont
raté la mise en place et la gestion des mesures de restriction et de
biosécurité, sensés ralentir la progression du Coranovirus. Quatre
mois après la déclaration de l’épidémie en Chine, le virus n’en
fini pas de conquérir de nouveaux espaces, semant la mort sur son
passage et provoquant des crises sociales et économiques aux
multiples conséquences: chômage, fallites, conflits conjugaux et
autres drames familiaux, interruption de scolarité, paralysie des
moyens de transport, rupture de la chaine d’approvisionnement,
chute des niveaux de production, pénuries en tous genres, agonie de
secteurs entiers de l’économie mondiale tels le transport,
l’industrie hôtelière et de loisirs ou la restauration.
Quelles
sont les raisons de ces échecs et de ces conséquences désastreuses
? La communauté internationale n’a-t-elle pas créé des
organismes de prévention rapides des épidémies et des épizooties,
des organismes et organisations internationaux (OMS et OIE), financés
par les Etats membres et des donateurs étatiques ou privés, en
mesure de lancer l’alerte précoce en cas de crise sanitaire et de
coordonner la réponse adéquate des Etats ?
Ces
organisations qui ont signé entre elles des conventions de
partenariat, dans une tentative de synergie des moyens, n’ont pas
été suffisamment convaincants ni efficaces pour lancer l’alerte
précoce et gérer la coordination de la réponse unifiée. Une
révision drastique de la gouvernance de ces organisations - devenues
des planques pour hauts fonctionnaires pistonnés et anciens
ministres de la santé, souvent sans qualification médicale –
viendra sanctionner les abus constatés afin qu’elles puissent
jouer efficacement le rôle
que
la communauté internationale attend d’elles.
L'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS ou WHO) qui a si bien fonctionné pour
aider les Etats à combattre SARS, a complètement raté et tellement
bâclé les flambées les plus récentes du Coranovirus, dès le
déclaration de l’épidémie, que les experts ont demandé que
l'organisation soit auditée et ses organes exécutifs révisés pour
faire face à l’élargissement de la gamme d'animaux et d'insectes
vecteurs de pathogènes de plus en plus nombreux due au changement
climatique.
Au sommaire des activités de l’OMS (WHO), il est indiqué que cette organisation mondiale travaille 24 heures sur 24, et 7 jours sur 7 pour analyser les données, fournir des conseils, coordonner avec les partenaires, aider les pays à préparer leurs programmes de santé publique, amèliorer leurs capacités de diagnostic de prévention et de lutte, gérer les comités spécialisés et les réseaux d'experts et de laboratoires de références, et organiser des manifestations d’information et de sensibilisation du public. Toutes ses activités d’expertise, de consultation, de conseils et de sensibilisation, n’ont malheureusement pas été suffisants pour ralentir la progression du coranovirus ni réduire le nombre de personnes infectées ou décédées. Ces nombres sont restés constants ou bien ont augmenté et pour l’Organisation Mondiale de la Santé, la pandémie est loin d’être jugulée au niveau planétaire.
Alors
que COVID-19
se manifestait déjà en Chine, depuis déjà plus d’un mois, la
représentation de l’OMS dans ce pays a signalé, tardivement, “une
pneumonie contagieuse d’origine inconnue”, détectée, pour la
première fois en Chine, à Wuhan, le 31 décembre 2019, puis - après
un long mois de réflexion, de consultation et de réunions d’experts
au siège à Genève - l’OMS a déclaré qu’il s’agissait d’une
épidémie et que cette épidémie a été déclarée “urgence de
santé publique de portée internationale” - c’est à dire
pandémie - le 30 janvier 2020. L'OMS a ensuite baptisé
cette
nouvelle maladie à coranovirus, le 11 février 2020, “COVID-19”.
Pour
dévier les critiques de leurs populations, sur leur gestion
lamentable de la lutte contre la pandémie et sur leur incompétence,
les gouvernements des pays occidentaux, le président Trump en tête,
lancent une pétition de dénigrement en ligne appelant à la
démission du Directeur Général (éthiopien) de l'Organisation
Mondiale de la Santé, en place depuis juillet 2017, accusé de
mauvaise gestion de la pandémie qui a tué plus de
217.000 personnes
dans le monde dont 69.000
aux USA et
contaminé
plus de 3.090.445
personnes
dont
1.292.000
aux USA
et
d'avoir autorisé la Chine à sous-déclarer l'impact du virus à
Wuhan. Les chiffres prétendument bas de la Chine auraient eu pour
conséquence d’affecter la capacité des autres nations à répondre
adéquatement aux épidémies. Voilà! Le tour est joué! Ce n’est
pas nous qui par maladresse, incompétence, narcissisme, ou
ignorance, avons porté la situation au point ou elle en est. C’est
les autres: la Chine est la grande fautive avec la complicité d’un
DG issu d’un pays sous-développé, faut-il le rappeler. La maison
Blanche est satisfaite et tous ces experts de l’OMS, grassement
payés, pour la plupart issus des Etats Unis – le pays bailleur de
fonds le plus important qui a retiré son soutien et sa contribution
à cette organisation qui
réclamait
675 million de dollars pour aider à protéger les États dont les
systèmes de santé sont plus faibles, dans le cadre de son plan
stratégique de préparation et d'intervention – et de pays
anglo-saxons, sont lavés de tout soupçon.
