COVID-19:
quelle sortie de crise ?
La
pandémie du coronavirus n’en finit pas de durer. Après l’Asie
puis l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Afrique, elle enflamme
l’Amérique du Sud et plus particulièrement le Brésil, le plus
grand pays de la région. Dans les pays contaminés,
la
progression du coronavirus a
été ralentie
puis stoppée
avec plus ou moins de succès en faisant appel au civisme et à
l’autodiscipline des populations
menacées mais la crise économique qu’elle a généré commence à
produire ses effets sur le quotidien des populations affectées. Les
autorités se trouvent face à une double contrainte: continuer à
combattre le virus – pour sortir de la crise sanitaire - et réduire
la crise économique que la crise sanitaire a provoqué, ce qui
nécessitera un retour en force de l’Etat, le maintien de certaines
mesures restrictives comme la distanciation et l’abandon de
certaines autres telle que le confinement.
Cette
sortie de crise
nécessitera également une intervention publique déterminante, dans
le cadre d’un plan de soutien à l'économie. Les Etats qui ont
entamé le processus de déconfinement se sont attelés à
l’élaboration de ce type de plan. Ils encouragent l’investissement
dans les entreprises dont les pertes - ou le manque à gagner - sont
compensés par des subventions et des prêts sans intérêts et
soutiennent la consommation - qui pourrait redémarrer assez
rapidement une fois le confinement levé - en indemnisant le commerce
de détail et les travailleurs mis au chômage durant la crise.
C’est
ainsi que le
succès relatif des gouvernements, à surmonter la pandémie et ses
effets économiques, s’étendra
naturellement aux mesures
de relance.
Le
choc provoqué par la pandémie sur le système financier et
économique mondial aura des effets durables et conduira probablement
à des changements plus profonds, car
elle aura démontré
que les chaînes d’approvisionnement et les réseaux de
distribution, mondialisés, sont particulièrement sensibles
aux crises et aux perturbations
de toutes sortes et que les agents pathogènes peuvent non seulement
infecter les personnes mais aussi, intoxiquer l'ensemble du système
économique mondial.
Dans
la lutte contre la pandémie, nous avons tous constaté que le
“chacun pour soi” a prévalu et que le repli sur soi est devenu
la règle. Ce comportement égoiste et craintif
des gouvernements, a permis au virus de progresser à grande vitesse
et d’envahir la planéte en quelques mois. Serait-ce le cas lors de
la sortie de crise ? Les pays vont-ils se présenter en rangs
dispersés pour affronter la crise économique - déjà présente -
qui nous entraine inexorablement vers une dépression que certains
économistes disent aussi grave que celle de 1929 ?
La
pandémie
a démontré que ces comportements étaient nuisibles à l’humanité
toute entière et n’ont pas servi les intérets de leurs
promoteurs. Le coranovirus n’a pas fait de différence entre riches
et pauvres, ni entre pays, ni entre régimes politiques, ni entre
religions, ni entre races. Il nous a réuni dans
la tragédie;
dans la misère des malades et dans le deuil des disparus.
Pourra-t-il nous réunir pour le combattre ?
Si
la pandémie réussit
à pousser
les gouvernements
à reconnaître leur
réel intérêt à
coopérer
multilatéralement
sur les
grands
problèmes mondiaux
auxquels ils
sont
confrontés, elle aura servi
les
intérêts de chacun.
La pandémie de coronavirus aura
pour résultat un changement de politique,
à la fois au sein des États et entre les Etats. Mais dans toutes
ces
politiques, on
observe
déjà un repli sur soi, un
éloignement des intérêts communs, la
protection
de ses intérêts propres, l’indépendance des prises de décisions
et de
contrôle de sa
propre destinée.
Nous nous dirigeons malheureusement
vers
un monde plus pauvre, plus egoiste
et
plus réduit.
COVID-19
a
démontré
que les
gouvernements des Etats, dans leur lutte contre la maladie,
ne sont
pas parvenus à
adopter
une
stratégie commune.
Chaque pays
a
essayé d’adapter des méthodes et des moyens qui lui sont propres
– confinement
de la population, fermeture des frontières, Quarantaines de villes
et de provinces entières
– et
la population a subit une pression énorme
et
connu
une
tension familiale
et sociale
sans
précédent.
L’application
de ces méthodes et stratégies ont permis l’obtention de résultats
très différents; certains pays revendiquent
leur
supériorité sur ceux qui
connaissent des
résultats
mitigés ou clairement dévastateurs,
la
nature des régimes politiques ayant
été avancée pour justifier le succès ou l’’échec de la lutte
contre la pandémie.
Quoi
qu'il en soit, la
crise de
COVID-19
ne
sera pas sans effets; elle va
probablement
agir sur la
structure du pouvoir international et
continuera de faire baisser l'activité économique et d'accroître
les tensions entre les pays. À long terme, elle
réduira
- probablement considérablement - la capacité de production de
l'économie mondiale. Ce risque est particulièrement important pour
les pays en développement et pour
d'autres
pays qui comptent une grande partie de travailleurs économiquement
vulnérables.
Ce
n'est pas encore la fin de
la mondialisation.
La pandémie elle-même est la preuve de notre interdépendance.
L’intérêt
général et le bon
sens a
prévalu chez les dirigeants
des
pays du Sud de l’Asie qui sonr en voie d’élaborer une
réponse régionale commune à la menace. Mais
généralement,
la crise
qui
a pris sa source dans
la mondialisation, affaiblira la volonté et la capacité du monde à
y faire face. Une
démographie galopante, l’exode
rural à grande echelle, les
phénomènes de migration massive, notre
inconscience écologique et
environnrmentale,
la
destruction
des écosystèmes jusque-là préservés et nos habitudes de
consommation constituent
un faisseau de facteurs favorisant
l’apparition de zoonoses et l’émergence de nouvelles pandémies.
Les
multiples
mises
en
garde contre la menace de la transmission d’agents pathogènes des
animaux à l’homme, nous pousse
à
renforcer
les
gouvernances
nationales et mondiale
de la santé publique vétérinaire
et médicale.
Sur
un
autre plan,
celui
des relations politiques entre les Etats,
la
crise sanitaire
et économique n’améliorera ni les
relations sino-américaines – la
Chine continue à faire l’objet d’attaques incessantes de la
Maison Blanche -
ni
celles entre les USA et l’UE,
bien
au contraire. Elle
contribuera néanmoins
à
renforcer
les capacités des laboratoires de recherche et de diagnostic et
celles de la communauté scientifique d’une manière générale.
Les
maladies infectieuses humaines et animales ainsi que les nouvelless
technologies, sont mondiales non seulement par leur distribution
géographique, mais aussi par leurs conséquences sociales et
économiques. Les agents pathogènes ainsi
que
les virus informatiques – libérés accidentellement ou
intentionnellement – constituent déjà des problèmes universels
que les pays devront affronter en commun. Le “chacun pour soi” ne
saurait être toléré.
Les
systèmes de contrôles, de prévention et de défense doivent être
considérés comme des “biens publics” mondiaux que chaque pays
devra mettre en place et protéger. Des systèmes d’alerte
précoces, des plans d'urgence communs et des systèmes de contrôles
en partage, doivent être élaborés et actionnés dès que des
suspicients de cas sont signalés. Les organismes internationaux et
de
l’Organisation des Nations Unies - OMS, OIE, FAO – et les
multiples ONG du domaine de la santé publique et de la santé
animale, doivent être dépoussiérés pour être en mesure de réagir
rapidement et efficacement pour réduire nos nombreux risques
pathologiques
mutuels.
Dr.
Khaled El Hicheri
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