Mais
où était donc passé l’OIE - organisation mondiale de la santé
animale, soeur jumelle et partenaire de l’OMS qui a pourtant à son
actif l’éradication de la
peste bovine (Rinderpest)
et comme programme, l’éradication de la rage – et sa Directrice
Générale qui se sont limités à
attirer
l'attention sur les rôles et responsabilités de la profession
vétérinaire en matière de santé publique. Ils ont
mis en évidence les activités vétérinaires spécifiques,
essentielles pour assurer une continuité en matière de sécurité
des aliments, de prévention des maladies et de gestion des urgences.
Ils
ont simplement énoncé que dans l'exercice
de leurs fonctions, les vétérinaires ont la responsabilité de
protéger leur santé, et celle leurs collaborateurs et de leurs
clients. Dans ce cadre, les vétérinaires sont tenus de veiller à
ce que des niveaux appropriés de biosécurité soient mis en œuvre,
que leur personnel soit protégé avec l'équipement idoine
et que les propriétaires d'animaux soient informés des mesures de
précaution en place. Il est de la responsabilité de chaque individu
de veiller à ce que les comportements appropriés soient respectés
dans le cadre de ces activités, afin d'éviter une propagation plus
importante du COVID-19. En somme, rien qu’un énoncé des
reponsabités de la profession vétérinaire sans aucun programme
d’action ni de feuille de route!
Ces
organismes ne sont pas les seuls à avoir manqué à leurs
obligations. L'échec monumental de l'administration américaine à
contenir la progression du coronavirus et à ralentir l'implosion de
l'économie, provoquée par la pandémie - échec partagé avec les
gouvernements des pays et de l’administration de l’Union
Européenne - pourrait aboutir à une révision des orientations
politiques vers plus de social et moins de libéralisme sauvage. La
pandémie de coronavirus marque la fin de la société de marché et
de l'hyper-individualisme car le comportement narcissique et égoïste
de Trump qui s’est accaparé la parole et l’image et a écarté
les experts, a rendu cette crise beaucoup plus dangereuse qu'elle ne
devait l'être. Les
États-Unis ont échoué au test de leadership. Ils ne seront plus
considérés comme un leader international en raison de l’intérêt
personnel étroit de leur gouvernement et de l’incompétence
maladroite de son administration fédérale. Les effets mondiaux de
cette pandémie auraient pu être considérablement atténués en
faisant en sorte que les organisations internationales fournissent
davantage d'informations, ce qui aurait donné aux gouvernements le
temps de préparer et d'orienter les ressources là où elles sont le
plus nécessaires.
À
ce jour, la collaboration internationale est cruellement
insuffisante. Il existe cependant dans chaque pays, un nombre
important de médecins, d’infirmières et autre personnel
paramédical et de santé publique, des dirigeants politiques et des
citoyens ordinaires faisant preuve de résilience, d'efficacité et
de leadership. Cela laisse espérer que les hommes et les femmes du
monde entier pourront l'emporter face à ce défi extraordinaire.
Nous
devons renforcer les antennes de la santé mondiale, pour nous
assurer que lorsque le prochain virus émergera, nous le découvrirons
plus rapidement et pourrons le combattre plus efficacement. Le budget
de l'OMS - cette agence de l’ONU, chargée de protéger la santé
des 7,8 milliard d’habitants
de la planète - ne
dépasse pas celui d'un grand hôpital aux États-Unis.
Nous
devons redoubler d’efforts pour mettre au point des vaccins et
chercher des traitements tout
en rassurant les grandes compagnies pharmaceutiques
que leurs investissements seront rentabilisés et ne seront pas
perdus si une épidémie prend fin avant que ces produits - pour
lesquels elles doivent beaucoup investir - ne soient prêts.
Dr.
Khaled El Hicheri
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